Belgique

Un œil sur demain : des cellules souches à la rescousse des espèces sauvages menacées

Prélèvement de cellules souches chez un lionceau.

© Pairi Daiza

Les cellules souches sont à la base d’une série d’avancées dans la réparation de tissus et d’organes en médecine vétérinaire mais aussi humaine. Mais jusqu’ici pour les prélever, il fallait faire une ponction de moelle osseuse ou une aspiration de tissus adipeux (graisse), des techniques parfois lourdes pour les animaux ou les patients.

Une petite start-up issue de l’Université de Liège vient de mettre une toute nouvelle technique au point, le prélèvement de ces cellules souches dans du muscle. Grâce à une petite anesthésie locale, le vétérinaire peut faire une "micro biopsie" du muscle. Un geste simple qui suffit pour récupérer les précieuses cellules.

Une première scientifique qui a de l’avenir

Le Professeur Didier Serteyn fondateur de la Start-Up Revalis réalise depuis plusieurs mois ce genre de prélèvement sur des chevaux, en particulier des chevaux de course : "Avec une aiguille, on prélève quelques milligrammes de muscle dans l’épaule du cheval, pour produire des cellules souches. Pour certains chevaux de haut niveau, qui commencent leur carrière, c’est une façon de conserver leurs cellules souches pour pouvoir les réutiliser plus tard. Le geste est simple et inédit, la conservation de ces cellules peut durer toute la vie de l’animal."

La cellule souche, un trésor pour régénérer tissus et organes

Justine Ceusters, cofondatrice de la start-up, rappelle les performances de ces cellules souches : "Elles peuvent donner différents types de tissus, recréer des organes, réparer des tissus et aider à la cicatrisation. Au-delà, elles peuvent orchestrer tout le processus de régénération et de réparation de lésions dans tout l’organisme".

Hélène Graide supervise la production. Elle détaille les quelques manipulations à réaliser en labo sécurisé : "Nous introduisons l’échantillon de muscle dans des sortes de hottes (des isolateurs) aseptiques. Nous le découpons, nous le mettons en culture avec un milieu (de la nourriture) qui favorise la croissance des cellules souches présentes. Nous les sélectionnons et ensuite nous les congelons dans de l’Azote liquide à environ moins 190 °C".

Et d’ajouter, "Nos cuves, véritables 'biobanques' ou 'coffres-forts génétiques' contiennent déjà les échantillons de quelque 250 chevaux et d’une cinquantaine d’humains. Là, ces cellules peuvent se conserver des décennies, sans s’altérer".

Et peut-être aussi pour venir à la rescousse des espèces menacées

Ces trésors de notre patrimoine génétique peuvent donc réparer des chevaux mais pourront peut-être à l’avenir, sauver des espèces menacées d’extinction. Le Professeur Serteyn se prend à rêver: "L’idée, c’est de constituer une sorte d’Arche de Noé, c’est-à-dire de développer ces techniques pour chacune des grandes familles d’espèces animales sur terre pour pouvoir les appliquer à quelques individus qui pourraient être en danger voire en voie d’extinction".

De la parole au geste, les vétérinaires de la start-up ont réalisé ces dernières semaines à Pairi Daiza, une micro biopsie de muscle dans l’épaule d’un lionceau et dans celle d’un bison. Des animaux anesthésiés pour d’autres soins vétérinaires et chez qui on a profité de l’occasion pour faire ces prélèvements.

Pairi Daiza collabore à cette recherche pour faire avancer la science

La petite entreprise et le parc animalier ont décidé de collaborer pour faire avancer la science. Catherine Vancsok, la directrice scientifique de la Fondation Pairi Daiza est très intéressée : "Les cellules souches, c’est une thérapie pleine de promesses. Pour la conservation, le potentiel est énorme surtout quand on parle d’espèces menacées, comme c’est le cas pour certaines qui se trouvent dans notre parc."

Et de poursuivre : "En prélevant ces précieuses cellules, on préserve tout le patrimoine génétique. Mais pour la recherche aussi le potentiel est important. Ce n’est pas facile de mener des expériences sur des spécimens vivant dans la nature. Certaines recherches, par exemple toxicologiques, pourraient grâce à cette technique se faire directement en laboratoire sur leurs cellules souches. On pourrait en apprendre davantage sur les espèces en danger et donc on pourrait mieux les protéger."

La thérapie cellulaire à la rescousse des espèces en danger, ce n’est déjà plus de la science-fiction. On commence à créer des gamètes femelles (ovocytes) et des gamètes mâles (spermatozoïdes) pour recréer des embryons chez des animaux sauvages menacés de disparaître.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous