Le Festival international de la BD d’Angoulême, dans l’ouest de la France, fête sa 50e édition, en misant sur le manga pour attirer les foules, de jeudi à dimanche. Quelques auteurs belges figurent dans la sélection officielle au festival.
L’événement est la première exposition en Europe de Hajime Isayama, auteur de L’Attaque des titans, un succès mondial en livres comme en série animée. Cette vedette internationale du manga de 36 ans donnera une "masterclass" samedi au théâtre d’Angoulême, qui affiche déjà complet.
Autres "mangakas" mis à l’honneur avec une exposition chacun : Ryoichi Ikegami, 78 ans, célèbre pour ses personnages de gangsters, dessinateur entre autres de la série Crying Freeman, et Junji Ito, 59 ans, dont le travail dans l’horreur vient d’être adapté en série (Maniac par Junji Ito, anthologie macabre).
Le manga, BD japonaise, ou d’inspiration japonaise, s’est taillé une place de choix chez les libraires en France ces dernières années. En 2022 selon l’institut GfK, sur les 100 livres les plus vendus, un quart étaient des mangas.
Le genre a également son succès en Belgique francophone où les ventes ont doublé entre 2020 et 2021. L’espace Manga City, un pavillon de 2.500 m2, est un incontournable pour les fans, avec rencontres, débats, projections et même cours de dessin. S’y ajoute la Halle 57, redécorée comme une grande ville asiatique sous le nom d’Alligator 57.
Ce n’est un secret pour personne : le célèbre Festival peine à boucler son budget, malgré ses près de 200.000 visiteurs les bonnes années, dans une ville de 42.000 habitants. Redresser la fréquentation paraît indispensable après une édition 2022 qui avait souffert de son report en mars pour cause de pandémie de Covid-19. Le chiffre des visiteurs n’avait pas été communiqué, mais il était visiblement inférieur à celui de l’édition précédente, en 2020, tandis que celle de 2021 avait été annulée.
Comme le soulignait le quotidien départemental La Charente libre début janvier, les collectivités locales et autres partenaires publics "ne sont pas avares en subventions. Selon les années, ils apportent entre 1,6 et 2,2 millions d’euros", soit près de la moitié du budget. Pour la cité charentaise, qui a perdu une bonne partie de ses industries, le Festival est la vitrine d’une économie qui compte sur les studios de création et le tourisme culturel.
Le point d’orgue est la remise annuelle du Grand Prix de la Ville d’Angoulême à un auteur consacré par un vote de ses pairs pour l’ensemble de son œuvre. La cérémonie a lieu mercredi soir. Les trois prétendants cette année sont l’Américaine Alison Bechdel, la Française Catherine Meurisse et le Franco-Syrien Riad Sattouf.
Cette année, 85 albums prennent part à la compétition officielle de cette grande fête du Neuvième Art. Ces œuvres doivent avoir été publiées en langue française et diffusées en librairies entre le 1er décembre 2021 et le 30 novembre 2022. Elles sont réparties dans six sélections thématiques (Officielle, Jeunesse, Patrimoine, BD alternative…) et pourront prétendre à l’un des douze prix finaux, les Fauves d’Angoulême.
Quelques auteurs belges émergent dans la sélection Officielle. Le Belgo-Marocain Aniss El Hamouri est en lice avec le premier tome du triptyque Ils brûlent (6 Pieds sous terre). La jeune Bruxelloise Clara Lodewick publie un récit sur le harcèlement en milieu rural dans Merel (Dupuis). Dans Peau (çà et là), le duo néerlandophone Sabien Clement et Mieke Versyp dresse le portrait croisé de deux femmes de générations différentes qui se rencontrent dans un cours de dessin de nu.
Le Festival d’Angoulême a traversé bien des polémiques depuis sa création. Cette année, elle portait sur une exposition qui devait s’intituler "Dans les yeux de Bastien Vivès". L’idée que cet auteur, habitué à venir en dédicace, ait droit à cet honneur a soulevé l’indignation de lanceurs de pétition et d’associations hostiles à son œuvre, où certains titres mêlent mineurs et pornographie. L’exposition n’aura pas lieu.