Pour tout ce qu’il représente, on espérait sincèrement que l’Académie Goncourt décernerait le premier prix à cette biographie. Mais il n’en est rien. Comme l’écrasante majorité du temps, elle lui a préféré l’écrit d’un homme blanc quinquagénaire et déjà connu dans le monde de la littérature.
Il ne s’agit pas d’une histoire de quotas, pas plus que de récompenser des femmes racisées pour le plaisir. Mais force est de constater que les célèbres remises de prix font la pluie et le beau temps dans le milieu de la culture. Et, de ce fait, elles ont un rôle de visibilisation et d’éducation à jouer. Si les lauréat.es du Goncourt ne gagnent que la somme symbolique de 10 euros (et un restau, mais cette année pas de bol), ils et elles voient surtout leur livre propulsé en tête des ventes, leur talent reconnu et leur carrière lancée.
Pourquoi ne pas donner aux citoyen.nes l’envie de découvrir d’autres visions du monde, d’autres plumes que celles d’auteurs blancs confirmés ?
Comme Leïla Slimani en 2016 avec son roman Chanson Douce, par exemple. Ces distinctions sont des incubateurs de talents. Pourquoi ne prennent-elles pas le parti de faire découvrir des auteur.trice.s qui en ont besoin ? Pourquoi ne pas donner aux citoyen.nes l’envie de découvrir d’autres visions du monde, d’autres plumes que celles d’auteurs blancs confirmés ?
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Sur les vingt dernières années, le Prix Goncourt a été remporté par trois femmes (Marie NDiaye, Lydie Salvayre et Leïla Slimani). Inutile de vous préciser que si l’on remonte à sa création en 1903, on est toujours très loin d’une parité entre les genres.
Pourtant, les ouvrages écrits par d’autres personnes que des hommes existent, mais ne sont jamais récompensés. D’ailleurs, le livre de Djaïli Amadou Amal a plusieurs fois été cité comme favoris par les spécialistes du milieu. "S’il récompensait ce récit poignant sur l’oppression de femmes mariées de force, le Goncourt insufflerait un vent de nouveauté dans le palmarès en consacrant une autrice d’Afrique subsaharienne, inconnue jusque-là des cénacles de l’édition parisienne", lisait-on lundi matin dans une dépêche Belga. Quel échec.