Une ville, trois clubs : plongée dans l'histoire du foot bruxellois (long format)

Il y a bien longtemps, le Daring et l’Union menaient une guerre fratricide, fractionnant Bruxelles en deux camps de supporters, prêts à tout pour voir leur blason triompher.

Jusqu’à ce qu’Anderlecht ne vienne souffler leurs châteaux de cartes afin d’y laisser de la place pour créer son empire, qui deviendra le plus puissant du Royaume.

Certains supporters ont alors décidé de rejoindre le bataillon anderlechtois tandis que d’autres ont continué à croire corps et âme en la renaissance de leur souverain déchu, impuissants devant la puissance sans cesse plus grande du Sporting.

La saison prochaine, trois clubs bruxellois s’affronteront en Pro League pour la première fois depuis la saison 1987-1988, soit 36 ans. A l’époque, c’est le Racing Jet qui accompagne le RWDM et le RSCA dans l’élite. Originaire de Jette, le Racing Jet vit alors sa deuxième, et ultime, saison en première division. Depuis le club a déménagé à Wavre et vacille entre promotion et 3e division.

15 ans plus tôt, quatre clubs bruxellois s’affrontaient en Pro League, le Crossing Schaerbeek jouant les bas du classement. Pour la petite histoire, le Crossing est un club originaire de Molenbeek à la base, qui est parvenu, en 1969, à monter en d1. Cette année-là, le Daring finit bon dernier et est contraint de faire le chemin inverse. Heureusement pour eux, le Crossing n’a pas le stade nécessaire pour jouer plus haut et est contraint de quitter la commune, en faveur du parc Josaphat à Schaerbeek. Résultat, le Daring, déjà pensionnaire du Stade Edmond Machtens, évite in extremis de devenir le deuxième club de Molenbeek.

51 ans plus tard, les effectifs de nos 3 clubs bruxellois n’ont plus la même allure mais les champs de bataille restent eux inchangés.

Découvrez-les en vous baladant sur la carte.

Difficile d’aborder les clubs de football bruxellois sans jeter un coup d’œil à leurs histoires respectives tant ces clubs ont, au fil du temps, marqué la première division belge. Tous ont une histoire singulière, tout en étant étroitement liés à celle de ses frères ennemis. Une histoire complète qui aura vu nos trois clubs connaître les abysses mais surtout les sommets.

Revivez les folles années du foot bruxellois en vous baladant sur la ligne du temps.

Après de longues années d’attente, Bruxelles sera représentée par trois fois sur le devant de la scène l’an prochain. Mais qui parviendra à amener la fleur d’iris au sommet ?

A ce jour, le candidat le plus dangereux n’est autre que l’Union-Saint-Gilloise. Après avoir laissé le titre filer de justesse l’an dernier, les Saint-Gillois sont encore en lisse pour remporter leur 12e titre cette saison. Pour cela, ils devront faire mieux que Genk et l’Antwerp, le second menant la danse avec un petit point d’avance.

Cette saison a aussi permis à l’Union de retrouver l’Europe après 58 ans d’absence. Un retour plus que réussi. Après avoir manqué de peu la qualification en Champions League, les Unionistes ont su tenir tête à de grands noms Européens, glanant une qualification historique en Europa League devant l’Union Berlin, Braga et Malmö en récoltant 13 points sur 18 possibles. Les jaunes et bleus ont ensuite su réitérer l’exploit face à l’Union Berlin avant de sortir en quart contre un très grand Bayer Leverkusen.

Pourtant, rien n’était joué d’avance et, forts de leur succès l’an dernier, les Unionistes ont dû composer avec une équipe partiellement nouvelle. En perdant Kaoru Mitoma et Deniz Undav, tous deux retournés à Brighton, Casper Nielsen, parti renforcer le champion en titre Bruges, ainsi que Felice Mazzu, l’entraîneur qui symbolisait le retour au top de l’Union avant de partir chez les voisins Anderlechtois, l’Union n’a pas pour autant perdu son charme.

Karel Geraerts est parvenu à maintenir l’équipe au top, comptant en grande partie sur des cadres déjà présents l’an dernier, comme Teuma, Burgess ou encore Lapoussin, pour ne citer qu’eux. Mais Geraerts a aussi pu compter sur de très bonnes recrues. Parmi eux, une autre pépite venue tout droit de Brighton, Simon Adingra. Le jeune ivoirien de 21 ans est le joueur le plus prolifique du club cette saison, avec 11 buts et 9 passes décisives toutes compétitions confondues, il devrait cependant retourner dans son club en fin de saison.

A ces côtés, Adingra peut compter sur un allier surprenant, Victor Boniface. Acheté pour seulement 2 millions d’Euros aux Norvégiens de Bodo/Glimt, le géant nigérian s’est montré décisif à de nombreuses reprises. Auteur de performances de qualité en Europa League, Boniface a gagné le surnom de Mister Europe auprès de ces supporters.

