Au début des années 1820, Beethoven élabore son testament spirituel qu’est la Missa Solemnis. Il décide de reprendre sa plume pianistique après son opus 106, la gigantesque Sonate HammerKlavier, composée les années précédentes et qui lui aura servi plus que jamais à étirer la forme de ses Sonates et exploiter le clavier comme personne ne l’avait fait avant lui.
Pendant deux ans, entre 1820 et 1822, Beethoven va penser ses trois dernières Sonates pour piano conjointement ; les esquisses, les manuscrits se mêlent, même si trois Sonates distinctes vont en émerger.
La Sonate opus 109 propose un contraste fort avec la Sonate HammerKlavier qui précédait tout en convoquant de la même façon l’idée de grande forme. Là où la Hammerklavier incluait les principes de la fugue, l’Opus 109 retrouve le procédé du Thème et variations dans son 3e et dernier mouvement, qui utilise notamment ces trilles typiques des dernières sonates de Beethoven, qui lui confèrent un aspect orchestral plutôt inédit. Les deux premiers mouvements s’enchaînent, le premier dévoilant deux thèmes qui se suivent, un thème presque schumannien dans son balancement, suivi d’un récitatif plus dramatique. Le 2e mouvement Prestissimo en mi mineur retrouve lui la vigueur de certains scherzos. C’est une Sonate plus courte que celles qui l’entourent dans la production de Beethoven, une certaine économie de moyen lui confère des allures de poème confidentiel.