Monde Moyen-Orient

Une fusillade fait sept morts à Jérusalem-Est : une "attaque contre le monde civilisé", selon Joe Biden

La police israélienne enquête sur la scène du crime après que 7 personnes aient été tuées dans une attaque armée dans une colonie juive de Jérusalem Est, le 27 janvier 2023.

© Mostafa Alkharouf/Anadolu Agency via Getty Images

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Par AFP et Belga, édité par Romane Bonnemé

Un Palestinien armé a tué par balles sept personnes vendredi soir près d'une synagogue à Jérusalem-Est pendant les prières du shabbat après des frappes israéliennes sur la bande de Gaza, dans un nouvel engrenage de violence meurtrière entre Israéliens et Palestiniens.

Cette fusillade, dont l'auteur a été abattu, est survenue à Neve Yaakov, quartier de colonisation juive à Jérusalem-Est, partie de la Ville sainte annexée par Israël, sur fond d'appels internationaux à empêcher une nouvelle escalade après 36H00 de violences en Cisjordanie, à Gaza et en Israël, et au soir de la journée mondiale à la mémoire des victimes de la Shoah.

"Il est particulièrement abject que cette attaque se soit produite sur un lieu de culte, et [en ce] jour de commémoration" du génocide des juifs par les nazis pendant la seconde guerre mondiale, a déclaré le porte-parole d'Antonio Guterres secrétaire général des Nations unies.

"Sept personnes innocentes ont été massacrées" par l'assaillant, un Palestinien résident de Jérusalem-Est âgé de 21 ans, qui a ouvert le feu dans la rue vers 20H15 (18H15 GMT), selon la police.

Il s'agit de "l'une des pires attaques que nous ayons subies ces dernières années", a déclaré sur place à la presse le chef de la police israélienne Kobi Shabtai.

Selon la police, "le terroriste a été neutralisé et déclaré mort" après une course poursuite en voiture et une fusillade avec des policiers.

"J'ai vu le terroriste arriver en voiture. Il s'est arrêté au milieu du carrefour, a ouvert le feu à partir de sa voiture" et a continué de tirer sur les gens qui s'approchaient pour aider les personnes touchées, a déclaré à l'AFP Shalom Borohov, un barbier de 48 ans habitant près de la synagogue.

Le Magen David Adom (MDA), équivalent israélien de la Croix-Rouge, a dit avoir recensé au total dix victimes touchées par balles, parmi lesquelles un homme de 70 ans et un adolescent de 14 ans. Un photographe de l'AFP a vu sur place trois corps allongés dans la rue.

"Réaction naturelle"

La nouvelle de l'attentat a été suivie par des scènes de liesse à Ramallah et dans la bande de Gaza par des habitants brandissant des drapeaux palestiniens, selon des journalistes de l'AFP. 

Tandis que sur les lieux de la fusillade, des dizaines d'Israéliens ont accueilli le Premier ministre Benjamin Netanyahu aux cris de "Mort aux Arabes !"

S'exprimant ensuite à la télévision, M. Netanyahu a promis "des mesures immédiates", sans plus de précisions, et a appelé les Israéliens à ne pas se faire justice par eux-mêmes mais à s'en remettre à l'armée et à la police. 

L'attaque de Jérusalem "est une réaction naturelle aux crimes de l'occupation (Israël, NDLR) contre notre peuple palestinien", a déclaré à Gaza Hazem Qassem, porte-parole du mouvement islamiste palestinien Hamas, en rappelant la mort, la veille, de neuf Palestiniens lors d'un raid de l'armée israélienne à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée. 

L'attentat a été condamné par le président américain, qui a appelé le Premier ministre israélien pour l'assurer de "l'engagement à toute épreuve des Etats-Unis pour la sécurité d'Israël".

Joe Biden a fustigé cette "atroce attaque terroriste" la qualifiant d'"attaque contre le monde civilisé", selon un communiqué de la Maison Blanche

Le porte-parole adjoint du département d'Etat, Vedant Patel, a confirmé le programme du chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, qui doit se rendre à partir de dimanche en Egypte puis lundi et mardi à Jérusalem et Ramallah.

Pendant ce voyage au Proche-Orient, M. Blinken discutera "de mesures à prendre pour une désescalade des tensions", a dit M. Patel.

Paris a condamné "l'effroyable attaque terroriste" à Jérusalem-Est, et Rome "un lâche attentat terroriste".

"Condamnation ferme" de l'ONU

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres "condamne fermement" l'attentat meurtrier contre une synagogue à Jérusalem-Est, "particulièrement abjecte" en ce jour de commémoration de l'Holocauste, a déclaré son porte-parole dans un communiqué.

"Il est particulièrement abject que cette attaque se soit produite sur un lieu de culte, et le jour de commémoration de la journée internationale de mémoire de l'Holocauste", a déclaré Stéphane Dujarric.  

"Il n'y a jamais aucune excuse pour des actes terroristes. Ils doivent être condamnés et rejetés par tous", a-t-il ajouté.  

"Le secrétaire général est profondément inquiet de l'escalade actuelle de la violence en Israël et dans les territoires occupés palestiniens", a-t-il encore déclaré, répétant l'inquiétude exprimée ces derniers jours notamment après la mort de neuf Palestiniens lors d'un raid des forces armées israéliennes dans le camp de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée.  

"Il est temps de faire preuve de la plus grande retenue", insiste le communiqué.  

Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni vendredi après-midi à huis-clos pour discuter de cette situation.

Enrayer l'escalade ?

Outre les neuf morts, le raid de l'armée israélienne à Jénine jeudi matin a également fait plusieurs dizaines de blessés. 

Israël l'a présenté comme une action préventive contre une cellule du Jihad islamique qui planifiait une attaque en Israël.

Les Nations unies n'ont pas recensé un bilan aussi élevé en une seule opération israélienne en Cisjordanie depuis qu'elles ont commencé à comptabiliser en 2005 les victimes du conflit israélo-palestinien.

Un dixième Palestinien a été tué jeudi par des tirs israéliens à Al-Ram, près de Ramallah, selon le ministère palestinien de la Santé.

En représailles, des roquettes ont été tirées dans la nuit de jeudi à vendredi vers Israël à partir de la bande de Gaza, territoire palestinien sous le contrôle du Hamas depuis 2007.

Israël a répliqué dans la nuit par des frappes aériennes contre ce que l'armée a présenté comme "une usine souterraine de fabrication de roquettes" du Hamas à Gaza. 

Aucune victime n'a été recensée dans ces échanges de missiles.

En réaction au raid israélien à Jénine, l'Autorité palestinienne a décidé de mettre fin à la coopération sécuritaire avec Israël, une première depuis 2020.

Sur le même sujet : extrait du JT du 28/01/23

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