Une semaine après la "semaine de la Mobilité", en pleine organisation chez nous des championnats du Monde cycliste, ce n’est sans doute pas un hasard. Et puis après tout, la promotion de la mobilité douce fait bien partie de l’accord de gouvernement Vivaldi, qui soufflera bientôt sa première bougie. En outre, il faut bien avouer que la crise sanitaire a aussi permis à de nombreux Belges, méfiants vis-à-vis des transports en commun notamment, de découvrir ou redécouvrir ce mode de déplacement. Leur nombre aurait ainsi augmenté de 64% entre 2019 et 2020.
Ce vendredi, le Conseil des ministres a approuvé un ambitieux "plan d’action fédéral pour la promotion du vélo" 2021-2024 : 52 mesures pour faciliter le choix de la bicyclette. Un plan baptisé "BE CYCLIST", reposant sur une série d’actions concrètes en faveur du deux-roues avancées par les différents ministres et secrétaires d’État, sous la houlette de leur collègue de la Mobilité, Georges Gilkinet (Ecolo). Lequel a aussitôt réagi par voie de communiqué : "Si de plus en plus de personnes font du vélo, c’est tout d’abord bon pour notre économie, car le coût des embouteillages est très élevé : 2,3 milliards d’euros par an selon le Bureau du Plan. Le vélo est également positif pour la santé et le bien-être mental. Et bien sûr le vélo a un impact positif sur notre climat, comme alternative aux moyens de transport utilisant les énergies fossiles, il aide à réduire les émissions de gaz à effet de serre lié au transport".
Des trajets plus sûrs
52 mesures donc pour commencer. Le plan repose sur trois axes : faciliter son accès pratique, rendre la route plus sûre et faire en sorte que l’option vélo soit évidente et normale. Le gouvernement souhaite, entre autres, étudier les possibilités de généraliser l’indemnité vélo et l’optimiser ainsi pour les trajets domicile-lieu de travail, qui est actuellement un choix facultatif et volontaire de l’employeur.
Des mesures de leasing vélo sont également à l’étude au sein de la fonction publique. Côté fonctionnaires toujours, on imaginerait aussi une meilleure intégration du vélo dans les bâtiments gérés par la Régie fédérale des Bâtiments. On veillerait aussi à stimuler et faciliter l’utilisation du vélo à la police, dans les services publics pour les déplacements professionnels. Incitations aussi pour promouvoir les services de livraisons de colis plus durables à vélo dans les centres-villes.
Pour ce qui est de la fonction publique, la ministre Petra De Sutter (Groen) annonce l’objectif de doubler d’ici à 2024 la proportion de fonctionnaires fédéraux qui viennent travailler à vélo, qui est actuellement d’un sur dix. Pour cela, une analyse des infrastructures existantes autour des bâtiments des autorités publiques fédérales est prévue, et différentes solutions envisagées : incitant à l’achat de matériel, location ou leasing, indemnité vélo à combiner, etc.
Egalement programmés des investissements d’infrastructure pour installer des "cycloroutes", par exemple le long des axes ferroviaires, et on travaille à une meilleure multimodalité et combinaison train-vélo par la SNCB.
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Sur le plan de la sécurité – et pour lutter contre les vols -, le gouvernement étudie l’idée de la mise en place d’un registre central des vélos qui permettrait de repérer rapidement si un vélo vendu a été volé. Une relecture attentive du Code de la route sous l’angle des deux roues est aussi prévue, le nouveau code étant attendu depuis des années.
Le plan devrait être évalué tous les mois de septembre, ce qui permettra alors d’y ajouter de nouvelles mesures si nécessaire.
Notons que le plan fédéral viendra ainsi s’ajouter aux mesures déjà prises en nombre aussi au niveau des Régions. Ainsi au plan wallon, un "plan vélo régional" global baptisé "plan Wallonie cyclable, qui comprend notamment une série de primes à l'achat de vélos électriques ou non et des coups de pouce aux employeurs "vélo-friendly".
Réaction positive du GRACQ
Le plan vélo, présenté vendredi par le gouvernement fédéral, "reprend l’essentiel des mesures attendues par les associations cyclistes au niveau fédéral", selon le Groupe de Recherche et d’Action des Cyclistes quotidiens (GRACQ).
"Les plans vélos en Belgique étaient jusqu’à présent l’apanage des régions. Le gouvernement fédéral propose aujourd’hui un plan national 'BeCyclist' qui active ses leviers (fiscalité, rail, Code de la route) pour booster les efforts des régions. Dans un domaine comme la lutte contre le vol de vélo, cela amène le véritable liant qui manquait jusqu’ici", selon l’association cycliste.
Le GRACQ souligne parmi les points forts de ce plan une "optimisation" de l’indemnité vélo domicile/travail, qui ne couvre pas encore tous les salariés en Belgique. Il est aussi question de rendre accessible le leasing vélo aux employés du secteur public. "Pour l’instant en effet, seuls les travailleurs du privé (7%) peuvent en bénéficier, si leur employeur le leur propose bien sûr."
La lutte contre le vol de vélo de vélo est "un des points majeurs de ce plan", avec la volonté de développer un registre national des vélos et une mobilisation de l’Intérieur et de la Justice pour prendre à bras-le-corps le problème de l’impunité.
"L’État fédéral va aussi balayer devant sa porte, en intégrant mieux le vélo dans les bâtiments fédéraux, y compris au Théâtre Royal de la Monnaie et à BOZAR, ou en stimulant aussi les déplacements professionnels à vélo de ses fonctionnaires."
"On pourra bien sûr lui reprocher son côté 'catalogue d’intentions', le peu de détail des mesures, l’absence de budget, d’échéances ou d’objectifs chiffrés (parts modales en 2030 par exemple), mais il constitue un très bon premier pas dans la bonne direction", assure le GRACQ.