Hainaut

Une nouvelle route d’accès vers le Parc Pairi Daiza?

L'accès au Parc

© copyright RTBF - Service Imagique

Par Xavier Mouligneau

Cela fait des années qu’on en parle mais cette fois le dossier semble sorti de l’ornière. Une nouvelle route par le Nord devrait être construite pour accéder plus facilement au Parc Pairi Daiza. Cela concerne trois communes en particulier, à savoir Brugelette, Ath et Silly. Elles ont été associées à la réflexion et sont appelées à donner maintenant leur feu vert, histoire d’avancer et espérer une concrétisation du projet dans des délais raisonnables.

Concrètement, la proposition mise sur la table par le ministre wallon Philippe Henry (Ecolo), en charge de la mobilité et des infrastructures, est de contourner par le Nord le village de Gages (entité de Brugelette) en longeant en partie le Bois de la provision, pour ensuite rejoindre la nationale 523 en direction de Silly. A un certain moment (by-pass dit de "Mauvinage"), une nouvelle route à travers champs sera aménagée vers la Nationale 57 Soignies-Ghislenghien. De quoi faciliter l’accès et le départ de visiteurs de Pairi Daiza, via l’autoroute A8 en provenance ou direction de Bruxelles ou Lille.

Enterré donc le précédent projet de contournement dit Ouest qui comprenait trois phases de travaux entre la N7 et Pairi Daiza. Pour le Ministre Henry, outre les contraintes techniques, "ce tracé était beaucoup plus conséquent et, il n’y avait surtout pas de financement disponible". Ici, le budget est estimé à 15 millions d’euros pour quelque 8 kilomètres de voiries. Qui plus est, le tracé proposé offre l’avantage de ne pas avoir d’impact sur la zone de captage de la SWDE, ni sur les conduites de l’OTAN et de Fluxys.

Limiter les nuisances

Il est clair que les autorités sont aujourd’hui au pied du mur face aux problèmes d’embouteillage et des nuisances engendrées par le trafic routier généré par la fréquentation du Parc Pairi Daiza. Les communes d’Ath, de Brugelette et de Silly sont au moins d’accord déjà sur un point, à savoir qu’il y a urgence. D’autant plus que le Parc qui accueille déjà plus de 2,2 millions de visiteurs par an ambitionne de franchir la barre des 3 millions dans les années à venir, en poursuivant ces aménagements pharaoniques. Certaines routes d’accès actuelles ne sont clairement pas adaptées à un tel flux de visiteurs. Pour Bruno Lefebvre, le bourgmestre socialiste d’Ath, on peut comprendre que Pairi Daiza soit un acteur important dans le développement économique de notre territoire mais il faut, affirme-t-il, trouver des solutions pour les habitants ne soient pas trop dérangés notamment par les questions de mobilité. "Je pense qu’on a trouvé une alternative intéressante tant pour le Parc que pour les citoyens. Tout le monde peut être gagnant, en ce compris les villages de Gages et de Gibecq qui étaient parmi les plus impactés".

Même son de cloche du côté d’André Desmarlières, le bourgmestre (PS) de la commune de Brugelette, qui accueille sur son territoire Pairi Daiza. Pour lui, ce contournement devrait clairement rendre un semblant de quiétude notamment dans le village de Gages où il a fallu, après une consultation populaire, instaurer un sens de circulation. Seul bémol : le fait que le premier tronçon entre le Parc et la nationale 523 va aboutir à proximité des deux dernières maisons du village. Pour lui, il faudrait essayer de modifier le tracé d’une centaine de mètres mais apparemment il se heurte à un non catégorique de la commune voisine de Silly. Et de déplorer également le fait que le fonctionnaire qui devait venir présenter le projet ce jeudi soir au conseil communal ait fait faux bond en dernière minute à cause d’un refus de sa hiérarchie…

Pairi Daiza poursuit de colossaux aménagements comme ici avec les travaux de la nouvelle entrée du Parc, travaux qui devraient être terminés pour le début de la saison prévue le 18 février prochain.
Pairi Daiza poursuit de colossaux aménagements comme ici avec les travaux de la nouvelle entrée du Parc, travaux qui devraient être terminés pour le début de la saison prévue le 18 février prochain. © X. Mouligneau - RTBF

Silly pose des conditions

De son côté, la commune de Silly marche sur des œufs. Déjà, elle a été échaudée par le fait de ne pas avoir été associée aux premières discussions. Ensuite, pas question d’accepter n’importe quoi et à n’importe quel prix, tant sur le plan des nuisances pour les habitants qu’au niveau de l’augmentation du trafic. D’où notamment la revendication d’un by-pass pour contourner le village de Gondregnies. Autre exigence : que les travaux soient réalisés en une seule phase et pas en deux tronçons. Violaine Herbaux, échevine sillienne de la mobilité (Liste du bourgmestre), c’est une condition sine qua non. "Ce deuxième tronçon est pour nous une condition indispensable de manière à empêcher un renvoi du trafic des visiteurs de Pairi Daiza vers les petites voiries communales des villages de Gondregnies, Fouleng, Thoricout ou encore Mauvinage. Il faut donc que les travaux se fassent de manière concomitante". Et Silly de poser aussi comme condition des aménagements et une réfection, vu son état, de la N523 entre Brugelette et Silly.

Le Ministre Henry se veut rassurant. Pour lui, on parle bien d’un seul chantier, question de facilités. Quant aux délais, il se veut plutôt optimiste. "Si les trois communes concernées marquent rapidement leur accord, on peut espérer une entame des travaux courant 2024". De quoi réjouir les responsables du Parc Pairi Daiza pour qui ces aménagements routiers sont capitaux. N’empêche, c’est sans compter sur les probables recours de certains propriétaires concernés et la question sensible des expropriations de terres agricoles.

Quant aux riverains, beaucoup attendent d’y voir plus clair dans le projet mais certains déplorent déjà les dégâts collatéraux. "En fait ", explique une riveraine originaire pourtant de Zaventem, "on a le choix entre deux maux, soit accepter la situation actuelle mais franchement difficile à vivre en période de forte affluence, soit on accepte plus de béton avec l’aménagement de cette route de contournement". Selon l’expression consacrée dans ce genre de dossier, on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs. Reste à savoir si elle sera facile à digérer par tout le monde…

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