Les chercheurs ont réussi à identifier la protéine, STT3B, principale responsable de la toxicité de l'amanite phalloïde. Ils ont fouillé ensuite dans la base de données de la FDA en y débusquant une molécule susceptible d'inhiber la protéine incriminée : le vert d'indocyanine (ICG). Ce colorant fluorescent est administré aux patients pour pouvoir visualiser certains vaisseaux sanguins ou déterminer le débit sanguin hépatique. "Cette connexion inattendue nous a déconcertés, à juste titre", explique Qiaoping Wang, chercheur à l'université Sun Yat-sen, principal auteur de l'étude.
L'équipe a d'abord testé l'antidote sur des cellules de foie dans des boîtes de Pétri, puis sur une souris. Dans les deux cas, le produit "a démontré un potentiel significatif dans l'atténuation de l'effet toxique" de l'empoisonnement par le champignon, a expliqué le chercheur. "Cette molécule présente un immense potentiel pour le traitement des cas d'intoxication humaine par les champignons."
"Elle pourrait constituer le tout premier antidote spécifique avec une protéine ciblée."
Si elle s'avère aussi efficace chez l'humain que chez la souris, "elle pourrait sauver de nombreuses vies". L'équipe a désormais l'intention de tester les effets du vert d'indocyanine sur l'empoisonnement chez l'humain. De précédents traitements contre l'intoxication phalloïdienne ont été testés, notamment la silybine, un extrait de chardon-Marie, et la pénicilline, mais leurs mécanismes d'action restent encore mystérieux.