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Une bière sera enfin brassée à l’abbaye de Maredsous mais pas une trappiste

Une bière sera enfin brassée à l’abbaye de Maredsous mais pas une trappiste. Photo d’illustration.

© Anne Pollart – RTB

Tous les amateurs de bière connaissent la Maredsous mais combien savent qu’aucune des trois variétés – la blonde, la brune et la triple – n’est brassée dans l’abbaye ? Toutes sortent des cuves de la Brasserie Duvel-Moortgat à Puurs. Cela va pourtant changer puisqu’une microbrasserie vient d’être inaugurée au sein même de l’abbaye namuroise. On y produira des bières disponibles exclusivement sur place. Mais pas question de revendiquer le titre de trappiste, on vous explique pourquoi.

Maredsous : près de 600.000 visiteurs par an mais une bière brassée près d’Anvers depuis 60 ans

C’est un beau cadeau d’anniversaire. À l’occasion de ses 150 années d’existence, l’abbaye de Maredsous s’est offert une microbrasserie. Cela intéressera les nombreux visiteurs qui remontent la charmante vallée de la Molignée chaque week-end et durant les vacances. Ils étaient 582.000 l’an dernier, ce qui fait de Maredsous l’une des attractions les plus populaires de Wallonie. Ils y dégustent généralement une tartine ou un croque-monsieur, le tout arrosé d’une bière au sigle de l’abbaye.

Les trois variétés sont brassées en Flandre dans la province d’Anvers par la Brasserie Moortgat, comme l’explique Frédéric De Gezelle, son responsable de la communication : "Maredsous a toujours attiré de nombreux pèlerins et visiteurs, surtout au lendemain de la dernière guerre, une ligne de train existait même jadis avant d’être transformée en Ravel ou en parcours de draisines. Il fallait nourrir et abreuver ces gens, une première bière a donc été créée dès 1947 mais en fait, elle n’a jamais été brassée à Maredsous. Au début, c’était une petite brasserie locale qui s’en chargeait mais depuis 60 ans, c’est Duvel-Moortgat, et une nouvelle convention vient d’ailleurs d’être conclue pour prolonger la collaboration pour 20 années supplémentaires."

Une microbrasserie pour produire des bières de saison, en quantité limitée, à boire sur place

Aucune bière fabriquée à Maredsous ? Cela va changer, la brasserie anversoise vient d’installer une microbrasserie dans l’ancienne cafétéria, dans l’aile nord de l’abbaye. Le projet est d’y brasser 10.000 litres de bière par an, un petit tirage qui n’a rien à voir avec les 3 variétés classiques produites à Puurs : "L’idée est de brasser des bières de saison en quantité limitée, par exemple une fruitée pour l’été ou une spéciale pour l’hiver, à boire lors du marché de Noël qui attire toujours beaucoup de monde à Maredsous. La première qui est servie actuellement est la bière du 150e anniversaire de l’abbaye. Ces breuvages ne seront servis ou vendus que sur place, dans la toute nouvelle brasserie restaurant au style contemporain qui vient d’ouvrir dans l’Espace Saint-Joseph, le centre de visite de l’abbaye."

La boire, c’est bien, mais voir comment cette nouvelle bière est produite, c’est mieux. Cette microbrasserie ultramoderne pourra être admirée et visitée par le public dès le congé de Carnaval. Bernard Torlet est directeur de l’Espace d’accueil St-Joseph : "Les visiteurs pouvaient déjà découvrir l’abbaye et notre petit musée de la fromagerie, ils pourront désormais parcourir notre nouvelle microbrasserie et la houblonnière que nous avons créée pour l’alimenter en houblon. Comme dans toute brasserie qui se respecte, la visite se terminera bien sûr par une dégustation de nos 4 bières, les 3 classiques et celle produite ici. Les visites auront lieu les week-ends et durant les vacances scolaires, elles débuteront d’ailleurs le samedi 18 février, premier jour du congé de Carnaval, et le prix sera de 14 euros par adulte."

Comme son nom le laisse deviner, Michel Moortgat est le patron de Duvel-Moorgat, il est ravi de l’expérience qui n’est pas une première : "Il s’agit de la deuxième microbrasserie que nous construisons, après celle de notre site de Puurs. Ces microbrasseries permettent à nos brasseurs de montrer leur savoir-faire, tout en étant en mesure de répondre rapidement aux souhaits et aux goûts des consommateurs. Le développement de bières très spécifiques en quantités limitées s’inscrit parfaitement dans cette philosophie."