Un troisième joueur clé dans cette équipe de l’Union est Teddy Teuma. Jouant un cran plus bas que ces compères, le capitaine maltais sait se montrer décisif tant pour marquer que pour servir ces coéquipiers. Et c’est sans doute cette solidarité qui a permis à l’Union de jouer le titre pour la seconde saison d’affilée.

Mais n’enterrons pas trop vite le Sporting. Victimes d’une saison bien en dessous des espérances, les Anderlechtois auront à cœur de faire mieux l’an prochain. Fin de la saison dernière, les mauves avaient piqué Felice Mazzu à l’Union pour combler le départ de Kompany à Burnley, mais le tacticien semblait plus inspiré au parc Duden qu’au Parc Astrid, perdant 8 matches sur 14 en championnat avant de se faire limoger. S’en suit l’arrivée des Danois Jesper Fredberg et Brian Riemer, qui endosseront respectivement le rôle de directeur sportif et d’entraîneur, mais qui, malgré quelques coups de génie, ne parviendront pas à amener les Anderlechtois en Play-Offs au terme de cette saison cauchemardesque.

Difficile de pointer un coupable tant les prestations collectives ont déçu les supporters mauves.

D’autant plus qu’Anderlecht peut compter sur un noyau de qualité, le deuxième plus jeune de Pro League derrière Ostende. Jouissant de près de 45% de joueurs de moins de 21 ans dans leur noyau, plusieurs pépites du très réputé centre de formation anderlechtois pourraient faire leur trou dans l’équipe première, à l’instar de Zeno De Bast ou Mario Stroeykens.

Seule éclaircie au tableau, une qualification héroïque en quart de finale en Conférence League face à Villareal, suivie d’une élimination aux tirs au but contre les Néerlandais de l’AZ Alkmaar. Terminant 11e au classement, les Anderlechtois passent à 4 points des Play-Offs 2 et ne joueront pas l’Europe l’année prochaine. Une frustration qui peut se transformer en aubaine, les Anderlechtois pourront se concentrer sur le championnat en vue de retrouver leur gloire d’antan et, peut-être, gagner un 35e titre.

Mais pour cela, ils devront faire mieux que le RWDM, qui a gagné sa place pour la Pro League en battant les jeunes pousses anderlechtoises (1-0), permettant au club mythique de Molenbeek de conserver la plus haute marche du podium en D2. Au terme d’une saison riche, les Molenbeekois ne comptent qu’un seul point d’avance sur leur dauphin, Waasland-Beveren.

Mais il aura fallu un peu de temps pour que le RWDM prenne les devants, au coude à coude avec le Waasland (et le Beerschot) à partir de la 11e journée, les hommes de Vincent Euvrard s’empareront de la 1e place qu’au bout de la 20e journée, deux rencontres avant la fin de la compétition régulière.

La faute à une équipe remaniée, sur les 11 joueurs de l’équipe type de l’an dernier, passé de justesse à côté de la promotion après des barrages face au RFC Seraing, seul trois sont encore titulaires indiscutables actuellement.

Avec l’arrivée de John Textor, le RWDM s’est renforcé à tous les niveaux, empruntant le défenseur Irlandais Jake O’brien à Crystal Palace et le magicien Youssef Challouk à Courtrai. Arrivé pour 2,5 m€ d’Ostende, l’international Martiniquais Mickaël Biron a planté 16 roses cette saison dont une magnifique reprise de volée décisive pour le titre samedi. Il finit à la deuxième place du classement des buteurs. A côté de ça les joueurs déjà présents au club se sont surpassés pour montrer l’ensemble de leurs qualités. Zakaria El Ouahdi a gagné sa place dans l’effectif tandis que Florian Le Joncour et Théo Defourny se sont surpassés derrière, permettant à Molenbeek de finir meilleure défense du championnat, avec 29 buts encaissés en 31 rencontres. Une bonne attaque et une défense solide qui a permis à Molenbeek de gagner beaucoup de matches et souvent avec la manière, 11 matches sur les 20 gagnés cette saison l’ont été par au moins deux buts d’avance. Pour cela, ils ont pu compter sur un retour en forme de Kylian Hazard, auteur de 6 buts et 7 passes décisives en neuf rencontres de Play-Offs.

S’il est encore trop tôt pour savoir quel club parviendra à mettre la main sur Bruxelles, il est certain que la ville sera plus divisée que jamais. N’ayant pas dit leur dernier mot, les Anderlechtois tenteront d’éviter que le rapport de force s’inverse définitivement et que les deux autres clubs bruxellois redeviennent des habitués du haut du classement. Mais attention aux clubs en forme, qui eux, croient plus que jamais en leur renaissance.