Economie

Une bonne performance en Coupe du Monde est-elle bonne pour la croissance ?

Le marché matinal

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Le coup d’envoi de la Coupe du Monde a été donné ce dimanche soir, et si toutes les équipes espèrent évidemment aller le plus loin possible, pour la beauté du sport, une belle performance est-elle aussi payante d’un point de vue économique pour un pays ?

D’un point de vue très concret, aller en Coupe du Monde rapporte d’abord à l’équipe qui participe. Ainsi, la FIFA octroie environ 40 millions d’euros à la fédération dont l’équipe gagne la Coupe du Monde, 30 millions pour le finaliste, 17 millions pour les demi-finalistes et cela descend jusqu’à 9 millions pour l’équipe éliminée au premier tour.

Une partie de cet argent est reversée aux joueurs, qui touchent alors 10% à 30% de ce montant. Le solde, 70% à 90%, va donc à la fédération. Et les fédérations, en tout cas en Belgique, sont des asbl qui ne sont pas censées faire de bénéfice. La fédération belge indique donc que les bons résultats des Diables rouges depuis une dizaine d’années permettent de financer d’autres projets liés au football, comme le développement du football féminin.

Quelles retombées indirectes pour l’État ?

Les retombées pour l’État lui-même sont très difficiles à mesurer. Si de nombreuses études ont déjà tenté de comparer la croissance du PIB avec le classement des nations au ranking FIFA, le lien causalité n’est pas du tout établi. Certains économistes évoquent un esprit d’euphorie : quand l’équipe gagne, la population et les entreprises peuvent avoir un petit regain de bonheur, de confiance… et on sait que la confiance peut jouer sur la consommation donc le PIB.

"C’est l’aspect émotionnel qui peut mener à acheter des produits, comme des éléments de merchandising vendus par la fédération, mais c’est à relativiser. Même en gagnant la Coupe du monde, il ne faut pas croire que des centaines d’entreprises voudront ouvrir une filiale en Belgique dans la semaine qui suit", analyse Jos Verschueren, économiste du Sport à la VUB.

Pour être précis, lors de la Coupe du Monde 2018, un bureau d’étude lié à l’assurance Allianz avait estimé que la France avait gagné 0,1% de croissance grâce à sa victoire finale. C’est bien mais ça ne révolutionne pas la santé économique d’un pays et surtout c’est très très éphémère.

Une augmentation du bonheur (national brut)

Etant donné qu’un bon résultat peut mener à un sentiment d’euphorie ou de bonheur, le bonheur national brut (BNB) est légèrement augmenté si son pays réalise un bon résultat d’après Luc Arrondel, économiste au CNRS en France, spécialiste de l’économie du football. "Si on mesure le bonheur sur une échelle de zéro à dix, on s’aperçoit qu’il augmente. C’était par exemple le cas pour la population française pendant l’Euro 2016, lorsque l’équipe nationale était arrivée en finale."

Cette légère augmentation du bonheur, comme le petit boost de croissance, est également très éphémère et retombe quelques semaines après la fin de la compétition. Ce qui peut vraiment influencer la confiance des ménages et donc la croissance : c’est la baisse du chômage ou la hausse des salaires et pour cela, Lukaku, Hazard et De Bruyne, aussi doués soient-ils ne peuvent pas y faire grand-chose.

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