Les cannes reposent à la verticale. Les bras croisés et la mine défaite, les pêcheurs du dimanche regardent depuis la rive le senneur remonter son immense filet au moyen d'un gros treuil grinçant.
C'est la pleine saison du "palamut" (la bonite, une variété de thon prisée) dans le Bosphore, que des bancs entiers empruntent par milliers depuis la mer Noire pour gagner la mer de Marmara puis la Méditerranée.
Tendus en travers du détroit, les filets des professionnels, de plus de 1000 m de long, laissent peu de chance aux amateurs comme Mehmet, postés en continu sur les 30 km de rives. Encore moins à leurs proies. "Ici, c'est la voie d'entrée des poissons. Ils n'auront même pas le temps de déposer leurs œufs", éructe Murat Ayhanoglu, posté dans l'anse de Kireçburnu où danse le Görenler II, un chalutier de 35 m dont on entend l'équipage ahaner en remontant le lourd filet.