Du côté des hôpitaux privés, on s’empresse de répéter que tout le monde est accueilli aux urgences, sans filtrage. Mais que se passe-t-il quand un patient n’a visiblement pas les moyens de payer la facture ? Ilse Cluytens est coordinatrice du service social des Cliniques de l’Europe : " il faut commencer par rappeler que tout patient a le droit de choisir son prestataire de soins. S’il n’a pas de ressources financières, nous ouvrons une enquête sociale pour évaluer la situation et nous contactons le CPAS dont dépend la personne pour que ses frais soient pris en charge. "
" Si le CPAS refuse la prise en charge financière, la décision finale revient au médecin. Elle dépendra de l’état du malade, du traitement en cours, il peut aussi n’assurer que les soins vitaux et reporter certains soins moins urgents à plus tard. "
Il ne serait donc pas question de refouler un patient sans le sou ? " Cela se faisait peut-être il y a 20 ans, mais aujourd’hui plus question de mettre un patient dans une ambulance pour l’envoyer dans un hôpital public. Si on le faisait, on aurait ces hôpitaux sur le dos. Non, on ne refuse aucun patient d’office. Maintenant, s’il a une dette de 20.000 euros, c’est autre chose… "
Confirmation à St-Luc, l’hôpital universitaire de l’UCLouvain situé à Woluwé-St-Lambert : "le principe, c’est l’obligation de soigner tout le monde aux urgences et d’assurer le suivi des soins. Et cela représente pas mal de monde chez nous avec la proximité de l’aéroport de Bruxelles et son lot de réfugiés et de personnes ayant pris l’avion pour venir se faire soigner en Belgique. S’il y a défaillance dans le paiement des soins, le service social, et cela représente 40 personnes chez nous, contacte Fedasil ou le CPAS pour trouver une solution, en assumant le risque de ne jamais être payé. Pendant longtemps, les CPAS n’acceptaient d’intervenir dans les frais que pour les hôpitaux publics mais c’est du passé."
Pour les urgences, on l’a compris, hôpitaux publics et privés ont plutôt la même attitude, c’est pour les soins non urgents que la différence se marque. "Si une personne se présente chez nous", explique-t-on à St-Luc, "elle doit d’abord passer au secrétariat, on vérifie si elle dispose d’une mutuelle, d’une assurance ou si elle a bien acquitté ses dernières factures. S’il reste une dette impayée, on discute pour voir comment apurer le passé mais cela ne conditionne pas l’admission ni les soins nécessaires. S’il n’y a ni mutuelle ni assurance, on va demander le versement d’un acompte et si c’est impossible, on confie le cas au service social. Il faut savoir qu’une nuit d’hospitalisation nous coûte 1.000 euros, que le patient paye ou non."
Au-delà des personnes en situation précaire, la question du coût des hospitalisations concerne en fait tout le monde car personne n’est à l’abri d’une mauvaise surprise financière. Par exemple, le choix d’une chambre individuelle ouvre la porte à des suppléments d’honoraires pouvant aller jusqu’à 100, 200 ou 300%. Il est donc conseillé de vérifier l’étendue de son éventuel contrat d’assurance. Et puis surtout, depuis le mois de janvier, les hôpitaux sont obligés de donner une estimation du coût de l’hospitalisation, une sorte de devis qui devrait éviter de tomber à la renverse en découvrant sa facture d’hôpital.