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Un député britannique soupçonné d'avoir regardé une vidéo pornographique au Parlement démissionne : cinq questions pour comprendre l’affaire qui secoue la politique au Royaume-Uni

Neil Parish, un député conservateur de 65 ans, est accusé depuis mercredi 27 avril d’avoir visionné une vidéo à caractère pornographique au Parlement.

© AFP / RICHARD TOWNSHEND

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Par Maxime Fettweis avec AFP

Le député conservateur Neil Parish a été suspendu vendredi 29 avril du Parlement britannique avant d'annoncer sa démission un jour plus tard. Il est soupçonné d’avoir visionné des vidéos pornographiques sur son téléphone portable en pleine séance plénière.

C’est son groupe politique qui a pris la décision de sa suspension à la Chambre des communes. Une enquête a été ouverte par le parti de Boris Johnson car ce genre de pratique est interdit par le code de conduite des députés britanniques. Après la révélation des faits, il avait d'abord affirmé qu'il resterait député, avant de finalement céder sous la pression ce samedi 30 avril.

Si l’affaire fait les gros titres outre-Manche, elle secoue aussi la carrière longue de 12 ans et pourtant sans vague d’un député de 65 ans. Alors qui est Neil Parish, que lui est-il reproché et comment a-t-il réagi à cette affaire pour le moins inédite… On vous explique.

Qui est Neil Parish ?

Député depuis 2010 et membre du parti conservateur, Neil Parish s’est fait connaître du petit monde politique britannique dès 1999 en obtenant un siège de député européen qu’il conservera jusqu’en 2009.

Rien ne prédestinait pourtant le jeune Neil à faire carrière dans les plus hautes fonctions de l’État britannique. Né dans une région rurale du sud-ouest du pays, le jeune Neil a quitté l’école à 16 ans pour reprendre la ferme de ses parents. Il s’est ensuite marié à son épouse, Sue, avec laquelle il a eu deux enfants et deux petits enfants. Le député de 65 ans est désormais aussi deux fois grand père.

Au cours de sa carrière plutôt discrète, il s’est notamment fermement opposé au Brexit en 2016 et a aussi voté contre la loi introduisant la possibilité aux personnes de même sexe de se marier. Mais jamais avant que l’affaire de pornographie éclate le nom de Neil Parish n’avait été associé à des informations d’ampleur nationale.

Comment l’affaire a-t-elle éclaté ?

Ce sont deux parlementaires qui ont témoigné coup sur coup, faisant éclater cette affaire de pornographie au Parlement. Les deux femmes se sont plaintes d’avoir vu un homme consommer des contenus à caractère pornographiques sur son GSM alors qu’il était assis près d’elles le mercredi 27 avril.

Sans jamais citer le nom de leur confrère, elles déclaraient avoir été témoins du comportement inapproprié de l’un de leurs confrères en pleine séance parlementaire. L’affaire a rapidement été portée à la commission du Parlement chargée des questions de conduite des députés. Car ce genre de comportement contrevient au code de bonne conduite qu’acceptent les députés lors de leur entrée au Parlement.

L’incident est considéré comme d’autant plus grave qu’il est survenu au cours d’une séance plénière consacrée au sexisme au Parlement. Dimanche 24 avril, le Sunday Times a révélé que trois ministres et deux députés de l’opposition font actuellement l’objet d’accusations de "mauvais comportements de nature sexuelle", terme recouvre à la fois des faits de harcèlement sexuel, de voyeurisme ou encore d’agressions sexuelles.

Comment l’identité du contrevenant a-t-elle été connue ?

Dans un premier temps, le nom du député n’a pas été communiqué mais c’est Neil Parish lui-même qui s’est signalé à la commission parlementaire, a annoncé un porte-parole des parlementaires conservateurs, Chris Heaton-Harris.

Après s’être dénoncé, le sexagénaire a assuré être "soulagé".

Comment a réagi son parti ?

Depuis que son nom a été dévoilé, plusieurs appels à la démission ont émergé et une enquête a été ouverte en interne par le parti Conservateur. "C’est inacceptable que quelqu’un fasse ce genre de choses sur un lieu de travail", a réagi le Premier ministre conservateur Boris Johnson au lendemain de la divulgation de l’affaire.

Mais avant cela, plusieurs voix s’étaient élevées au sein du parti au pouvoir, dénonçant une "attitude inacceptable" et assurant que "des mesures seront prises".

Deux jours après la divulgation de l’affaire, le parti a décidé d’exclure le député de ses rangs bien que ce dernier a assuré qu’il collaborerait avec la commission dans l’enquête qu’elle doit mener à son encontre. Cela ne signifie pas que Neil Parish n’assistera plus aux débats du Parlement mais il sera considéré comme un député indépendant.

Quelle est la défense de Neil Parish ?

Interrogé par la BBC le jour de sa suspension, Neil Parish a assuré être "embarrassé" par la situation. "C’est embarrassant pour ma femme et ma famille et c’est ma principale préoccupation pour le moment", a-t-il répondu au média britannique. Questionné sur une potentielle erreur, l’homme a dans un premier temps assuré qu’il attendait les conclusions de l’enquête ouverte à son sujet, assurant qu’il se retirerait de ses fonctions si cette dernière démontrait qu’il était coupable d’entorse aux bons comportements que requiert sa fonction.

À nouveau interrogé sur Sky News, le conservateur a ensuite donné plus de détails sur les circonstances des faits qui lui sont reprochés. Il a précisé qu’il avait bien ouvert un fichier "par erreur" sur son téléphone portable. Il a encore assuré qu’il poursuivrait son "devoir" le temps que l’enquête débouche sur une conclusion.

Mais au lendemain de ces propos, la pression était visiblement trop forte et Neil Parish a démissionné de ses fonctions. Dans une interview accordée à la BBC, il a reconnu le "tollé" et les "dommages" qu'il a causés à sa famille et à sa circonscription dans le Devon, avant de décider que "cela ne valait tout simplement pas la peine de continuer".

"Ce qu'il s'est passé (la première fois, NDLR), c'est que je regardais des tracteurs", a-t-il assuré. "Je suis tombé sur un autre site qui avait un nom similaire et j'ai regardé pendant un moment, ce que je n'aurais pas dû faire", a-t-il tenté d'expliquer. "Mon plus gros crime est qu'à une autre occasion, j'y suis allé une seconde fois et c'était cette fois délibéré. J'attendais de voter à côté de la chambre", a-t-il raconté, au bord des larmes.

Le désormais ex-député a mis ses actions sur le compte d'un "moment de folie", et a insisté sur le fait qu'il s'assurait "que personne ne puisse le voir", tentant d'être discret.

"Nous soutenons la décision (de Neil Parish) de quitter ses fonctions comme membre du Parlement", a affirmé un porte-parole des Conservateurs de la circonscription de Tiverton et Honiton, où avait été élu Neil Parish en 2019.

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