Zéro Déchet

Un Œil sur demain : le zéro déchet à portée de main dans le recyclage des bateaux de plaisance

Un Œil sur demain

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Par Adeline Percept avec Maurizio Sadutto

C’est un casse-tête et l’une des premières causes de pollution maritime. Mais grâce à une nouvelle législation, toute une filière de recyclage des bateaux de plaisance s’est mise en place en France. Certaines entreprises commencent à résoudre l’équation du composite, par essence difficilement recyclable. L’objectif de 100% des composants des épaves réutilisés n’est pas loin. Reportage d’Adeline Percept, Thomas Chantepie et Rémi Ratel, sur une filière en plein essor.

En plein démantèlement d'épave, chaque composant est récupéré et sera revalorisé.
En plein démantèlement d'épave, chaque composant est récupéré et sera revalorisé. © Adeline Percept

À Mérignac près de Bordeaux, le groupe Péna est l’un des lieux de “fin de vie” pour les bateaux de plaisance de l’ouest de la France. Ce matin-là, un petit bateau dont la coque est usée par le temps attend dans le hangar de démantèlement. Il est d’abord inspecté afin de le vider éventuellement des matières combustibles ou dangereuses. Clément Picart, responsable des grands comptes, commente : “Le cas de ce bateau est un classique dans la région. Un monsieur a hérité de ce bateau il y a quelques années. Il a stocké l’engin dans son jardin et ne savait pas quoi en faire.

L’héritier s’est aperçu qu’en France depuis 2019, le recyclage de ces bateaux est gratuitement pris en charge. L’Etat français a mis en place un système de taxe à l’achat de nouveaux bateaux. Le démantèlement des épaves est lui organisé par l’APER (Association pour la plaisance écoresponsable), un éco-organisme qui oriente les détenteurs de vieux bateaux et organise la filière de démantèlement.

Clément Picart, responsable des grands comptes pour le groupe Péna.
Clément Picart, responsable des grands comptes pour le groupe Péna. © Adeline Percept

Recycler le composite

Le coût de la déconstruction était trop élevé pour que les particuliers ou les collectivités prennent en charge ce sujet-là.

Après avoir pris contact avec cet organisme, l’héritier a pu confier ce bateau au groupe Péna. Sous le hangar, le bateau est démantelé en à peine quelques minutes. L’entreprise revalorise ensuite tous les déchets en les revendant à différentes industries. “On extrait du bateau tous les éléments qu’on va pouvoir reconditionner, retravailler pour qu’ils soient à nouveau consommables directement par l’industrie. C’est le cas de l’inox de l’avant du bateau. Il va servir à fabriquer d’autres balcons pour d’autres bateaux”, explique Clément Picart.

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Selon Lucas Debièvre, de l’APER, la taxe à l’achat de nouveaux bateaux mise en place par la France a déjà permis de financer le recyclage de 7300 épaves. “Avant l’entrée en vigueur de ce système, il y avait des milliers de bateaux qui arrivaient en fin de vie et le coût de la déconstruction était trop élevé pour que les particuliers ou les collectivités prennent en charge ce sujet-là.

Aujourd’hui, 72% des déchets de ces épaves en moyenne trouvent une nouvelle vie.

Un gros effort reste à fournir sur le composite issu de la coque. Le groupe Péna parvient à fabriquer des confettis qui, mélangés à d’autres déchets, servent de combustible dans des usines.

Des tables en coque de bateaux broyés

Un peu plus au nord sur la côte Atlantique, Sébastien Papin, chargé de développement chez Arc Environnement, livre des confettis de composite à Werzalit, une entreprise de Rochefort qui fabrique des tables de restaurant. Dans le laboratoire de l’usine, on vient de fabriquer les premiers prototypes de tables faites à partir de coques de bateaux broyées. “L’objectif, c’est d’abord d’éviter l’enfouissement de ce déchet ou son incinération et de lui donner une autre vie et une valeur ajoutée”, explique Sébastien Papin.

Des confettis de matériaux composites.
Des confettis de matériaux composites. © Adeline Percept

Cela permet aussi de diversifier les ressources en matières premières dans un contexte tendu sur le marché du bois.

Car à l’usine Werzalit, jusqu’à présent, la matière première est le bois recyclé. Utiliser du composite pour fabriquer ses plateaux de table lui permettra d’employer les mêmes outils de production, tout en simplifiant les étapes, selon la directrice générale Élise Ratajczyk. “Le bois, c’est une matière qu’on est obligé de sécher. Le composite n’aura pas cette nécessité d’être séché. Donc en plus d’utiliser une matière première qui n’est pas revalorisée aujourd’hui, on va, nous, alléger notre process de fabrication. Cela permet aussi de diversifier les ressources en matières premières dans un contexte tendu sur le marché du bois. On sait que la finalité première du bois est d’aller servir de bois de chauffage. Il est impératif pour nous d’anticiper le futur et une éventuelle pénurie”, détaille-t-elle.

En Charente Maritime, toute une filière locale s’organise pour recycler le composite dans ces nouveaux produits. Il s’agit de composites de coques de bateaux, mais les mêmes méthodes peuvent s’appliquer à ceux issus des éoliennes ou de trains en fin de vie.

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