"Pourquoi pas une trappiste ? Cela impliquerait de changer notre identité"

Quand on évoque une abbaye qui brasse de la bière en son sein, on pense immanquablement à une trappiste. Pourtant, la nouvelle bière produite à Maredsous ne portera pas ce label très recherché. Bernard Torlet s’en explique : "Pour être qualifiée de trappiste, une bière doit remplir un certain nombre de conditions assez strictes comme être brassée sur le site même de l’abbaye, sous la supervision des moines et avec un objet social, c’est-à-dire un but qui n’est pas de faire du profit pur mais de nourrir un projet, par exemple en consacrant une partie des recettes au bénéfice d’associations ou de plus démunis. Nous remplissons toutes ces conditions mais la dernière est un obstacle majeur, c’est l’appartenance à la communauté cistercienne. Maredsous est une abbaye bénédictine et malgré tout le respect dû aux moines trappistes qui appartiennent à l’ordre cistercien, il n’est pas envisageable de changer d’orientation."

Les seules bières trappistes authentiques de Belgique resteront donc celles des abbayes d’Orval, Rochefort, Chimay, Westmalle et Westvleteren. La sixième, celle d’Achel dans le Limbourg, a perdu son titre en 2021 car plus aucun moine ne résidait à l’abbaye St-Benoît pour des raisons d’âge et de santé. Ailleurs dans le monde, il existe d’autres trappistes : La Trappe et Zundert aux Pays-Bas, Engelszell en Autriche, Tre Fontane en Italie, Tynt en Grande-Bretagne et Spencer aux Etats-Unis. Toutes sont réunies sous le label "Authentic trappist product" créé en 1998.

Avec ou sans appellation "trappiste", le père abbé de Maredsous, Bernard Lorent, est ravi de cette nouvelle bière : " nous sommes très reconnaissants envers nos partenaires depuis des décennies, la brasserie Duvel-Moortgat et la fromagerie Bel-Belgique car nous sommes convaincus que le projet apporte une grande valeur ajoutée à l’expérience. Pour les deux parties, il s’agit d’une manière unique de démontrer leur savoir-faire dans le cadre exceptionnel de notre site abbatial".

Et le fromage de Maredsous, est-il vraiment produit sur place ? La réponse n’est pas simple

Qui dit Maredsous, dit bière mais aussi fromage. Si la boisson houblonnée a attendu 150 ans avant d’être produite au sein de l’abbaye, le fromage, lui, peut se vanter d’avoir un ancrage local plus ancien et plus durable. Encore que… en fait, tout dépend de quel fromage on parle.

Pour les blocs de Maredsous, les choses sont claires, ils sont produits sur place mais pas par les moines. Mohamed Zariouhi est directeur général de Bel Benelux : "Outre les 150 ans de l’Abbaye, cette année marque également les 70 ans de création du fromage de Maredsous. Ce fromage, créé par les moines pour accompagner la bière et aujourd’hui ancré dans la vie des Belges, est toujours affiné à la main à 350 mètres de l’abbaye, avec de l’eau de source d’ici-même, à Maredsous. Une région qui nous tient à cœur : à partir de 2023, Bel Belgique soutiendra Les Stations de Plein Air, une résidence namuroise accueillant depuis près de 80 ans des enfants porteurs de handicap".

Mais pour les autres produits fromagers portant la marque Maredsous, c’est autre chose. Que ce soit les Fagotin ou les fromages fondus vendus en barquettes, ils sont produits ailleurs en Belgique voire à l’étranger. Bel, la marque aussi de Vache qui rit, Babybel, Kiri ou Boursin, possède des unités de production dans une vingtaine de pays dans le monde.

Des fromages qu’on trouve un peu partout dans les supermarchés, tout comme les 3 bières classiques de Maredsous. Mais pour celle qui est désormais brassée sur place, il faudra donc se déplacer. Idem pour goûter à une autre spécialité locale, le croque-monsieur, véritable vedette de l’abbaye. C’est bien simple, pour le Père abbé, "C’est le meilleur du monde, voire de l’univers".

Sur le même thème : Extrait JT (26/01/2023)

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