Selon Isabelle Godin, professeure en santé publique à l’ULB, spécialiste du bien-être au travail, il faut noter qu’il y a très peu d’information méthodologique sur l’échantillonnage du panel, dès lors, il convient de prendre ces résultats avec des pincettes. De plus, une sous-représentation des personnes qui sont en burn-out est possible, car elles ne sont pas présentes sur le lieu de travail. C’est ce qu’on appelle le "healthy worker effect" (biais du travailleur sain). "Si on s’intéresse uniquement au milieu de travail, on risque de prendre en considération seuls ceux qui sont présents… Justement pas les personnes incapables d’exercer un travail régulier : hospitalisées, absentes, malades, en burn-out, …", ajoute la professeure.
Elle souligne que l’étude reste intéressante pour se faire une idée globale sur le bien-être au travail.
Pour la professeure, tout cela n’est pas nouveau. Cela fait des décennies qu’elle étudie l’impact des conditions de travail sur la santé et le bien-être des travailleurs. Mais il est certain que la crise sanitaire a exacerbé certaines de ces conditions.
"Le télétravail a davantage circonscrit les relations de travail à l’essentiel. A distance, nous discutons évidemment, mais nous n’avons plus ces échanges informels qui permettent de mettre de l’huile dans les rouages… Pour régler les incompréhensions qui se seraient réglées en se lavant les mains dans les sanitaires ou en allant boire un café", précise Isabelle Godin.
Toujours selon Isabelle Godin, les effets du stress sur la santé cardiovasculaire sont constatés depuis les années 80. Les conditions de travail stressantes à une échelle populationnelle, sont aussi liées à la dépression, l’anxiété, au côlon irritable, la dyspepsie, … Qui sont des façons de somatiser le stress.
Les Japonais ont même un terme pour ça, Karoshi, la mort par dépassement du travail