Tricher au jeu, cela a toujours existé, même à l’époque romaine. Voici une découverte archéologique exceptionnelle qui vient d’être faite sur un objet mis au jour à la villa gallo-romaine de Mageroy à Habay-la-Vieille : un dé en os, truqué au mercure, un exemplaire unique en son genre, le seul connu à ce jour. Sans doute, donc, le premier de l’Histoire !
Une découverte qui date de 20 ans
C’est lors de la campagne de fouille en 2000 sur le site de la villa de Mageroy, menée par l’asbl ARC-HAB, que Julien Minet, jeune archéologue amateur, découvre l’objet.
"C’était dans la fouille d’un dépotoir où nous trouvions énormément de choses dont ce dé pipé avec du mercure, explique Julien Minet. Lors de la fouille, c’est en cassant le dé que j’ai, tout de suite, vu le mercure et les 2 parties du dé. Nous nous sommes vite dit qu’il s’agissait d’un dé pipé ".
A l’époque, sa découverte n’aura pas plus de retentissement. C’est seulement aujourd’hui que son caractère exceptionnel est dévoilé. Lorsque Thomas Daniaux, en train de réaliser une thèse concernant les jeux de société en Gaule romaine, est venu l’observer de plus près au Musée archéologique d’Arlon où il est conservé. Une recherche réalisée dans le cadre du projet financé par le Conseil Européen de la Recherche (ERC) Locus Ludi, à l’Université de Fribourg et qui justement travaille sur l’étude de la culture ludique dans l’Antiquité dans le bassin méditerranéen.
Alors en quoi ce dé est exceptionnel ? "On connaissait déjà les dés truqués au plomb, précise Thomas Daniaux. " Par contre, le dé au mercure, c’est le tout premier du genre pour l’Antiquité romaine et même toute l’Antiquité ".
Un procédé ingénieux
Comme le mercure est lourd et liquide, le tricheur peut le faire couler sous une face ou l’autre en fonction de la valeur qu’il veut favoriser.
Par exemple, si le joueur veut forcer un 5, il va faire couler sous la face qui lui est opposée, le 2. De cette manière, cela alourdit le 2 en allégeant la face 5.
L’archéologie via l’étude de ces dés, truqués ou non, montre qu’à l’époque, les jeux de dés étaient populaires. Toutes les classes sociales jouaient puisqu’on les retrouve aussi bien dans les milieux modestes, les lieux publics et les milieux plus riches comme les "domus", les résidences des riches notables et les villas romaines qui étaient des résidences de campagne comme à la villa de Mageroy.