La Sérénade opus 6 de Josef Suk est, comme son numéro d’opus l’indique, une œuvre de jeunesse. Josef Suk a tout juste vingt et un ans quand il l’écrit en 1895. De Josef Suk, on retient souvent qu’il est le beau-fils d’Antonin Dvorak, certes, mais au-delà de leur lien de parenté Suk est surtout un véritable continuateur de l’œuvre de son beau-père, dans cette grande tradition de musique romantique de Bohême qui partirait de Smetana. Au début du XXe siècle, il va toutefois développer un langage bien plus moderne que son beau-père, s’extraire de son influence et écrire notamment une œuvre comme la Symphonie Azraël, œuvre sombre, noire, démoniaque, au langage tout à fait exacerbé. De tout ceci, rien ne transpire dans notre Sérénade du jour, au contraire, il s’agit d’une œuvre de fraîcheur absolue, en quatre mouvements, une œuvre en mi bémol majeur, publiée à l’époque sous le parrainage de Johannes Brahms. Cette Sérénade fourmille d’idées mélodiques avec un traitement habile des différents pupitres, des divisi, c’est-à-dire des parties séparées au sein du même pupitre, qui encourage plutôt des ensembles à cordes suffisamment fournis. Un bien bel ouvrage !