Un portrait et une lettre de l’impératrice russe Catherine II viennent d’être vendus pour 1,3 million de dollars. Dans cette missive datant du 20 avril 1787, la souveraine ordonne d’organiser une campagne d’inoculation contre la variole. Un document historique qui fait écho aux difficultés actuelles liées à la vaccination contre le coronavirus, en Russie comme ailleurs.
Lorsque Catherine II écrit cette lettre, les épidémies de variole n’avaient rien d’exceptionnel. Elles surgissaient de façon cyclique, tous les dix ans, et décimaient les populations de tous les continents. Ceux qui survivaient à la maladie se trouvaient immunisés, mais souvent défigurés par d'anciennes cloques.
La "variolisation"
A l’époque, la vaccination n’existe pas encore. En effet, ce n’est qu’en 1885 que Louis Pasteur découvre le vaccin contre la rage.
Depuis l’Antiquité, on avait constaté que les personnes atteintes une première fois d’une maladie avaient peu de chance de retomber malades une seconde fois. A l'époque de Catherine II, des premiers procédés proches de la vaccination commençaient à émerger.
Il s’agissait alors de techniques dites de "variolisation" : le médecin prélevait le pus d’une cloque d’une personne infectée et frottait ce liquide infectieux sur une coupure d’une personne saine. Résultat : le patient contractait une forme bénigne de la maladie, et en était immunisé. Populaire en Orient, cette méthode a été introduite en Angleterre en 1718 par Lady Mary Wortley Montagu, épouse de l’ambassadeur d’Angleterre à Constantinople.
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En 1768, Catherine II devient la première personne de l’empire à tester cette technique – son époux Pierre III en était lui-même tombé malade. L’impératrice s’est donc fait inoculer un échantillon infecté par un médecin anglais : après une courte maladie, la souveraine fut déclarée guérie en octobre 1768.
C’est ainsi que l’impératrice commença à promouvoir la "variolisation" dans son pays.
Ce type d’inoculation devrait être généralisé partout
Dans cette fameuse lettre de 1787 adressée au Comte Piotr Roumiantsev, un gouverneur régional, elle indique notamment qu'"une des (tâches) les plus importantes doit être l’introduction d’inoculation contre la variole qui, comme nous le savons, cause de grands maux, en particulier parmi les gens ordinaires."
"Ce type d’inoculation devrait être généralisé partout", poursuit-elle dans sa missive.