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Un an de conflit au Tigré : qui sont les acteurs de cette guerre sans merci ?

Des combattants du TPLF dans la région de Mekele, la capitale du Tigré.

© Yasuyoshi Chiba / AFP

Par Daniel Fontaine

Une guerre sans merci se déroule depuis un an dans le nord de l’Ethiopie, dans la région du Tigré. Les combats ont fait des milliers de morts, 400.000 personnes sont menacées par la famine et deux millions de personnes ont quitté leur foyer.

Le conflit oppose d’une part le TPLF tigréen et d’autre part les forces gouvernementales et leurs alliés. Voici les principaux acteurs du drame qui se joue dans cette région oubliée.

Le TPLF

Un militant brandit un drapeau, après la reconquête de Mekele par le TPLF, en juin.

Le Front de Libération du Peuple du Tigré est un ancien mouvement de rébellion né dans les années 70 pour défendre les intérêts de la population tigréenne (5,7 millions d’habitants), face à l’ethnie dominante des Amhara. Le mouvement se transforme en parti d’obédience marxiste et accède au pouvoir au début des années 90.

Le TPLF dirige l’Ethiopie durant près de 30 ans, jusqu’à l’accession du pouvoir d’Abiy Ahmed, en 2018. Le mouvement se replie alors sur le Tigré et refuse de se soumettre au pouvoir central. C’est l’origine du conflit : Addis Abeba envoie ses troupes pour arrêter les dirigeants du TPLF et reprendre le contrôle du Tigré.

Le TPLF a réorganisé une milice armée : les Forces de Défense du Tigré (TDF). Depuis juin, les TDF ont lancé la contre-offensive. Elles ont repris le contrôle de la région et avancent désormais vers Addis-Abeba.

L’armée éthiopienne

Des membres de l'armée fédérale éthiopienne.

Loyale au Premier ministre Abiy Ahmed, l’armée nationale lance une offensive éclaire sur le Tigré le 4 novembre 2020. Après quelques semaines de frappes aériennes et de combats, elle prend le contrôle de la capitale régionale Mekele.

L’intervention de l’armée éthiopienne et de ses alliés s’accompagne de violences contre les civils. Amnesty International accuse les troupes impliquées d’avoir violé des centaines de femmes et filles, imposant à certaines victimes esclavage sexuel et mutilations. Les paysans ont été empêchés de cultiver leurs terres, ce qui provoque désormais une famine.

L’armée érythréenne

Parade de l'armée érythréenne.

Dès le début du conflit, l’Érythrée a envoyé des troupes au Tigré en soutien à l’armée éthiopienne. Le gouvernement d’Asmara a mis six mois à reconnaître cette intervention chez son voisin.

L’Erythrée et le TPLF sont restés des ennemis jurés depuis la guerre frontalière qui les a opposés à la fin des années 90. L’Erythrée et l’Ethiopie se sont en revanche rapprochées depuis l’arrivée au pouvoir d’Abiy Ahmed. Les troupes érythréennes sont accusées d’avoir commis des atrocités contre les populations civiles du Tigré.

Les milices amhara

Un milicien amhara.

Le terme Amhara désigne à la fois une région et une ethnie éthiopienne qui représente 20% de la population du pays. Les Amharas ont l’habitude de s’organiser en "fannos", des groupes d’autodéfense villageois. Si à la base, il s’agit de paysans qui prennent les armes pour se défendre contre un agresseur, les fannos sont devenues des milices permanentes. Elles constituent désormais une force supplétive dans la guerre au Tigré.

La population civile

Un camp du déplacés du Tigré, en Ethiopie.

La population civile du Tigré est la grande victime de cette guerre. La région subit un blocus qui empêche l’acheminement suffisant d’aide humanitaire et même de connaître précisément la situation. Les télécommunications fonctionnent mal et l’accès des journalistes est restreint.

Plus de 400.000 personnes ont franchi le seuil de la famine. Près de deux millions de personnes sont déplacées, fuyant les exactions, destructions, vols et viols, commis par les combattants.

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