Guerre en Ukraine

Ukraine : en cas de bombardement, les six réacteurs nucléaires de la centrale de Zaporijia pourraient provoquer un relâchement de radioactivité

Par RTBF Info sur la base d'une interview d'Anne-Sophie Bruyndonckx via

Alors que la centrale nucléaire de Zaporijia, la plus importante d’Europe, est sous contrôle russe depuis plusieurs semaines, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique et le secrétaire général de l’ONU se disent grandement préoccupés. Une catastrophe sur le site menacerait même l’Europe entière, a prévenu de son côté le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Pour cause, la centrale compte six réacteurs nucléaires, soit l’équivalent des centrales de Doel et de Tihange réunies, et des installations qui contiennent le combustible nucléaire déchargé de la centrale. "Donc, tout ça, c’est un potentiel, en cas de bombardement sur ces bâtiments, qui peut provoquer un relâchement de radioactivité", a rappelé Hamid Aït Abderrahim, professeur invité à l’École polytechnique de l’UCLouvain et directeur adjoint du Centre d’études de l’énergie nucléaire, au micro de La Première.

"C’est ça la chose qui est la plus crainte aujourd’hui, même si ces installations ont subi, après Fukushima, les stress tests, comme toutes les installations nucléaires du monde, et les réacteurs de Zaporijia ont répondu aux tests de stress tests. Maintenant, il est clair qu’on ne teste pas contre des missiles qui tombent sur des bâtiments. La chute d’un avion, les bâtiments du réacteur sont dimensionnés pour. Mais aujourd’hui, on est dans une situation de guerre sur ce site", a-t-il ajouté.

Eviter un relâchement de radioactivité

Une centrale nucléaire a besoin d’électricité, notamment pour refroidir les réacteurs. Si des bombes endommagent les raccordements électriques des environs, cela pourrait avoir de lourdes conséquences. Car si on ne refroidit plus la centrale, le cœur du réacteur peut fondre, ce qui entraînerait un relâchement de radioactivité important. C’est précisément l’accident qu’essaie d’éviter l’Ukraine à tout prix. "Mais normalement, dans toutes les centrales nucléaires, on a des diesels de secours en cas de black-out pour qu’on puisse continuer à refroidir. Maintenant, ce diesel peut aussi être la cible… Pas forcément visé, mais c’est un risque", nuance Hamid Aït Abderrahim.

Dans les plans d’évacuation en cas d’accident nucléaire, les personnes sont évacuées dans un rayon de trois zones concentriques : 5, 10 et 30 kilomètres, en fonction de la dose de radioactivité qui pourrait être émise par l’accident nucléaire. "Donc la première des choses est qu’il faut rester confiné pour ne pas être exposé. Deuxièmement, il faut bien sûr s’isoler pour ne pas respirer des produits radioactifs, que ce soit des poussières ou des gaz radioactifs. Si on est exposé, c’est la maladie de la radioactivité qu’on appelle ça, on peut avoir des brûlures, des nausées, des vomissements et même des dégradations des cellules qui peuvent amener jusqu’à la mort", a expliqué l’invité. Si des personnes ont déjà été évacuées sans qu’il n’y ait eu d’accident nucléaire, l’Ukraine est-elle encore en mesure d’évacuer des habitants autour du site, se demande-t-il.

Toutefois, un signal positif a récemment été envoyé, a insisté Hamid Aït Abderrahim, à savoir que les Russes pourraient quitter le site. "En tout cas, le ministre de la Défense voudrait discuter de ça avec le secrétaire général de l’ONU." Le professeur invité à l’École polytechnique de l’UCLouvain espère seulement qu’il ne s’agit pas de paroles en l’air.

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