L'incident a eu lieu dans la nuit de vendredi à samedi dernier, à l'heure du dernier (pré)métro. Une automobiliste circulait place Meiser. Probablement peu habituée aux subtilités de la circulation dans la capitale ou les yeux trop rivés sur son GPS (ou les deux), elle a cru s'engager dans la contre-allée menant au tunnel marquant le début de l'autoroute de Liège. Malheureusement, elle s'est trompée de quelques mètres et s'est retrouvée engagée dans un autre tunnel. Celui du prémétro. Sa course s'est terminée une centaine de mètres plus loin, à la station Diamant.
S'il arrive régulièrement que des automobilistes se trompent, la plupart se rendent rapidement compte de leur erreur et font demi-tour ou marche arrière sans autre dégât qu'une petite (ou grande) frayeur. Mais, parfois, les conducteurs persistent sur cette mauvaise voie. Dont un champion (si l'on peut dire): au volant d'une 4X4, il est entré par la trémie au-dessus de la station Albert et a roulé tranquillement jusqu'à la station Midi. Quatre stations, une addition : 22.000 euros !
Il faut dire que les comptables de la STIB ne laissent rien passer quand ils calculent les dommages subis par la société. Ils commencent par facturer les retards subis par les trams, en comptant 1.000 euros par heure de retard par ligne de tram. Donc, si vous bloquez un tronçon par lequel transitent trois lignes, ça se chiffre tout de suite à 3.000 euros par heure. Si le retard s'éternise et qu'il faut faire intervenir des bus-navettes pour remplacer les trams, le coût sera également facturé au malheureux conducteur. Idem pour les dommages que son véhicule a fait subir aux installations (rails, ballast, voire aménagements des stations de métro). Enfin, pour extirper voiture ou camionnette de sa fâcheuse posture, la STIB devra faire appel à un Unimog, une dépanneuse adaptée pour passer de la route au rail. Ici aussi, les frais seront imputés au conducteur. Sans compter le fait que sa voiture risque de ne plus rouler aussi bien qu'avant : jantes et radiateur ne sortent en général pas indemnes de cette expédition souterraine.
Dans le cas de l'automobiliste de vendredi, les frais devraient être moins élevés : comme son accident est arrivé en fin de service, peu de trams ont été retardés et il n'a pas fallu faire appel aux navettes. La STIB, de son côté, affirme mettre toutes les précautions nécessaires. Une écluse à voiture (un trou infranchissable pour les berlines, mais sur lequel 4X4 et camionnettes passent sans trop de mal) est censée prévenir les incursions intempestives. "Mais pas question, explique la porte-parole de l'opérateur public de transports en commun, Françoise Ledune, de fermer les entrées des tunnels avec des grilles : les trams doivent toujours passer."