Lux Aeterna, c’est le titre d’une série réalisée par Pascale Tison : une vaste évocation de la mort dans ses ramifications intimes, du deuil à la Near Death Experience ou Expérience de Mort Imminente.
Découvrez ici les premiers épisodes.
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Lux Aeterna, c’est le titre d’une série réalisée par Pascale Tison : une vaste évocation de la mort dans ses ramifications intimes, du deuil à la Near Death Experience ou Expérience de Mort Imminente.
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Gabriel Ringlet, auteur du très beau livre Vous me coucherez nu sur la terre nue (Albin Michel), nous parle de l’accompagnement des mourants.
À l’approche de la mort, François d’Assise confiait à ses compagnons son souhait de reposer un moment " nu sur la terre nue ". C’est le sens de ce dévêtement ultime qu’explore Gabriel Ringlet, pour apporter un éclairage nouveau sur la fin de vie et son accompagnement.
À partir de témoignages bouleversants, dont certains lui sont parvenus après le succès de son livre Ceci est ton corps, l’écrivain et théologien prend le parti de l’infinie douceur pour offrir un viatique qui trouve sens pour chacun.
Il témoigne également de son expérience dans un centre de soins palliatifs et donne alors toute sa place à l’écoute et au rituel pour les personnes qui en font la demande. Les mots justes s’allient aux gestes simples pour cet adieu si singulier.
Une méditation sur la nudité de l’absence, une célébration de la vie.
"Nous sommes orphelins de nos sens, nous nous exprimons très très peu, regrette Gabriel Ringlet. Alors que là où il y a de grands enjeux, notamment autour de la mort, le toucher, l'ouïe, tous les sens sont extrêmement importants. Je trouve cela tout à fait fondamental, l'accompagnement du mourant par tous les sens."
"Je suis très frappé de la manière dont les enfants sont capables d'approcher la souffrance, et même d'approcher la mort, de manière si simple, si naturelle, si fondamentale. C'est là que j'ai tout appris dans mon propre toucher. Je pense qu'il faut absolument permettre à l'enfance d'approcher la mort."
Gabriel Ringlet aborde la question de l'euthanasie d'une façon très novatrice.
"Je pense qu'il n'y a pas de passage dans l'Evangile où il est dit qu'une souffrance ne doit pas être accompagnée. Or quand on a tout tenté, notamment en soins palliatifs, il faut d'abord avoir le courage de dire, et beaucoup de médecins ont de plus en plus ce courage, qu'on n'a pas réponse à toutes les souffrances. Donc sur le plan éthique, j'accepte qu'il y ait des solutions d'impasse, où nous soyons parfois appelés à une transgression et que cette transgression puisse avoir un sens éthique tout à fait respectable. Cela reste une transgression, heureusement. Mettre fin à la vie de quelqu'un, ça reste une transgression fondamentale. Heureusement que la loi belge de 2002 dit que c'est une transgression et donc il s'agit de dépénaliser un acte qui ne doit pas être banalisé. Mais cette transgression peut nous faire grandir et est pleine de sens sur le plan éthique."
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Inès Rabadan, cinéaste, et Alexander Louvet, musicien, évoquent leur père. Comment leur parler aujourd’hui qu’ils ne sont plus ? Comment les aident-ils toujours dans leur quotidien ?
Inès Rabadan : "Mon projet son-image 'Les Vivants' est vraiment parti de ce moment où je réalise, alors que mon père est mort depuis maintenant 15 ans, et que je le regrette toujours, fort, c'est quotidien. Mais ma relation à lui est complètement vivante, au sens où elle évolue. Alors que lui ne peut plus dire, réagir, la relation est vivante, par ce qu'il a pu me dire, ce que j'imagine qu'il aurait pu penser, ça continue à m'aider, à me faire réfléchir, à me faire évoluer. C'est quelqu'un qui joue un rôle dans ma vie, même s'il est mort."
"La voix, le son, comme la musique, c'est une émotion beaucoup plus atavique. J'ai des messages de mon père sur le répondeur, et je trouve que c'est plus troublant, plus émotionnant d'entendre la voix que de voir l'image."
Le site d'Inès Rabadan, cinéaste vidéaste
Pour Alexander Louvet, c'est la mort de son père qui les a rapprochés. "Quand on passe comme ça des heures dans l'hôpital ensemble, je me disais : qu'est-ce qu'on doit se dire ? Qu'est-ce qu'on a raté ? Ou qu'est-ce qu'on doit encore faire ? Finalement, il n'y a plus rien à dire."
"Celui qui meurt, je ne crois pas qu'il va quelque part, il va en nous-mêmes. Son esprit, son âme, tout ce qui est autour de lui, va en moi, dans ma famille et en partie dans ses amis. Et c'est pour ça que beaucoup de gens me disent : tu as changé. Mais justement, c'est parce que je reçois toute sa force. Et c'est ça qui est le grand cadeau, c'est ça qui est positif dans la mort."
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Ils sont plusieurs à avoir vécu une expérience de mort imminente, une EMI (ou NDE, Near Death Experience, en anglais).
