Hainaut

Un professeur a eu des échanges à caractère sexuel avec environ 200 adolescents à partir d’un faux compte Facebook : le parquet réclame 8 ans de prison

Le parquet de Tournai a requis ce jeudi une peine de 8 ans de prison contre un professeur qui officiait dans un collège de Comines. L’homme, aujourd’hui âgé de 32 ans, est poursuivi dans une affaire de grooming, une pratique qui consiste à manipuler un mineur d’âge pour lui soutirer des photos intimes. Entre 2015 et l’été 2018, ce professeur s’était créé un faux profil Facebook sous l’identité d’une jeune fille dénommée "Charlotte". Il a contacté 400 adolescents et il a eu des échanges à caractère sexuel avec la moitié d’entre eux.

Lors de l’audience ce jeudi, le professeur comparaissait libre après 8 mois de détention préventive sous bracelet électronique. Il a expliqué au tribunal avoir commencé à échanger sous sa fausse identité avec un seul élève.

" Il était en difficulté, j’ai créé ce faux profil pour en discuter avec lui ", a-t-il dit à la barre. C’est ensuite que les choses ont dérapé lorsque l’élève en question s’est attaché à la fausse "Charlotte". "J’avais l’impression d’être important à un moment où ça n’allait pas dans ma vie privée. Si je lui ai demandé des photos à caractère sexuel, c’était pour me prouver que j’existe", indique le prévenu.

L’engrenage

Mais l’homme ne s’arrête pas là. Avec son faux profil, il répète le stratagème avec d’autres jeunes garçons, la plupart âgés entre 14 et 17 ans. Au total, 200 tomberont dans le piège. Dans certains cas, le professeur les incite à s’insérer des objets dans l’anus, ce qui lui vaut aujourd’hui d’être poursuivi pour viol.

Ce sont les parents d’un élève qui dénoncent les faits à la police en découvrant les discussions virtuelles de leur fils. Le professeur a rapidement été démasqué grâce à l’adresse IP de son ordinateur et le numéro de téléphone qu’il avait relié à son compte Facebook. " J’avais complètement perdu mon regard critique, avoue le prévenu devant le tribunal. C’est mon arrestation qui m’a ramené à la réalité. "

Beaucoup de victimes veulent tourner la page

Sur le banc des parties civiles, les avocats sont peu nombreux malgré l’impressionnante liste des victimes. Me Frank Discepoli, l’avocat d’un ado, l’explique par la honte et la gêne incommensurable que certains jeunes ont ressenties lorsque l’affaire a éclaté. Il y a chez beaucoup de ces ados la volonté de tourner la page.

Les victimes représentées réclament aujourd’hui pour la plupart des montants oscillant entre 500 et 1500 euros. Du côté de la défense, pas de contestation à ce sujet. "Mon client a repris un travail d’ouvrier pour pouvoir rembourser le préjudice des victimes", fait remarquer Me Lucas Rodriguez, l’avocat du prévenu. Lequel demande pour cette raison au tribunal de ne pas envoyer son client en prison.

Le jugement sera rendu le 27 avril prochain.

Comment se protéger ?

Le plus souvent, cela commence par un simple échange de message mais cela peut vite dégénérer. Alors pour éviter de tomber dans le piège, Child Focus rappelle quelques bons réflexes. 

D'abord, il faut encourager le jeune à désigner une personne de confiance dans son entourage proche. Cela peut être un parent mais pas obligatoirement. Il peut s'agir d'un ami de confiance, d'un référent plus âgé. D'autre part, l'association rappelle qu'il est possible de diminuer le risque en réglant correctement ses paramètres de sécurité sur les réseaux sociaux. Enfin, l'association explique aussi qu'il vaut toujours mieux éviter d'envoyer des photos intimes surtout lorsque l'on est pas certain de l'identité de la personne qui réceptionne ces photos. 

Sur son site, Child Focus rappelle que l'usage de photos ou de vidéos dénudées peut prendre différentes formes. Réseau sociaux, application de messagerie ou même jeu en ligne; pour les auteurs, tous les moyens sont bons. 

  • Le groomingle processus par lequel un adulte aborde intentionnellement des mineurs et les manipule à des fins sexuelles. 
  • Le sexting : l'échange de messages, photos ou vidéos à caractère sexuel par l’intermédiaire d'un support numérique.

    Le sexting ne devient problématique que lorsque certaines limites sont franchies. Par exemple, lorsqu'il y a une utilisation de la pression. Lorsqu'on impose des images dénudées à d’autres personnes sans leur consentemen ou encore lors du transfert des images d’autres personnes sans autorisation. 

  • La sextorsion : il s'agit le plus souvent de bandes criminelles qui sous le couvert de faux profils soutirent des photos/vidéos intimes aux victimes. Une fois les premières images envoyées, ces bandes criminelles exerceront un chantage sur la victime afin d'obtenir le paiement d'une rançon ou afin d'obtenir d'autres images à caractères sexuelles. 

Si vous êtes vous-même victime, Child Focus vous encourage à prendre contact avec eux au numéro :  encore le numéro d'urgence de Child Focus 116 000. Si vous constatez des images d'enfants à caractères sexuel vous pouvez aussi prendre contact avec Child Focus via le site www.imagesdabus.be 

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