Agriculture

Un Œil sur demain : l’agroécologie sera-t-elle le futur de notre agriculture ?

"Un oeil sur demain" : l'agroécologie

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A quoi va ressembler l’agriculture de demain ? Peut-être va-t-elle s’appeler… L’agroécologie. Il s’agit d’une pratique agricole qui met le sol au centre des attentions. Fini de le labourer, les agriculteurs le nourrissent pour que ce sol, à son tour, nourrisse les légumes et les céréales qui y poussent. L’agroécologie n’utilise aucun pesticide ni produit chimique. Comment cela se traduit-il concrètement ? Nous sommes allés sur le terrain pour en avoir le cœur net.

L’agroécologie, ou comment mieux nourrir la terre, pour de meilleures récoltes.
L’agroécologie, ou comment mieux nourrir la terre, pour de meilleures récoltes. © RTBF

Une terre bichonnée

Marie est une jeune maraîchère pleine d’optimisme. Son champ, situé à Anderlecht, regorge de petits trésors. Elle prend plaisir à y mettre les mains dans la terre. Et au bout de sa bêche, des êtres menacés de disparition, les vers de terre, tués en masse par les pesticides, réapparaissent dans son champ. Elle applique la méthode agricole de demain : l’agroécologie.

Marie Collard, maraîchère à Anderlecht et chercheuse en agroécologie à l’ULiège de Gembloux : "On nourrit le sol pour que le sol nourrisse la plante."
Marie Collard, maraîchère à Anderlecht et chercheuse en agroécologie à l’ULiège de Gembloux : "On nourrit le sol pour que le sol nourrisse la plante." © RTBF

Elle explique sa méthode : "Avant, c’est plutôt qu’on voyait le sol comme un substrat où on déposait les légumes ou bien où on cultivait. On nourrissait alors directement la plante. Maintenant on nourrit plutôt le sol pour que le sol nourrisse la plante."

Un sol aéré et vivifié.
Un sol aéré et vivifié. © RTBF

Le sol, auparavant exploité et malmené par l’agriculture conventionnelle, est à présent bichonné par Marie : "On essaie de ne pas trop travailler le sol, surtout en profondeur, pour ne pas le déstructurer. On évite de trop le tasser, pour qu’il puisse encore y avoir un peu d’oxygène dans le sol pour les micro-organismes. On fait aussi en sorte que le sol soit toujours couvert. Donc ici par exemple on va utiliser de la paille qui va à la fois protéger le sol, et maintenir son humidité. Ce qui est très précieux en temps de sécheresse."

Couvrir le sol de paille permet de mieux le protéger et de préserver son humidité.
Couvrir le sol de paille permet de mieux le protéger et de préserver son humidité. © RTBF

La paille et les feuilles qui se décomposent nourrissent aussi le sol. Et les effets sont presque immédiats. La récolte a de quoi rendre fier.

Des récoltes très satisfaisantes.
Des récoltes très satisfaisantes. © RTBF

A plus grande échelle

Faire de l’agroécologie sur une petite parcelle de terre, c’est une chose, mais est-ce réalisable dans une grande ferme ? A Anhée, ça fait presque cinq ans que Stany a changé de méthode. Il déterre pour nous un plant pour nous montrer les racines : "Ca regorge de vie, quoi ! Il faut avoir l’œil un peu connaisseur. Mais vous le voyez, les racines sont développées dans tout le sol."

Des racines bien développées.
Des racines bien développées. © RTBF

Et dans ce sol, on retrouve nos vers de terre. Pourtant, pendant 30 ans, cet agriculteur a arrosé ses champs de pesticides : "Je vous jure que pour trouver un ver de terre, je devais faire dix trous avec ma fourche.", dit-il en évoquant le passé. "Ici et maintenant, dans un trou, vous en trouvez dix. C’est une certitude : la vie du sol, en cinq ans, est revenue à son maximum."

Et au milieu des racines, un petit être bien utile à l’agriculteur : le ver de terre.
Et au milieu des racines, un petit être bien utile à l’agriculteur : le ver de terre. © RTBF

Pour obtenir un tel résultat, Stany ne laboure plus son champ. A la place, en attendant d’y planter des céréales, il a semé différentes plantes vertes : "Il y a une diversité de six ou sept plantes différentes qui ont été implantées ici dans le but d’enrichir le sol en matières organiques.", explique-t-il.

Différentes plantes vertes en lieu et place du labour.
Différentes plantes vertes en lieu et place du labour. © RTBF

Une chose est sûre à présent, Stany ne reviendra pas à l’agriculture conventionnelle. Le processus pour passer à l’agroécologie dans ses champs n’a pas toujours été simple, mais il est convaincu par ses bienfaits : "On m’avait prévenu que j’aurais à faire le gros dos pendant deux, trois, voire quatre ans. Parce que quand vous coupez la nourriture aux plantes que vous leur apportiez chaque année, le sol n’est pas immédiatement prêt à prendre le relais. Donc, les deux ou trois premières années, les maigres rendements donnent presqu’envie d’arrêter. Cela fait maintenant cinq ans que j’ai opéré le changement. Et voilà, j’ai compris qu’on était sur la bonne voie !"

Stany De Wouters, agriculteur à Anhée : "J’ai compris qu’on était sur la bonne voie !"
Stany De Wouters, agriculteur à Anhée : "J’ai compris qu’on était sur la bonne voie !" © RTBF

L’agriculture de demain, maraîchère ou dans une grande ferme, c’est peut-être ce que nous propose l’agroécologie : un sol plus riche pour mieux nourrir, et en quantités, la planète.

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