L'expérience de mort imminente, c'est une mort clinique dont on revient. Elle s'accompagne d'éléments récurrents comme une grande lumière blanche, un tunnel, une expérience de décorporation, des rencontres avec des défunts, une source de paix ou d'amour. Tous ces éléments ne sont pas toujours là ou n'apparaissent pas toujours dans le même ordre.
Michèle-Anne De Mey, chorégraphe, en a tiré un magnifique spectacle, conçu avec Jaco Van Dormael, Amor (à voir à Bruxelles à Wolubilis les 19, 20 et 21 décembre).
" La lumière était très, très blanche, très forte mais en même temps très chaude. Il y avait une chaleur bienfaisante et très, très bonne, très, très enveloppante et bienfaisante. Il y avait des voix qui chuchotaient, qui était douces et puis surtout, surtout, surtout c’était un lieu plein, plein, plein d’amour. C’était … vraiment... l’amour avec un grand A comme si l’amour coulait, comme si la lumière était amour, c'est comme si… tout était amour, mais un amour tellement fort, tellement magique.
Il y avait des gens, des êtres et en fait je savais qu’ils étaient là.(...) Tout le monde était des femmes. Même si c’était des hommes c’était comme si c’était des femmes. C’était pas dans une enveloppe charnelle, c’était comme une présence et c’était des présences féminines. Et je savais que c’était Jaco, et voilà, les voix étaient chuchotées, tout doux (...)
C’était comme un moment de… d’aboutissement : ah enfin j’y suis. De bien-être mais vraiment total, total mais vraiment comme si…d’aboutissement, ah enfin, l’arrivée ultime et merveilleuse des choses en fait."
Après sa très longue EMI, Jean-Yves Leloup, prêtre, philosophe et écrivain, se convertit, commence ses recherches spirituelles et rejoindra les Dominicains à Toulouse avant de devenir prêtre orthodoxe.
"C'était un peu comme un oiseau qui sort de sa cage, comme si l'information qui anime mon corps avait une autonomie par rapport à la matière qui me constitue. Et comme si le vol sortait de l'oiseau et allait rejoindre l'espace.(...) Et c'est à partir de cet espace que quelque chose, quelqu'un m'a rappelé. Et je suis revenu. Le vol, l'espace est revenu dans 'oiseau, l'oiseau est revenu dans sa cage et moi je me suis retrouvé dans mon corps, un petit peu à l'étroit et pas exactement content. Parce que je me sens toujours un petit peu à l'étroit dans le corps que je suis aujourd'hui. Depuis, je recherche cet espace."
"Il y avait quelque chose d'essentiel, c'est que je savais qu'il y a en moi quelque chose qui ne meurt pas, qui n'appartient pas à l'espace-temps. Je me rends compte que ce qui meurt, ce n'est pas l'essentiel, ce n'est pas la vie. La vie ne meurt pas. Ce qui meurt, c'est la forme que prend ma vie dans ce corps, dans ce nom, dans toutes ces mémoires qui me constituent. Mais je suis cela mais je ne suis pas que cela. Il y a ce pur 'je suis' qui est là. "
Jean-Claude Neckelbrouck, directeur photo, vit un grand calme qui le trouble et trouble ses convictions.
"Je savais que j'étais électrocuté et après ça, tout a commencé à s'estomper, le picotement est devenu de plus en plus fort, c'est comme s'il se généralisait, qu'il passait de la main au bras, à tout le corps. Et à un certain moment, plus rien. Je ne sens plus rien. Un silence très étrange, un vrai silence, un silence où rien ne se passe.
Et petit à petit, je plonge dans le noir, enfin tout s'efface et à un certain moment, je ne qualifierais pas ça de confort, mais c'était quand même un moment de confort, où brusquement, enfin je ne sais pas si c'était brusquement, ni comment c'est venu, mais dans le silence, dans le noir, petit à petit des images de ma vie, surtout avec mes parents, se montrent. Des scènes que je reconnais avec mon père jouant au ballon, avec ma mère à Blankenberghe quand j'avais 6 ans... Les images deviennent de plus en plus claires, comme si, petit à petit, je m'engouffrais dans un tunnel blanc."
Jean-Jacques Charbonnier, médecin anesthésiste, tenant d’une conscience extraneuronale qui fonctionnerait comme émettrice et réceptrice, nous livre sa vision des choses. Il parle d'expérience de mort provisoire plutôt que de mort imminente.
"Il faut différencier la mort cérébrale qui elle est irréversible, c'est une mort clinique prolongée, où là on peut faire des prélèvements d'organes, on peut débrancher un respirateur, parce qu'on ne sait pas faire revenir à la vie des personnes en mort cérébrale. Mais on sait faire revenir à la vie des personnes en mort clinique. Donc c'est une mort provisoire. Et c'est très récent dans l'histoire de l'humanité. C'est la première fois que des gens sont capables de revenir de la mort et nous raconter ce qu'ils ont vécu de l'autre côté. (...)
Grâce aux progrès de la réanimation, on revient de la mort aujourd'hui. Et les gens nous racontent comment ça se passe, donc il faut les écouter. Pourquoi ne pas les croire ?".
Ecoutez ces deux épisodes sur les EMI
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Expérience universelle liée à la condition humaine, le deuil se donne dans une épreuve toujours intime et personnelle,...