Comment arriver à ces objectifs ? Trois axes ont été définis :
- Améliorer les pratiques agricoles et horticoles pour les rendre plus
- Rendre les zones urbaines, et autres espaces privés, plus favorables aux pollinisateurs
- Améliorer les connaissances et la sensibilisation
Pour cela, le rapprochement n’a pas été fait qu’entre les niveaux de pouvoirs, mais aussi du côté des experts. "Ce document stratégique est en contraste par rapport aux précédents, car on n’a pas eu que des experts scientifiques et environnementaux autour de la table, mais aussi des experts agricoles et politiques. On est donc arrivé à une stratégie peut-être plus abstraite ou moins ambitieuse que certains plans plus engagés, mais c’est parce que ce document fait déjà le rapprochement entre agriculture, écologie et science", commente Marc Peeters.
La Belgique n’est pas très avancée, sur aucun des points
L’attaché à l’Institut des Sciences naturelles n’y va pas par quatre chemins sur l’avancement de notre pays en la matière : "la Belgique n’est pas très avancée sur aucun des points. Il y a un gros travail à faire à tous les niveaux. Et même là où on pense que l’on est bien avancé, il y a des améliorations à faire."
Il cite ainsi l’exemple des bandes fleuries, que l’on peut voir depuis plusieurs années déjà le long des routes et des champs : "Dans ces zones refuges pour les insectes, situées à côté des champs gérés intensivement, on voit que ces bandes fleuries sont très fort impactées par les pesticides. Il faut donc adapter les pratiques, et aussi repenser les espèces florales qui sont utilisées. En utilisant les mêmes mélanges, on provoque une homogénéisation de la faune des insectes qui va à l’encontre de ce que l’on recherche pour la biodiversité."
Un monitoring harmonisé au niveau régional, et européen
D’où l’importance d’avoir une bonne idée de la santé des populations de pollinisateurs, et de l’efficacité des mesures mises en place. Sur ce point, beaucoup de travail reste encore à faire, tout particulièrement sur la question du monitoring, c’est-à-dire l’évaluation des populations d’insectes pollinisateurs, à la fois spatialement et temporellement. Celui-ci doit être harmonisé entre régions, voire entre pays de l’UE, les insectes ne s’arrêtant pas à nos frontières administratives.
"L’Union européenne est en train de mettre en place un monitoring harmonisé, avec un certain nombre de sites pas État membre par exemple. Ils ont fait une grosse étude préalable pour voir comment faire le monitoring le plus rigoureux scientifiquement, tout en étant réalisable et tenable à long terme, sur le terrain. Une méthodologie a été développée au niveau européen, et notre suggestion est que cette méthodologie soit utilisée par d’autres sites dans les trois Régions, afin de pouvoir avec une belle image de l’évolution des populations de pollinisateurs."
"Donc, au début de cette période de lancement de la stratégie nationale, on va créer une situation zéro, une situation de base, avec ce système harmonisé de monitoring. Ainsi, au fil des ans et des décennies, on pourra mieux voir les tendances et savoir si on aura atteint les objectifs définis, et adapter les actions et politiques mises en place. Les abeilles, syrphes et papillons, malgré leur importance dans nos écosystèmes, sont trop peu étudiés et monitorés. On a quand même des grosses études qui ont été faites sur ces groupes d’insectes, mais de manière fragmentaire, ponctuelle : ce qui manque, c’est le suivi sur plusieurs années, de manière régulière." Un manque qui devrait être comblé, donc pour les prochaines années.
Au-delà des politiques nationales et régionales, chacun, à notre niveau, peut participer à la protection de la biodiversité. Le site de l’Institut des Sciences naturelles "Ensemble pour la biodiversité" rassemble de nombreux conseils.