La Table d’écoute de ce dimanche 1er janvier est consacrée à L’Oiseau de Feu d’Igor Stravinski. A table de 16h à 18h aux côtés de Pierre Solot, Martine Dumont-Mergeay de La Libre Belgique, Michel Stockhem, directeur d’Arts2 ainsi que Robert Coheur, programmateur pour l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège. Ils décortiqueront cinq interprétations à l’aveugle du ballet complet.
Cet Oiseau de Feu d’Igor Stravinski est un ballet, créé le 25 juin 1910 à Paris. Dès la première, c’est un succès formidable, tous les projecteurs se braquent sur Stravinski qui écrira dans la foulée Petrouchka et le Sacre du Printemps. Dans le programme de salle en 1910, voici ce qu’il était écrit pour décrire la trame du ballet, tirée d’un conte populaire russe :
"Ivan Tsarévitch voit un jour un oiseau merveilleux, tout d’or et de flammes ; il le poursuit sans pouvoir s’en emparer, et ne réussit qu’à lui arracher une de ses plumes scintillantes. Sa poursuite l’a mené jusque dans les domaines de Kastcheï l’Immortel, le redoutable demi-dieu qui veut s’emparer de lui et le changer en pierre, ainsi qu’il le fit déjà avec maint preux chevalier. Mais les filles de Kastcheï et les treize Princesses, ses captives, intercèdent et s’efforcent de sauver Ivan Tsarévitch. Survient l’Oiseau de feu, qui dissipe les enchantements. Le château de Kastcheï disparaît, et les jeunes filles, les Princesses, Ivan Tsarévitch et les chevaliers délivrés s’emparent des précieuses pommes d’or de son jardin."
Cet Oiseau de Feu est encore très différent de Petrouchka, et certainement du Sacre du printemps qui suivra. L’influence de la musique romantique ou post-romantique est tout à fait présente, le mouvement musical, dans l’harmonie qui est encore liée au 19e siècle, mais on y sent poindre un peu partout ce que sera le Stravinski du Sacre, avec sa prodigieuse puissance rythmique — la célèbre danse infernale de Katchaï que l’on écoutera tout à l’heure en est un bon exemple. Plus qu’un premier ballet célèbre, c’est une œuvre de transition, qui fait passer Stravinski du 19e siècle à la modernité la plus géniale qui nourrira tout le siècle à venir.
On oublie parfois de dire à quel point Stravinski est un orchestrateur de génie. Les couleurs, les agrégats de timbres sont sublimes, et l’orchestre, plutôt volumineux, fait lui aussi penser à Richard Strauss, avec les bois par 4, 4 cors, le piano, la harpe et une belle batterie de percussions.