Urbi et Orbi : quelles sont la signification et l’histoire de cette bénédiction papale ?

Elle est sans aucun doute l’une des plus importantes pour la communauté catholique. Une bénédiction Urbi et Orbi est une bénédiction solennelle prononcée par le pape à Pâques, à Noël, et en des occasions exceptionnelles. Parmi celles-ci, l’intronisation du nouveau pape ou durant la pandémie du Covid-19, par exemple.

Pour la ville et pour le monde

Littéralement, cette formule latine signifie : Urbi, la ville ; orbi, le monde. Bénédiction vient de benedictio, de bene, bien, et dicere, dire. Cela signifie dire du bien ou bénir. Eric De Beukelaer, vicaire général du diocèse de Liège, nous livre quel est le sens de ces deux mots : "Urbi, c’est la ville. Le pape est d’abord l’évêque de Rome. C’est donc une bénédiction solennelle que l’évêque de Rome donne à la ville de Rome. Orbi, c’est le monde. Comme il est l’évêque de Rome, donc le successeur de Saint-Pierre (l’évêque et le premier pape), il signifie l’unité de tous les évêques de par le monde. Donc le pape est celui qui parle pour tous les catholiques. C’est également une bénédiction qui s’adresse au monde. Donc à la ville et au monde. Voilà le sens d’une bénédiction urbi et orbi."

Il s’agit de la seule bénédiction qui s’adresse autant aux fidèles présents sur la place Saint-Pierre mais aussi aux catholiques du monde entier. C’est donc l’unique occasion d’être béni sans être physiquement présent. Urbi et Orbi, pour la ville et pour le monde.

L’origine d’une tradition, du balcon jusqu’aux réseaux sociaux

Cette bénédiction daterait du 13e siècle et aurait été instaurée par le pape Grégoire X. A chaque Urbi et Orbi, le pape commence la bénédiction en disant : "Que les saints Apôtres Pierre et Paul, dont la puissance et l’autorité nous ont été confiées, intercèdent personnellement pour nous auprès du Seigneur !".

C’est en 1978 qu’a eu lieu la première transmission radio de l’Urbi et Orbi faite par le pape Jean-Paul 1er. Eric De Beukelaer nous relate comment la transmission de cette tradition est devenue planétaire au fil des siècles jusqu’à nos jours : "C’est une ancienne tradition. Il va de soi qu’à l’époque où il n’y avait pas tous les moyens des médias. Le pape donnait sa bénédiction peut être au balcon d’une église, ou d’une basilique. Mais les seuls qui l’entendaient, c’étaient les gens présents, les légats des différentes nations et des voyageurs qui l’apportaient à d’autres."

Et de poursuivre : "Cette bénédiction était initialement surtout réservée aux gens qui étaient présents à Rome à ce moment-là et qui la transmettaient à des gens qui la recevaient des semaines plus tard. Aujourd’hui, cette bénédiction a une dimension instantanée à travers le monde par les réseaux sociaux et les autres médias."

Pas d’Urbi et Orbi sans pape

Seul le pape, et donc l’évêque de Rome, a l’exclusivité de prononcer cette bénédiction pour la ville et pour le monde. Eric De Beukelaer nous explique avec un sourire pourquoi un évêque liégeois n’adresserait qu’une bénédiction Urbi : "Si l’évêque de Liège voulait le faire. Ce serait une bénédiction Urbi, mais pas 0rbi si vous permettez l’expression. C’est-à-dire qu’il s’adresserait à la ville et au diocèse de Liège. Il ne s’adresserait pas au monde".

Et d’ajouter : "Tout comme un curé peut très bien faire un message à l’occasion de Pâques ou de Noël, mais qui s’adresse à sa paroisse. Il ne s’adresserait pas à la paroisse voisine."

Ce n’est pas pour rien qu’il est le chef de 1,3 milliard de catholiques comme nous le démontre Eric De Beukelaer : "Le propre justement de la bénédiction à la ville et au monde, c’est un peu réservé au rôle du pape qui est évêque d’un diocèse, comme tous les autres évêques, mais qui est celui de Rome. À travers cette fonction particulière, je dirais qu’il y a une parole pour le monde entier, une responsabilité pour le monde entier. Cette bénédiction Urbi et orbi est donc propre au pape puisque c’est à la ville et au monde."

Comme ses prédécesseurs, le pape François précède traditionnellement cette bénédiction Urbi et Orbi d’un discours où il transmet un message aussi bien à ses fidèles et au monde entier. Des messages forts qui abordent autant des sujets religieux que politiques avec une portée humaniste.