Tendances Première

Une bière de Noël, est-ce toujours une bière brune, épicée et forte ?

Tradition oblige, à cette époque de l’année, Laurent Munster, à l’initiative de “Mi-orge, mi-houblon", vient nous proposer sa sélection de bières de Noël, parmi toutes celles qui fleurissent sur les étagères des magasins spécialisés. Il nous en explique aussi l’origine.

© Getty Images

D’où vient cette tradition de la bière de Noël ?

Cette tradition trouve son origine première chez les Vikings, qui brassaient pendant la Jul ou Yule, période du solstice d’hiver, une bière dédiée aux dieux nordiques. Il s’agissait donc d’une bière éphémère brassée fin d’automne.

Chez nous la tradition vient plus d’une raison pratique. Le début de l’automne rimait avec la fin des récoltes tant de céréales que de houblon. Il fallait alors faire de la place dans les greniers pour stocker ces nouvelles récoltes. On brassait donc avec ce qui restait et cela donnait des bières assez fortes, plus denses, plus noires, parce qu’on y mettait un peu de tout. Beaucoup de céréales = beaucoup de sucre et donc beaucoup d’alcool au final.

Cette bière était traditionnellement offerte aux employés et aux bons clients, sous le vocable de bière d’octobre. Peu à peu, elle est devenue la bière de Noël, appellation plus intéressante commercialement parlant.

Une bière de Noël, c’est donc une bière brune, épicée et forte ?

Une bière de Noël n’est pas spécialement une bière brune, épicée et forte. Et même de moins en moins, affirme Laurent Munster.

Il est vrai qu’au début, c’était effectivement le cas, car comme on y mettait des ingrédients qui n’étaient plus de première fraîcheur, on y ajoutait des épices pour en améliorer le goût : cannelle, badiane ou anis étoilé, muscade, coriandre, poivre timut ou encore des griottes, des écorces d’orange ou du miel.

Maintenant, ces contraintes liées à la conservation des matières premières ont disparu et surtout, la scène craft se dissocie de plus en plus de ce stéréotype en essayant de brasser des bières différentes, comme des blondes ou des IPA, sous le vocable bière de Noël.

On parle d’ailleurs de plus en plus de 'bière d’hiver' que de bière de Noel, pour essayer de prolonger l’intérêt du consommateur. Car passé le 24 décembre, ce genre de bière est invendable sous l’appellation bière de Noël.

Laurent Munster nous dévoile ici ses coups de coeur pour cette fin d’année !

La Moneuse de Noël

La Moneuse de Noël est produite par la Brasserie de Blaugies à Dour. On est ici dans une des brasseries les plus authentiques de Belgique, l’un des coups de cœur de Laurent Munster. Ce sont des pionniers, car ils sont installés depuis 1988 et c’est maintenant Kevin, le fils des fondateurs, qui est à la tête de cette brasserie 100% familiale.

Cette Moneuse de Noël est en fait la revisite de leur première bière, la Moneuse, qui est une strong ale, une blonde forte et sèche titrant à 8%. Pour l’adapter en version Noël, ils ont ajouté un malt un peu plus torréfié, pour une couleur cuivrée, et du sucre candy, pour apporter le côté gourmand et caramel à la bière.

Petite anecdote : cette brasserie, qui ne travaille qu’avec des produits locaux, va puiser l’eau nécessaire au brassage directement dans la nappe phréatique sous la brasserie, par 60 mètres de profondeur. Une eau de super qualité, ce qui explique aussi pourquoi on a une super bière, précise Laurent Munster.

Laurent Munster recommande la Brasserie de Blaugies non seulement pour sa gamme de bière, incroyable dans sa simplicité et dans son rapport qualité-prix, mais aussi pour le restaurant adjacent tenu par le second fils des fondateurs et spécialisé dans la viande et produit dérivés, servis bien sûr avec les bières de la brasserie.

Il suggère de déguster cette bière de Noël avec un bleu style roquefort ou Stilton. Le côté légèrement liquoreux et caramélisé de la bière va se marier parfaitement avec le côté salin du fromage et venir adoucir son goût un peu fort.

La Val Dieu de Noël

Preuve une fois de plus que l’on peut être estampillé Noël et rester sur une bière blonde et légère ne titrant qu’à 7%, Val Dieu propose une bière de Noël dont la petite spécificité est l’ajout de porto blanc à l’embouteillage. Pour une saveur très légère et discrète, mais bien présente.

Cette grosse brasserie est située à Aubel et est installée dans une ancienne abbaye, l’abbaye de Notre-Dame du Val-Dieu, qui a été fondée en 1216 par des moines venus de Hocht, près de Maastricht. La brasserie est indépendante et les bières ne peuvent donc pas porter le nom de trappiste.

L’accord suggéré serait les célèbres boulets liégeois à la sauce Valdieu de Noël.

A noter que l’abbaye et le site de production se visitent !

La Winter Paradox

La brasserie Schockmel est installée à Rèves, dans le Hainaut, depuis 2018, et a été fondée par Nicolas Schockmel, chimiste de formation.

C’est une micro brasserie. Il s’agit là d’une activité complémentaire, Nicolas brasse seulement par petits volumes de 200 litres. Sa production annuelle est de 80 hectolitres seulement, là où Val Dieu est à 35.000 hectolitres, par exemple.

La spécificité de la Winter Paradox est d’être brassée avec des malts spéciaux caramel, sans épices. Elle présente une grosse amertume, liée au houblon chinook à l’ébullition. Un dry hopping avec des copeaux de fût de whisky macérés dans du whisky pendant 2 semaines, apporte une touche liquoreuse et boisée à la bière et lui donne son étiquette Noël.

Pour un accord parfait, servir avec des carbonades ou des plats en sauce, comme le gibier.

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Retrouvez les bons conseils de Laurent Munster sur son site Mi-orge, mi-houblon

et écoutez sa chronique ci-dessus, dans Tendances Première

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