Hainaut

Un député socialiste visé dans une enquête pour corruption

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Par Himad Messoudi

Depuis bientôt deux ans, une instruction judiciaire est en cours à l’encontre du député fédéral PS Philippe Tison, selon une information révélée par le journal Le Soir. L’objet de cette enquête concerne des présomptions de trafic d’influence, corruption et détournements de biens publics dans le cadre des fonctions de Philippe Tison.

Ce dernier, élu au niveau fédéral depuis septembre 2019 (en remplacement d’Elio Di Rupo parti diriger le gouvernement de Wallonie), a été bourgmestre de la commune d’Anderlues, où le PS règne en majorité absolue depuis des décennies. L’enquête, dont le parquet de Charleroi a confirmé l’existence à la rédaction de la RTBF, s’intéresse entre autres à la rénovation d’une piscine. Un élu socialiste, Francis Guerlement, architecte de profession acceptait de renoncer à un poste d’échevin en échange d’être désigné comme auteurs de trois projets d’architecture, dont la piscine locale. Francis Guerlement en sera bien chargé, mais verra deux autres projets promis lui échapper.

Nos confrères du Soir publient d’ailleurs la photo d’une lettre signée par les deux hommes en 2006 qui résument les promesses faites par le bourgmestre Tison. Seul le chantier de la piscine sera effectivement confié à Francis Guerlement.

La rénovation d’une piscine

Les procédures concernent la rénovation de la piscine, et d’autres, sont contestées par des membres socialistes du collège communal, Rudy Zanola et Michaël Guyot, qui ont porté plainte en septembre 2020. Les deux hommes sont restés échevins, mais sans attribution.

La révélation de cette instruction judiciaire n’est qu’un nouvel épisode de l’ambiance absolument délétère qui règne dans l’arène politique anderlusienne. Ainsi, malgré sa promesse de ne pas cumuler mandat de bourgmestre et de député, Philippe Tison a cumulé les deux fonctions pendant plus d’un an. La démission est finalement arrivée à l’automne 2020, un mois après le dépôt de plainte des deux échevins. Comme la loi l’exige, c’est la personne avec le plus de voix sur la liste qui a obtenu le plus de suffrages qui devient bourgmestre. Il s’agissait, en l’occurrence, de la compagne de Philippe Tison, Virginie Gonzalez. Désignation contestée au Conseil d’Etat, mais en vain.

En chiens de faïence

Il y a donc trois groupes politiques qui se regardent en chiens de faïence à Anderlues : le groupe de la bourgmestre et des élus PS qui lui sont restés fidèles, le "groupe Zanola" et ses 4 élus socialistes dissidents, et l’opposition AJC ("Anderlues j’y crois"). Les relations sont à couteaux tirés entre ces trois groupes, et plus encore entre les socialistes eux-mêmes.

La RTBF a contacté tant Philippe Tison que des membres du "groupe Zanola". Ces derniers ne souhaitent pas s’exprimer pour ne pas perturber l’enquête mais se réjouissent de voir que l’instruction est toujours en cours. Quant à Philippe Tison, il n’a pas répondu aux sollicitations de la rédaction. Au journal Le Soir, il a déclaré n’avoir "absolument rien à (se) reprocher."

Convocation du commission de vigilance

Comme l'explique Le Soir, suite aux informations publiées ce vendredi par le quotidien vespéral, le parti socialiste a décidé de convoquer, la semaine prochaine, Philippe Tison devant son instance de contrôle interne, la commission de vigilance, connue pour avoir exclu du parti en 2020 Emir Kir ou Stéphane Moreau en 2017. "La nature des informations révélées par l'article sont graves", selon la présidence du PS, citée par l'agence Belga.

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