“Les Alchimistes” à Santes en banlieue de Lille ont décidé d’adopter une stratégie très locale : l’entreprise ramasse dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres les déchets alimentaires de la restauration. Après un tri minutieux, les déchets sont broyés et mélangés à des copeaux de bois de cagette. Au bout de quelques semaines, les agriculteurs du secteur peuvent venir chercher un compost issu du recyclage, qui leur coûte entre 15 et 30 euros la tonne.
Les Alchimistes ont déployé des unités de transformation micro-industrielles autour des principales grandes villes de France, avec un impact réel sur la quantité de déchets enfouis ou brûlés. "Sur notre unité de Santes, nous travaillons avec un peu plus de 100 producteurs de déchets qui auparavant mettaient tout dans la poubelle grise. On parle de 60-70 tonnes tous les mois, qu’on collecte et qui étaient auparavant incinérés ou enfouis. C’est une matière réemployée pour nourrir la terre et qui se substitue aussi à des quantités d’intrants chimiques ou d’engrais. Tout est gagnant", estime Foucauld Watine, directeur général des Alchimistes Hauts-de-France.
Au laboratoire de Gecco, avec l’huile de friture, on développe des lubrifiants biologiques pour les tronçonneuses, par exemple. D’autres déchets sont soigneusement étudiés pour leur richesse, comme le marc de café : “Ce que nous visons, c’est la valorisation en cascade du marc de café, explique le responsable Recherche et développement Abdulhadi Aljawish. D’abord on extrait des composés phénoliques servant dans la cosmétique, puis des protéases pour la même industrie. Enfin, en troisième étape, on peut fabriquer avec notre marc de café du biogaz”.
La valorisation dite "en cascade" est une réponse scientifique à la recherche du recyclage à 100% et avec zéro déchet en bout de course des rebus organiques des foyers et des professionnels. Un objectif qui semble désormais à portée de main.