Imaginez avoir une dent implantée dans votre joue, puis dans votre œil… L’expérience peut sembler insolite et douloureuse mais elle permet en fait à des personnes aveugles de retrouver la vue. C’est ce que l’on appelle l’ostéo-odonto-kératoprothèse. Derrière ce terme mystérieux se cache une intervention quasi miraculeuse et très complexe. On vous explique tout !
Prothèse mixte
En fait, l’ostéo-odonto-kératoprothèse consiste à réaliser une prothèse oculaire à base de tissu dentaire. Mais pourquoi une association aussi inattendue ?
La cornée de l’œil peut parfois s’abimer et dans les cas les plus graves, ces blessures provoquent la cécité. Le seul recours est généralement la greffe de cornée. Mais outre le fait qu’il y a une pénurie d’organes et que la liste d’attente est longue, cette opération délicate ne fonctionne pas à tous les coups.
Pour ces cas malheureux, il existe donc une opération de la dernière chance : c’est la technique de l’ostéo-odonto-kératoprothèse. Elle consiste à prélever une dent avec des tissus de la mâchoire du patient et à la retailler pour en faire une sorte de petit berceau. Le chirurgien va ensuite y insérer un petit cylindre en plexiglas, qui va servir à recueillir la lumière et l’amener jusqu’au fond de l’œil, vers la rétine.
Greffon dans la joue
Puis cet ensemble va être mis en nourrice pendant 3 mois à l'intérieur de la joue du patient, de manière à ce qu’il soit colonisé par des tissus plus mous. Le tout, morceau de dent compris, sera ensuite prélevé et greffé dans l’œil.
Ce greffon peu banal va alors s'attacher à la structure oculaire grâce à la présence des tissus mous, et remplir son office : le petit plexiglas à l’intérieur du " berceau dentaire " va recueillir la lumière extérieure et l’apporter jusqu’à la rétine, où se trouvent les cellules chargées de transformer la lumière en impulsions électriques vers le cerveau. C’est ainsi que des personnes totalement aveugles peuvent retrouver une certaine acuité visuelle.
La dent, un tissu solide
Mais pourquoi utiliser un morceau de dent plutôt qu’un autre tissu ? Tout simplement parce que la dent est solide, et qu’elle a la caractéristique de ne pas se résorber dans cette situation : elle va donc assurer la rigidité du greffon et permettre à l’ensemble de tenir.
Un espoir, mais une portée encore limitée
Ce traitement complexe représente un véritable espoir pour les patients, mais son recours est encore très limité. D’abord parce qu’il ne concerne bien sûr que les patients pour lesquels la greffe de cornée a échoué. Mais aussi parce qu’il s’agit d’une technique de pointe qui, actuellement, n’est réalisée que par une dizaine d’équipes dans le monde… Mais bonne nouvelle pour les Belges : l’une d’elle se trouve dans notre pays, au CHU de Liège !
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