Cinéma

Un grand blond, une chaussure noire et 50 ans de rire

Une chaussure noire qui fait toute la différence

© (Gaumont)

Sorti le 6 décembre 1972, il y a un demi-siècle, ce classique du cinéma français a véritablement imposé Pierre Richard comme l’un des grands acteurs comiques du 7e Art

Celui que vous allez accueillir n’a aucune importance. C’est un prétexte. Ce qui compte, c’est que Milan morde à l’hameçon. Je peux vous dire précisément ce que vous allez chercher demain à l’aéroport, mon petit Perrache : un piège à cons !

Le colonel Toulouse est certes cynique mais son piège est terriblement efficace. D’ailleurs nous sommes tous tombés dedans pour le meilleur et pour le… rire surtout. Mais reprenons tout depuis le début. François Perrin est un violoniste tout aussi doué qu’il est maladroit. Il est tellement gauche, que ce jour-là à l’aéroport, il porte une chaussure droite… noire (et l’autre, marron). C’est ce détail qui tape dans l’œil de Perrache, l’âme damnée du colonel Toulouse, le chef des services secrets français. Un chef qui décide de mettre en place un piège diabolique pour faire tomber Bernard Milan, son adjoint arriviste qui rêve de prendre sa place. Donc oui, Perrin va servir d’appât. Le pauvre, lui qui a déjà du mal à vivre entre ses répétitions, les cours privés de violon qu’il donne, sa maîtresse Paulette, la femme de son meilleur ami Maurice… et l’envoûtante Christine !

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Sorti en salles le 6 décembre 1972, il y a 50 ans déjà, avec ce film "Le grand blond avec une chaussure noire", on ne pouvait pas mieux rêver comme cadeau de Saint-Nicolas. Véritable concentré d’humour, de tendresse et d’amour, tout y est. Tout est bien dosé. Il n’y a rien à jeter dans cette histoire. Parodie des films d’espionnage, cette drôle de James Bonderie peut être… doit être… encore vue aujourd’hui, elle n’a pas pris une ride et tous les gags fonctionnent encore à merveilles !

François et Christine, un couple mythique
François et Christine, un couple mythique © (Gaumont)

Cette réussite, nous la devons à son incroyable générique. Ce film est d’abord réalisé par Yves Robert, l’un des spécialistes de la comédie bien écrite. Avec des films comme "La guerre des boutons", "Alexandre le bienheureux" et le diptyque "Un éléphant ça trompe énormément", il a fait rire la francophonie entière (pendant des décennies). Ensuite, au scénario vous avez Francis Veber. Il a le sens du gag visuel et la rythmique de la comédie dans la peau. Il manie le quiproquo comme personne. Pour finir, vous avez des acteurs tout aussi à l’aise dans le drame que dans la comédie avec Jean Rochefort drôlement malhonnête en Toulouse, Bernard Blier bêtement arriviste en Milan, Jean Carmet parfait en cycliste paumé, Paul Le Person imperturbable en Perrache, Mireille Darc… magnifique et magnétique en Christine et… le grand, le très grand, Pierre Richard si attachant en Perrin.

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Pierre-Richard Maurice Charles Léopold Defays, ce fils de bourgeois, avait entamé des études de kinésithérapeute. Mais son amour du jeu, de la réplique qui fuse et surtout son élasticité corporelle l’ont vite amené sur le devant de la scène. Au théâtre d’abord (aux côtés de Victor Lanoux), au cinéma ensuite. Sa carrière cinématographique, elle démarre avec un petit rôle dans "Alexandre le bienheureux". Yves Robert sent un potentiel énorme chez cet acteur. Quand il lui confie le rôle de ce Grand blond, Pierre Richard va séduire tout le monde alors que ce n’était réellement pas gagné pour lui. Les patrons de la Gaumont n’en voulaient pas car pas assez connu, pas assez populaire. Peut-être… mais Pierre Richard c’est une présence, un physique, un charisme, une élégance comique, une prestance chorégraphiée. La suite vous la connaissez, le film est un succès (plus en province qu’à Paris). Il y aura même une suite. Et pour Pierre Richard, le voilà lancé sur l’autoroute du rire qui le mènera jusque dans les années 80 où, toujours avec Veber, il deviendra l’un des plus grands (si pas le plus grand) acteurs comiques de l’Hexagone.

Le génie de Pierre Richard même sans violon
Le génie de Pierre Richard même sans violon © (Gaumont)

Ouvrons une mini-parenthèse… Dans "Le grand blond", Richard incarne François Perrin. Un François qu’il ne faut pas confondre avec François Pignon. Ces deux créatures sont nées de l’imagination fertile de Francis Veber. Nous pourrions les croire jumeaux mais tout les différencie. Perrin est maladroit, distrait, gauche mais tendre et attachant. Pignon est con. Pierre Richard a joué les deux héros. Si son cœur balance plutôt du côté de Perrin, le nôtre aussi !

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Mais comment évoquer le Grand blond sans toucher un mot de son incroyable musique ? Signée Vladimir Cosma, entre sirba, flûte de pan et violon endiablé, cette partition est aussi célèbre que son héros est maladroit. Même plus !

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