Belgique

Une étude répertorie près de 400.000 cellules liées à l’endométriose, "un travail de titan"

© Getty Images

Un atlas de tous les types de cellules qui contribuent à l’endométriose. C’est ce qu’ont réalisé des chercheurs américains du Centre médical Cedars-Sinai à Los Angeles. Ils présentent le résultat de leurs recherches dans l’importante revue Nature Genetics. Ils ont étudié 400.000 cellules de 21 patientes, dont 17 souffrent d’endométriose (les autres servant de témoins).

"C’est un travail de titan, même si le nombre de patientes est restreint. D’un point de vue de la recherche fondamentale, cette étude est magnifique", commente le Professeur Michelle Nisolle, gynécologue, spécialiste de l’endométriose à l’hôpital de la Citadelle de Liège.

D’un point de vue de la recherche fondamentale, cette étude est magnifique

L’étude devrait permettre de mieux comprendre cette maladie qui touche 10% des femmes. L'endométriose est une maladie gynécologique inflammatoire. Pour rappel, l’endomètre est le tissu qui tapisse l’utérus. En l’absence de fécondation, l’endomètre est éliminé via les règles. Chez les femmes qui souffrent de cette maladie, une partie de ce tissu utérin migre vers d’autres organes, et peut alors provoquer des lésions, des adhérences et des kystes ovariens.

Avec pour résultat des symptômes comme des douleurs pendant les règles et/ou pendant les rapports sexuels, des douleurs lombaires ou encore de l’infertilité.

Les mutations responsables

L’étude américaine vise à disséquer les composants de l’endométriose. "Quand on regarde au microscope, explique le Professeur Michelle Nisolle, on voit que l’endométriose est composée de cellules épithéliales et de cellules stromales. Quand on a de l’endométriose, ce sont ces deux composants qui se retrouvent en dehors de la cavité utérine. L’intérêt de l’étude, c’est qu’ils ont séparé les cellules épithéliales des cellules stromales et analysé, au niveau cellulaire, les mécanismes et les mutations génétiques de ces cellules. L’idée est de trouver des mutations qui seraient responsables du développement de l’endométriose."

Différences moléculaires

Les chercheurs ont notamment pu identifier les différences moléculaires entre les principaux sous-types d’endométriose, notamment l’endométriose péritonéale (membrane qui tapisse la cavité abdominale) et l’endométriose ovarienne.

"L’identification de ces différences cellulaires devrait nous permettre de mieux comprendre les origines, la progression naturelle et les cibles thérapeutiques potentielles de la maladie", explique Matthew Siedhoff, vice-président du Département de Gynécologie du Cedars-Sinai et coauteur de l’étude. Actuellement, les seuls traitements possibles de l’endométriose sont des traitements médicaux hormonaux ou chirurgicaux.

Test sanguin? 

Kate Lawrenson, professeure associée au Département d’Obstétrique et de Gynécologie du Centre médical Cedars-Sinai et coauteur de l’étude, se montre également enthousiaste.

Sur le site d’information médicale Medical News Today, elle explique que ses recherches pourront aussi aider à mieux diagnostiquer la maladie. Un point crucial quand on sait qu’en moyenne, il faut attendre entre 5 et 10 ans entre les premiers symptômes et le diagnostic.

"Nous avons besoin de toute urgence d’un test sanguin pour l’endométriose, explique-t-elle, et c’est désormais l’une de nos principales priorités de recherche en laboratoire. Nous avons été encouragés par le fait de constater que, dans l’endométriose, plusieurs types de cellules surproduisent les mêmes gènes, ce qui devrait faciliter la détection de ces gènes dans le sang."

Ouvrir des portes

Le Professeur Nisolle tempère : "On n’en est pas encore là. C’est un travail de recherche fondamentale extraordinaire, ça ouvre les portes, mais on est encore loin du diagnostic et loin de la thérapeutique."

La recherche fondamentale reste malgré tout d’autant plus primordiale que, dans ce domaine, on dispose encore de peu de données. "Il est plus difficile d’obtenir des financements pour des études sur l’endométriose que pour des études en cancérologie, car l'endométriose n'est pas mortelle.", explique Michelle Nisolle. L’intérêt pour cette maladie typiquement féminine n’est par ailleurs apparu que très tardivement

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