C’était attendu : le Conseil supérieur de la santé recommande une dose supplémentaire pour ceux qui ont reçu le vaccin de Johnson&Johnson, développé par Janssen chez nous. Ce mercredi, les différents ministres de la santé du pays s’appuieront sur cet avis pour déterminer les modalités de vaccination de cette dose pour "booster " l’immunité des vaccinés.
"L’étude qui vient d’être réalisée aux Etats-Unis sur plus de 700.000 personnes démontre que la protection assurée par le vaccin Johnson&Johnson s’effrite de façon significative avec le temps, explique Michel Goldman, professeur d’immunologie et de pharmacothérapie à l’Université libre de Bruxelles. Ces résultats sont tout sauf une surprise : on sait que les vaccins qui sont basés sur cette technologie nécessitent deux doses pour induire la production de quantités élevées d’anticorps protecteurs, et surtout leur persistance pendant plusieurs mois. Il n’est donc pas étonnant que la protection fléchisse rapidement lorsque l’on n’a reçu qu’une seule dose, et ce en particulier chez les sujets seniors, qui sont les plus vulnérables".
Une dose urgente pour les seniors et les plus vulnérables…
Un booster est donc urgent pour les plus fragiles : "Dans cette étude, cette moins bonne protection se traduit par une hausse des décès dans la tranche d’âge des plus de 65 ans" souligne Michel Goldman.
Mais comment se fait-il qu’on n’ait conseillé qu’une seule dose dans un premier temps alors ? "Ce vaccin à une dose a été très utile pendant la vague précédente pour éviter des formes graves durant les quelques mois qui suivent la vaccination" rappelle Michel Goldman. De plus, "les vaccins AstraZeneca et Johnson et Johnson, dont on parle souvent ensemble, car ils sont basés sur la même technologie, à vecteur adéno-viral, induisent globalement une protection d’anticorps inférieure à celle des vaccins à ARN messager (Pfizer et Moderna), mais ils ont par contre l’avantage d’assurer, lorsqu’ils ont été donnés avec deux doses, une protection un peu plus prolongée que les vaccins à Arn".
C’est ce qui explique que l’on conseille une troisième dose à ceux qui ont reçu le Pfizeer ou le Moderna, parce que la protection est plus courte, et une deuxième de Johnson&Johnson… parce que la première n’est pas suffisante : "Je pense que le fait de développer ce vaccin à une dose a été un pari stratégique de la firme à un moment où on avait un besoin urgent de vaccins, et où le variant qui circulait était beaucoup moins problématique que le variant delta auquel nous sommes confrontés aujourd’hui. Et ceci a permis en effet de protéger rapidement un grand nombre de personnes qui ont reçu ce vaccin. Mais la firme savait très bien qu’elle devrait passer sans doute à un moment donné à un schéma à deux doses, d’autant que d’autres vaccins qu’elle développe, en particulier à l’égard du virus Ebola, sont basés sur deux doses".
…mais bientôt pour les autres aussi
"Aujourd’hui on est dans une situation où pour des raisons différentes, un rappel est utile pour les deux types de vaccin, en tout cas pour certaines populations, les plus âgées, les plus vulnérables" résume Michel Goldman.
Les plus fragiles… dans un premier temps, du moins : "Il faut voir que l’urgence pour cette dose de rappel, elle est surtout là pour les sujets plus vulnérables et les sujets les plus âgés. Mais il ne faut pas se faire d’illusion, insiste Michel Goldman : cette dose de rappel va s’avérer nécessaire dans les semaines, les mois qui viennent : aux Etats-Unis, on propose le rappel dès le troisième mois après le Johnson & Johnson".
Reste à savoir quel type de vaccin sera administré en guise de rappel : "Théoriquement, ça pourrait être une dose de Johnson & Johnson, mais ça pourrait être aussi un vaccin à ARN messager, on verra ce que nos autorités décident. On sait que le fait de combiner des vaccins avec des technologies différentes permet d’induire des réponses plus fortes et plus persistantes."
Le Conseil ne se prononce pas encore, par contre, sur une troisième dose pour les Belges qui ont été vaccinés avec le vaccin AstraZeneca.