Cette Symphonie, toutefois plus sombre que les précédentes, est l’œuvre d’un jeune homme de dix-neuf ans qui lorgne vers la musique de Beethoven. Elle se compose de quatre mouvements. Se dégage de cette œuvre une volonté d’ampleur, ne fût-ce qu’en jetant un bref coup d’œil sur la partition : Schubert prévoit quatre cors alors que toutes ses autres symphonies n’en comportent que deux et utilisent généralement les bois par deux. Le début de la Symphonie est une introduction solennelle, presque funèbre, avant de trouver de la verve. Le second mouvement est typiquement schubertien, chantant mais sobrement, dans l’intimité, la confidence délicate. Le troisième mouvement est un bref scherzo avec Trio. Enfin, le mouvement final trouvera la lumière et le mode majeur pour refermer cette Symphonie Tragique.
Dans cette Table, cinq versions seront décortiquées et comparées. La première est une parution récente que Pierre Solot extraie de l’aveuglement général et habituel de la Table d’écoute, conformément à un nouveau concept qu’il expérimente occasionnellement depuis cette rentrée 2022 et qui consiste à rajouter au déroulement général de l’émission un jeu de critique musicale en prenant pour appui un enregistrement récent de l’œuvre délesté de son anonymat et présenté avant l’écoute. Ici, il s’agit d’une version de l’orchestre B’Rock placé sous la direction de René Jacobs, une version publiée chez Pentatone l’année dernière, en 2021. Ce disque, comportant aussi la 5e Symphonie, suit deux autres disques rassemblant la 1re et la 6e Symphonies de Schubert, ainsi que les 2e et 3e Symphonies. C’est donc plus que probablement une intégrale en cours. Elle nous servira de référent critique dans cette Table, les 4 autres versions demeurant écoutées à l’aveugle.