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Un crocodile femelle s’est autofécondé : comment expliquer ce phénomène très rare ?

Un crocodile femelle s’est autofécondé : explication d'un phénomène rare (Th. Vangulick - LP)

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Par Anne-Sophie Depauw

Elle a fait un bébé toute seule. Jean-Jacques Goldman avait vu juste. Dans un zoo du Costa Rica, un crocodile femelle a été capable de pondre des œufs sans s’accoupler. C’est une grande première. On appelle ça la parthénogenèse, un phénomène très rare déjà observé chez d’autres animaux, mais encore jamais pour le crocodile. Elle permet à des animaux d’avoir des naissances virginales. Autrement dit, avoir la capacité de mettre des bébés au monde sans l’aide d’un partenaire du sexe opposé.

De nombreuses espèces en sont capables. "C’est le cas par exemple pour les lézards, les requins et certains oiseaux", nous détaille Sam Aneka, soigneur et spécialiste des amphibiens et des reptiles au zoo d’Anvers. Mais c’est du jamais vu chez les crocodiles, comme le révèle une étude publiée dans la revue scientifique Biology Letters de la British Royal Society.

Crocodile femelle du zoo du Costa Rica.
Crocodile femelle du zoo du Costa Rica. © Q. Dwyer

Les faits remontent à 2018 mais n’ont été rapportés que récemment. Ce crocodile femelle, de l’espèce des crocodiles américains, a pondu 14 œufs à l’âge de 18 ans. Précisons qu’elle a été isolée depuis l’âge de 2 ans et n’a pas eu le moindre contact avec d’autres mâles de son espèce. Les œufs qui semblaient fertiles ont été incubés artificiellement. La déception est grande car aucun n’a pu éclore. Mais l’espoir renaît grâce aux analyses. Elles ont permis de découvrir la présence d’un embryon femelle. Certes, mort-né, mais complètement formé.

Crocodile mort-né d’une parthénogenèse.
Crocodile mort-né d’une parthénogenèse. © Q. Dwyer

Le médecin irlandais Warren Booth, spécialiste en parthénogenèse, a été sollicité pour étudier ce fœtus de crocodile. "Ça n’a rien de surprenant de retrouver ce type de phénomène chez cet animal", a-t-il déclaré à la BBC. Même commentaire du côté du zoo d’Anvers. Le soigneur Sam Aneka n’est pas surpris par cette découverte car les oiseaux et les crocodiles appartiennent à la famille des archosauriens.

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Question de survie

La parthénogenèse est un processus tout à fait naturel. Ce phénomène s’apparente même à une stratégie pour tenter de survivre et maintenir une espèce en vie. "C’est le cas pour les animaux que l’on retrouve sur des îles et présents en nombre restreint", précise le spécialiste des amphibiens et des reptiles. "En s’autofécondant, ces animaux peuvent tout à fait repeupler une île entière."

Certains animaux utilisent la parthénogenèse pour survivre

L’exemple du dragon du Komodo est le plus parlant. Lorsqu’une femelle de cette espèce atteint un nouveau territoire, elle peut, à elle seule, être à l’origine d’une nouvelle population entière.

Dragon du Komodo
Dragon du Komodo © Pixabay

Un échec pour les dinosaures ?

Donner la vie sans accouplement préalable aurait été observé à l’époque des dinosaures, il y a plus de 66 millions d’années. "C’est tout à fait possible puisqu’on voit aujourd’hui la parthénogenèse chez les oiseaux, qui sont les descendants des dinosaures", nous explique Pascal Godefroit, paléontologue et directeur du service Terre et Histoire de la Vie au Musée des Sciences Naturelles.

Mais il est impossible, d’après lui, de vérifier ce type de données. "C’est clairement de l’extrapolation si on affirme que le crocodile ou d’autres animaux reproduisent ce que faisaient les dinosaures", ajoute Pascal Godefroit. Dire que les dinosaures ont utilisé la parthénogenèse pour tenter de survivre relève donc plutôt de la science-fiction que de la réalité.

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