Une musique trop forte, une haie qui dépasse, un chien qui aboie souvent… La vie en communauté peut être source de nuisances. Parfois, elles pourrissent une relation de voisinage. Pour désamorcer ces conflits, certaines communes emploient des médiateurs de conflits de voisinage. Leur rôle est de rétablir un dialogue et de permettre aux gens de régler leur problème à l'amiable. "Le médiateur a toujours comme but que les gens puissent se parler" explique Charles-François Pezzin, médiateur communal depuis 15 ans à Marche-en-Famenne. "Statistiquement, la médiation permet de résoudre cinquante pour cent des conflits, mais ces chiffres ne prennent pas en compte que des gens qui ont pu renouer le dialogue sans que la médiation aboutisse vont peut-être trouver une solution plusieurs mois ou années après. Permettre à des gens de se parler, c’est déjà une victoire".

Avant la plainte à la police et la procédure judiciaire

Charles François Pezzin, médiateur de conflits de voisinage à Marche-en-Famenne.
Charles François Pezzin, médiateur de conflits de voisinage à Marche-en-Famenne. © RTBF – Anaïs Stas

La médiation de conflits n’est en aucun cas obligatoire. Elle s’effectue sur base volontaire, à la demande d’une des parties ou sur conseil de la police ou de services communaux. Le citoyen peut s’adresser directement au médiateur. Une médiation peut même s’effectuer entre un propriétaire et un locataire (s’il n’est pas question d’un recouvrement). Elle intervient avant un dépôt de plainte, avant une procédure en justice. "Le but est de trouver une solution douce qui convient à tout le monde".

Toutes les communes n’emploient pas de médiateur de conflits. Marche-en-Famenne a été pionnière en la matière en province de Luxembourg. C’était il y a 15 ans. Depuis octobre, il existe une charte créée au niveau fédéral pour promouvoir la fonction de médiateur. Toutes les communes sont invitées à la signer. Aubange la signera ce lundi 30 janvier 2023 lors de son Conseil Communal.

La médiation lors de sanctions administratives communales (SAC)

La médiation peut s’effectuer à plusieurs niveaux. Certaines incivilités sont sanctionnées par une amende appelée communément SAC pour sanctions administratives communales. Là aussi, un médiateur peut intervenir. Cécile Chantraine est médiatrice SAC. Elle travaille sur l’arrondissement judiciaire de Dinant (22 communes). Ici, ce n’est plus le citoyen qui peut demander une médiation, c’est le fonctionnaire sanctionnateur qui transmet le dossier au médiateur. "Je traite surtout des dossiers de coups et blessures, dégradations de biens. La médiation permet de sortir de la procédure et de se parler. C’est rare de pouvoir se parler entre auteur et victime, de se parler dans de bonnes conditions".

Que peut apporter la médiation ?

La médiation au niveau du conflit de voisinage a pour but de rétablir le dialogue et résoudre le désaccord à l’amiable. Quand une sanction administrative communale est infligée, la médiation "peut permettre à la victime de se sentir mieux reconnue, mieux dédommagée. Pour l’auteur des faits, la médiation permet un règlement plus rapide et d’éviter une amende en plus de la réparation à la victime. Mais c’est surtout une façon de se réapproprier les faits, de se dire qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Et comment on avance ?" détaille Cécile Chantraine.

La médiation au niveau local est encore peu connue, rarement acceptée. "Le plus difficile c’est de faire venir les gens, qu’ils acceptent de se parler. Ils n’ont rien à perdre. Ils peuvent arrêter la médiation à n’importe quel moment, rien n’est obligatoire. C’est une opportunité qui leur est donnée".

Luxembourg, le journal de 7H30

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