Une coque d’isolation autour des immeubles pour améliorer leur performance énergétique

C’est un lifting, après 60 ans de bons et loyaux services. Les barres d’immeubles sociaux de l’avenue Degreef à Jette ont été construites en 1958. Aujourd’hui, elles sont en pleine mue. Certaines façades sont terminées. D’autres, ressemblent encore à des patchworks. Depuis fin 2019, la société immobilière de service public Lojega a décidé de rénover les façades.de ces barres d’immeubles. Elle a fait le pari de faire du neuf avec du vieux. Paul Arsène, directeur du Patrimoine de Lojega nous explique : " Pas question, pour nous, de démolir ces immeubles. .D’abord, ils ont déjà nécessité beaucoup d’énergie pour les fabriquer. Les démolir et en fabriquer de nouveaux ne feront qu’alourdir la facture énergétique. Ensuite, nous ne voulons pas expulser les locataires et détruire un tissu social construit dans ces immeubles au fil des décennies. "

L’idée de cette société immobilière est donc de construire un manteau autour de ces immeubles pour améliorer leur performance énergétique. Paul Arsène enchaîne : " Les auteurs du projet ont opté pour une isolation en laine de roche de 18 centimètres d’épaisseur avec une façade ventilée en bardage métallique. "

Des carrés d’1 m2 de laine de roche sont agrafés à la façade. Ensuite un bardage métallique est posé au-dessus. Le directeur de patrimoine de Lojega estime à 45.000 euros par appartement, le coût de cette rénovation. Mais il évalue à 40% l’économie d’énergie qu’elle apporte. Très bientôt, de nouvelles chaudières au gaz nettement moins énergivores succéderont à celles présentes dans les caves des immeubles.

Valentine Zongo est concierge de l’un de ces immeubles depuis 16 ans. Elle connaît tous ses habitants mais surtout elle a vécu, avec eux, les nuisances des travaux depuis deux ans. Il n’empêche, elle ne voit que du positif dans cette remise à neuf : " On a de nouvelles façades. C’est surtout bien pour l’isolation. Il y a longtemps qu’on l’attendait. Quand on doit faire des travaux avec des personnes dedans ce n’est pas toujours facile. Mais comme c’était vraiment pour notre bien, nous avons supporté. Donc, nous sommes contents. "

A quelques centaines de kilomètres de Bruxelles, à l’est d’Amsterdam, le petit quartier d’immeubles sociaux de T’Harde subit les mêmes rénovations. Mais le chantier, ici, ne durera pas aussi longtemps, quelques semaines à peine. Il s’agit toujours, comme à Jette, d’isoler des immeubles par l’extérieur mais en utilisant de grands panneaux en polyéthylène avec armature métallique qui se fixent sur les parois des maisons comme un grand mécano. L’installation peut se faire en une journée. Mais l’installation de double vitrage, ou la construction d’une nouvelle toiture avec panneaux photovoltaïques peut prendre un peu plus de temps. Le gros du travail est en fait réalisé en usine. Les panneaux sont montés à dimension dans l’atelier RC Panels de Lemelerveld. Une grosse partie de la chaîne de fabrication est robotisée. Lianda Sjerps-Koomen, la responsable communication de la société RC Panels nous explique : Cette façon de rénover va vite parce qu’on prépare presque tout en usine, de façon que l’habitant ne soit pas gêné par cette préparation. La façade arrive sur le chantier avec les fenêtres, les portes et tous les éléments de façade. L’un des avantages, c’est que c’est très économe en énergie. Donc d’un seul coup vous avez déjà diminué de 60 à 70% votre facture d’énergie. Donc l’économie est déjà énorme, et la ventilation est très bonne et puis, c’est aussi vraiment chouette de pouvoir choisir ce à quoi la maison va ressembler. "

Si des lignes de production industrielles de ce type, n’existent pas encore en Belgique, Thomas Scorier, le président de la confédération nationale de la construction et CEO de TS construct reconnaît que c’est une filière d’avenir : " Arriver avec des caissons préfabriqués, on optimise les temps sur chantier. On optimise aussi le travail en atelier parce qu’il est beaucoup plus précis et plus fin. Et dans de meilleures conditions de travail aussi. On met des machines pour que les ouvriers soient toujours à la bonne hauteur pour travailler. "

Beaucoup trop d’immeubles en Belgique sont des passoires énergétiques et leur isolation s’impose assez rapidement plaide-t-il :

" Il faudrait aujourd’hui tripler voire quadrupler la rénovation des bâtiments si nous voulons atteindre les objectifs européens d’émission de CO2. L’isolation externe est l’une des plus simples parce que dès qu’on touche à l’intérieur on doit toucher à l’installation électrique, aux radiateurs. C’est très compliqué à l’intérieur. "

Un exemple ? Celui de Bruxelles. Sur un parc immobilier de 500.000 logements, Bruxelles compte à peine 2000 logements passifs. En réalité,

85% du parc immobilier belge est vétuste et constitué de " passoires énergétiques ". Résultat, la Belgique a une consommation moyenne de chauffage résidentiel 70% plus élevée que celle de ses voisins européens.