La force de frappe des mèmes
Alexis Rapin, chercheur à la Chaire Raoul-Dandurand avait posté sur son Twitter : "Les mèmes ne gagnent pas une guerre, mais le moral a une importance (demandez aux troupes)." Car l’Ukraine et son président savent se servir des réseaux sociaux.
Être un ancien acteur de séries à succès aide peut-être le président Volodymyr Zelensky à maîtriser son image. Parmi ses nombreux posts sur les réseaux sociaux, beaucoup sont filmés en mode selfie, ce qui peut inciter l’internaute à se positionner à sa hauteur.
►►► A lire aussi : Un mois après le début du conflit, la communication de Volodymyr Zelensky se fait de plus en plus nerveuse
Son homologue russe quant à lui, privilégie les allocutions dans la salle de presse du Kremelin. Vladimir Poutine apparaît alors en costume cravate et prend soin d’instaurer une certaine distance avec le téléspectateur. Le ton est bien plus solennel.
Jimmy Tanghe détaille : "Je pense que la communication politique est une communication particulière, car on pourrait l’associer à ce qu’on appelle […] du personal branding (selon L’encyclopédie illustrée du marketing, le personal branding est une pratique qui consiste pour un individu à promouvoir lui-même son image et ses compétences par le biais des techniques marketing et publicitaires utilisées habituellement pour promouvoir une marque, ndlr.) On est dans une démarche où c’est la personne qui est mise en avant. Médiatisée, avec ses défauts, ses qualités, son verbe, ses mimiques, son " tone of voice ", sa manière de s’exprimer, son style… Zelensky prend une position. Sa position intellectuellement parlant rassemble beaucoup plus qu’elle ne divise".
A la question de savoir si c’est une stratégie de la part du président ukrainien ou non, Jimmy Tanghe, souligne "je ne sais pas si c’est de la stratégie politique poussée au point de manipuler, mais ça semble être beaucoup plus pertinent comme approche plutôt que d’être dans l’agressivité ou l’intolérance."
Le super pouvoir de Zelensky
Qu’il le veuille ou non, depuis le début de la guerre, le président Volodymyr Zelensky est représenté comme une icône de la révolution ukrainienne prête à tout pour sauver son peuple. Il passe de 450.000 à 5 millions d’abonnés en moins de deux semaines. Il ne se passe pas un jour sans qu’il n’alimente ses réseaux de points sur la situation et chacune de ses prises de parole est particulièrement suivie.
Cette "marvelisation" du conflit, qui pourrait paraître anecdotique en regard de la gravité des événements, montre en fait l’importance de la maîtrise des codes des réseaux sociaux dans la conduite de la guerre de nos jours. Car la guerre ne se mène plus uniquement sur le champ de bataille, mais elle se déploie aussi dans le champ informationnel. L’Ukraine n’a donc pas gagné la guerre, mais elle a déjà gagné la bataille médiatique.