L’Ibère-rapide
"Félicitations pour ton premier titre du Grand Chelem et pour ta place de N.1 qui est l’aboutissement de ta première grande saison, je suis persuadé qu’il y en aura beaucoup d’autres !", a tweeté son glorieux aîné Rafael Nadal.
Ces derniers mois, Alcaraz répétait à l’envi son rêve d’enfant. Celui de s’installer d’abord au sommet de la hiérarchie mondiale, avant même d’inscrire son nom au palmarès d’un Grand Chelem.
Ce sera finalement l’inverse à quelques heures près. Il a d’abord été titré aux dépens de Ruud, qui pouvait comme lui faire coup double à Flushing Meadows et sera son dauphin dès lundi à la publication du classement ATP.
C’est au bout d’un bras de fer souvent serré, parfois illuminé de points somptueux, conclu en 3h20 que "Carlitos" est venu à bout du "Ruuuuud" (comme l’encouragent ses fans) Norvégien, loin d’avoir démérité pour sa deuxième finale de Grand Chelem de la saison.
Le tout, sous les yeux de l’humoriste Jerry Seinfeld, du rockeur Jon Bon Jovi ou encore de la papesse de la mode Anna Wintour, qui s’était déplacée pour assister à la dernière danse de "Queen" Serena Williams en première semaine et ne pouvait manifestement pas rater l’avènement d’un nouveau "Rey" en vogue.
Impuissant début juin à Roland-Garros face à l’ogre de l’ocre Rafael Nadal, Ruud a longtemps tenu tête à Alcaraz, au point de pouvoir nourrir quelques regrets, après deux balles de set manquées à 6-5 au troisième set.
23h40 sur les courts
Sursitaire, l’Ibère-rapide aurait pu aborder le tie-break la main tremblante, lui qui avait perdu les quatre qu’il avait disputés durant ce tournoi. C’est au contraire le Norvégien qui a craqué en commettant de soudaines fautes directes.
Sur quoi, l’Espagnol a fini le travail, en resserrant son jeu, supprimant notamment ces trop nombreuses amorties infructueuses, comme s’il fut un moment prisonnier de l’enjeu.
Cette finale parachève un tournoi ébouriffant pour le roc Alcaraz, devenu le finaliste ayant passé le plus de temps sur le court durant un Grand Chelem avec un total de 23h40. Le précédent record était détenu par le Sud-Africain Kevin Anderson lorsqu’il avait perdu en finale à Wimbledon en 2018 (23h20).
Sa trajectoire n’en reste pas moins météorique et le place déjà dans la stratosphère du tennis, à l’heure où Nadal (36 ans), détenteur du record de titres majeurs (22), doit faire avec de récurrents problèmes physiques et a l’esprit tourné vers une paternité imminente, et où la retraite de Roger Federer, qui n’a plus joué en tournoi depuis Wimbledon-2021, n’a jamais paru aussi proche.
Du Big 3, seul Novak Djokovic (35 ans) n’a pas dit son dernier mot et sera sans aucun doute encore candidat aux principaux titres et à la place de N.1 mondial. Et il sera aussi excitant de voir comment Alcaraz assumera son nouveau statut face à lui, aux autres représentants de la nouvelle vague (Ruud, Jannick Sinner, Frances Tiafoe, Nick Kyrgios…), sans oublier les Medvedev, Zverev et Tsitsipas indésireux d’être la génération sacrifiée.