Guerre en Ukraine

Un an de guerre en Ukraine : ce qui marque le plus "c’est le niveau de destruction" pour Christopher Stokes (MSF)

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Par Miguel Allo sur base de l'interview de Danielle Welter

L’ancien directeur général de Médecin sans frontières (MSF) Belgique, Christopher Stokes était en direct ce matin sur La Première depuis Kiev. Celui qui est à présent le coordinateur des urgences pour MSF en Ukraine décrit l’atmosphère étrange ce matin dans la capitale, la crainte d’un bombardement… Personne ne sait à quoi s’attendre alors que nous sommes le 24 février, un an après le début de la guerre. "Oui, on est un petit peu dans l’expectative."

Beaucoup d’hôpitaux et beaucoup d’infrastructures médicales ont été détruits

Il y a un an, Christopher Stokes était arrivé dans la capitale ukrainienne trois jours avant le début de la guerre pour rencontrer les autorités. Savait-il que les heures étaient comptées ? A ce moment-là, personne ne croyait à une guerre d’une telle ampleur, dit-il. "Mais on s’inquiétait quand même de l’accumulation des troupes aux frontières. Donc on est quelques-uns à être venus quelques jours avant. Mais on ne s’attendait pas à une invasion, à une guerre de cette ampleur-ci en tout cas."

Très vite après le début de la guerre, les secours se sont organisés. Celui qui est aujourd’hui le coordinateur des urgences pour MSF met en place avec ses équipes un train d’évacuation médical. Un train qui est toujours opérationnel aujourd’hui. Il dispose de lits pour les soins intensifs. Il est également possible de mettre les patients sous ventilateur, mais aussi de transporter les blessés "essentiellement des civils d’ailleurs".

A ce jour, le train a transporté plus de 2800 blessés de la ligne de front vers l’ouest du pays où ces patients sont "un peu plus en sécurité dans les hôpitaux qui sont moins ciblés." Il ajoute : "c’est une des caractéristiques de cette guerre : Beaucoup d’hôpitaux et beaucoup d’infrastructures médicales ont été détruits."

Les cliniques mobiles

Des cliniques mobiles sont déployées dans les zones reprises par les autorités ukrainiennes. On y trouve des médecins, gynécologues et des psychologues, notamment. Ce dispositif est important, explique Christopher Stroke : "on voit des personnes qui n’ont pas reçu de soins pendant toute la période d’occupation, pendant 8-9 mois. Il faut s’imaginer que dans certains villages, les forces d’occupation interdisaient aux citoyens de sortir des villages, d’aller s’approvisionner en médicaments, d’aller voir un médecin. Donc imaginez-vous pendant 8-9 mois, des personnes âgées, parfois avec du diabète."

La réactivité de la société civile ukrainienne

Le coordinateur des urgences pour MSF en Ukraine et ses équipes sont impressionnés par "la force de réactivité de la société civile ukrainienne. Tout le monde s’organise pour aider, pour aider des civils. Il y a un vrai sentiment d’assistance, de générosité." Une société civile qui s’organise aussi très rapidement "et qui prend beaucoup plus de risques que les acteurs internationaux de l’aide et qui évacuent aujourd’hui à Bakhmout pratiquement sur la ligne de front. Et donc avec des risques très importants pour leur personne."

La ligne de front fait à peu près 1000 kilomètres de long et il n’y a aucun village, aucune ville intacte

Le plus marquant sur place, pour Christopher Stroke, "c’est le niveau de destruction". L’ancien directeur général de MSF Belgique a déjà vu des villes comme Grozny (capitale de la Tchétchénie) ou Mossoul (Irak), "des villes qui ont été détruites, mais en Ukraine, ce qui est particulier, c’est que la ligne de front fait à peu près 1000 kilomètres de long et il n’y a aucun village, aucune ville intacte".

L’importance des dons

Un an après le début de la guerre, le coordinateur des urgences pour MSF en Ukraine redoute-t-il que la population en Belgique s’intéresse moins à l’Ukraine et donc qu’elle fasse moins de dons ? "Je dirais que tous les conflits tombent parfois un peu dans l’oubli. Et que ce soit l’Ukraine, l’Éthiopie ou d’autres, je souhaite que tout le monde les garde en tête et pense à la souffrance des populations dans ces zones de guerre. L’Ukraine comme d’autres, comme l’Éthiopie, comme Haïti aujourd’hui".

Guerre en Ukraine : sujet JT du 24/02/2023

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