Zéro Déchet

Un Œil sur demain : 100% zéro déchet, un objectif à portée de main pour les déchets alimentaires

100% zéro déchet : un objectif à portée de main pour les déchets alimentaires. Photo d'illustration.

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Saviez-vous qu’on fabrique aujourd’hui des bûchettes de chauffage avec du marc de café ou du biocarburant avec de l’huile de friture? Les déchets alimentaires recyclés ne sont plus des cas isolés, mais des solutions viables à grande échelle pour atteindre un objectif réalisable, selon les professionnels du secteur: le 100% "zéro déchet".

Dans nos foyers européens, les déchets alimentaires représentent environ 30% de ce que nous jetons à la poubelle. Ce sont nos épluchures, nos restes de viande, nos huiles de friture… Au supermarché Leclerc de Templeuve, près de Lille, des bacs spéciaux ont été installés aux côtés de ceux qui servent au recyclage du papier ou des bouteilles en plastique : ce sont les points d’apport volontaires pour les huiles de friture. Une fois par semaine, l’entreprise Gecco vient les vider, et les huiles sont transportées vers le centre de traitement à quelques kilomètres de là.

Ce recyclage devient nécessaire: 40% de l’huile alimentaire usagée provient des particuliers. Et bien souvent, au lieu de les emmener à la déchèterie, ces huiles finissent dans l’évier. "Tout ce qui est jeté dans les réseaux de canalisation arrive directement aux stations d’épuration. Cela forme des bouchons, engorge, pollue les eaux qui seront difficilement valorisables dans le circuit", détaille Clémence Hanton, responsable commerciale chez Gecco. 

Rien ne se perd

Cette pollution coûte cher à l’environnement et à la collectivité. Ici, au lieu de polluer les canalisations, l’huile est filtrée et purifiée. Elle passe ensuite dans des cuves où elle est transformée en biocarburant… mais pas seulement. L’objectif est que rien ne se perde: il n’y a pas de déchet après le recyclage. “Notre processus de fabrication de biocarburant est 100% biologique, reprend Clémence Hanton. Nous ajoutons aux huiles filtrées une enzyme biologique. À la sortie, nous avons un produit, le biocarburant, et un co-produit : la glycérine”. 

La glycérine part vers les laboratoires de l’industrie pharmaceutique. Le biocarburant, lui, est utilisé dans des véhicules, notamment ceux qui collectent les déchets alimentaires. 

En France, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire adoptée en 2020 a changé la donne. La loi contraint progressivement les grandes entreprises, les plus petites et les particuliers à recycler l’ensemble des déchets alimentaires - avec un système de sanctions en cas de défaillance. Au 1er janvier 2024, tous les ménages devront disposer d’une solution pour recycler les déchets alimentaires. 

Des entreprises répondent à cette exigence, notamment pour les restaurants et cantines où le composteur unique n’est pas envisageable, en inventant des produits écologiques issus de nos déchets. L’idée étant que tout se transforme et que rien ne se perde. 

Des déchets transformés en compost

“Les Alchimistes” à Santes en banlieue de Lille ont décidé d’adopter une stratégie très locale : l’entreprise ramasse dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres les déchets alimentaires de la restauration. Après un tri minutieux, les déchets sont broyés et mélangés à des copeaux de bois de cagette. Au bout de quelques semaines, les agriculteurs du secteur peuvent venir chercher un compost issu du recyclage, qui leur coûte entre 15 et 30 euros la tonne.

Les Alchimistes ont déployé des unités de transformation micro-industrielles autour des principales grandes villes de France, avec un impact réel sur la quantité de déchets enfouis ou brûlés. "Sur notre unité de Santes, nous travaillons avec un peu plus de 100 producteurs de déchets qui auparavant mettaient tout dans la poubelle grise. On parle de 60-70 tonnes tous les mois, qu’on collecte et qui étaient auparavant incinérés ou enfouis. C’est une matière réemployée pour nourrir la terre et qui se substitue aussi à des quantités d’intrants chimiques ou d’engrais. Tout est gagnant", estime Foucauld Watine, directeur général des Alchimistes Hauts-de-France. 

Au laboratoire de Gecco, avec l’huile de friture, on développe des lubrifiants biologiques pour les tronçonneuses, par exemple. D’autres déchets sont soigneusement étudiés pour leur richesse, comme le marc de café : “Ce que nous visons, c’est la valorisation en cascade du marc de café, explique le responsable Recherche et développement Abdulhadi Aljawish. D’abord on extrait des composés phénoliques servant dans la cosmétique, puis des protéases pour la même industrie. Enfin, en troisième étape, on peut fabriquer avec notre marc de café du biogaz”.

La valorisation dite "en cascade" est une réponse scientifique à la recherche du recyclage à 100% et avec zéro déchet en bout de course des rebus organiques des foyers et des professionnels. Un objectif qui semble désormais à portée de main.  

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