Ce matin, au palais de justice de Bruxelles, avait lieu le procès d’un réseau de prostitution de mineures démantelé en septembre dernier grâce à la dénonciation d’une victime âgée de seulement 16 ans.
En tout, quatre suspects comparaissaient ce matin devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. Les prévenus sont soupçonnés d’avoir forcé, en usant de menaces et de violence, plusieurs jeunes femmes, quatre mineures et quatre jeunes femmes majeures, à se prostituer dans un appartement qu’ils louaient à Saint-Gilles. Ils plaçaient des annonces sur des sites Web de prostitution et donnaient ensuite rendez-vous aux clients qui se manifestaient via ces sites à l’adresse de l’appartement à Saint-Gilles.
Le réseau a pu être démantelé grâce au témoignage que l’une des victimes du réseau a livré à la fondation Child Focus comme l’explique la juriste de la fondation, Héloïse du Roy :
" Child Focus a recueilli un témoignage d’une victime dans ce dossier aux alentours du mois de mai 2021. Nous l’avons ensuite transmis à la police locale. Ce témoignage contenait des informations importantes relatives à ce dossier, notamment quant aux lieux où avait lieu l’exploitation sexuelle des mineures. Suite à la transmission de cette information à la police, l’enquête a pu aboutir au démantèlement du réseau de prostitution en septembre 2021 ".
Les policiers ont ainsi pu entrer en contact avec huit victimes. Mais il est possible qu’il en existe d’autres non identifiées. Pour la plupart, il s’agit de jeunes femmes vivant dans un milieu précarisé. Certaines, mineures, étaient en fugue lorsqu’elles ont été approchées par les prévenus.
Ce phénomène est en tout cas bien présent chez nous
Child Focus s’est d’ailleurs constituée partie civile dans ce dossier. Une manière de donner une voix aux victimes non identifiées : " Dans ce dossier on a une seule victime qui s’est constituée partie civile ainsi que sa maman. En revanche, on a une petite dizaine de personnes mineures qui sont mentionnées dans le dossier qui n’ont pas été identifiées et qui ne se sont pas portées partie civile. Par conséquent, le fait que nous prenions part au dossier permet de leur donner une voix. Nous nous sommes également impliqués dans le but d’envoyer un message fort au public quant à l’existence de ce phénomène d’exploitation sexuelle des mineurs en Belgique. Ce phénomène se produit dans les trois régions du pays. Nous rencontrons encore des difficultés à démanteler ces réseaux parce qu’il est difficile d’identifier les victimes et les auteurs. Ce phénomène est en tout cas bien présent chez nous et il est important de faire savoir qu’il existe. Il est également important d’envoyer un message fort aux auteurs potentiels ou avérés de ces faits : les faits sont poursuivis et les auteurs seront condamnés par nos tribunaux ".
De 30 mois à 10 ans de prison
Parmi les organisateurs du réseau, trois hommes d’une vingtaine d’années et une jeune femme de seulement 18 ans qui reconnaît les faits qui lui sont reprochés, comme l’explique son avocate Nathalie Gallant :
" Elle reconnaît les faits à proprement parler, la seule chose qu’elle dit, c’est que certains détails qui ont été fournis par certaines des victimes, notamment l’utilisation de violence ou de moyens de pressions caractérisés, ne correspondent pas totalement à la réalité. C’est au tribunal de faire la part des choses ".
Une peine de 10 ans de prison a été requise à l’encontre de l’un des prévenus, qui se trouve en état de récidive légale.
Des peines de six ans de prison ont été réclamées à l’encontre de deux autres, dont la jeune femme de 18 ans qui s’occupait de fixer les rendez-vous, de payer la location de l’appartement et de réclamer leurs gains aux victimes. Selon certains témoignages, elle recrutait aussi des filles pour le réseau.
Pour le dernier prévenu, la procureure a requis une peine de 30 mois de prison, sans s’opposer à une mesure de sursis, tenant compte de son rôle plus limité dans l’organisation mais tenant compte aussi du fait qu’il a frappé l’une des victimes.
La victime qui a permis le démantèlement du réseau n’était pas présente durant l’audience. Une absence que ses avocates expliquent par la peur d’être confrontée aux quatre prévenus.
Le procès se poursuivra le 21 avril prochain avec les plaidoiries.