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USA: à deux mois d'élections cruciales, Joe Biden tente de prendre l'avantage en visant particulièrement Donald Trump

Par Jean-François Herbecq

Joe Biden dénonce l’extrémisme de Trump. Le président américain a pris la parole lors d’un discours télévisé la nuit dernière dans un décorum soigneusement choisi en Pennsylvanie pour une attaque frontale contre ce qu’il appelle les républicains MAGA (Make America Great Again) qui selon lui menacent les fondements mêmes de la démocratie américaine. Un appel vibrant lancé à un peu plus de deux mois d’un scrutin clé.

Les Américains doivent voter pour les midterms, les élections de mi-mandat, qui renouvellent en novembre toute la Chambre des représentants et un tiers du Sénat. Ces élections cruciales détermineront l’équilibre politique à Washington pour les deux années à venir. Chaque siège va compter. A la Chambre, les républicains pourraient reprendre la majorité de justesse, tandis que le Sénat reste coupé en deux à 50/50.

Une menace pour le pays

L’ancien président Trump et ceux qui souscrivent à son idéologie "Make America Great Again", "ne respectent pas la Constitution. Ils ne croient pas à l’Etat de droit. Ils ne reconnaissent pas la volonté du peuple" a martelé le président démocrate.

Il prend bien soin de dédouaner les républicains non trumpistes : "Tous les républicains ne sont pas des républicains MAGA". Une ouverture politique aux autres républicains donc. Mais "le parti républicain est aujourd’hui dominé, poussé et intimidé par Donald Trump et les républicains de Maga, et c’est une menace pour ce pays."

Sans se préoccuper d’un chahut organisé par des supporters de Trump, le président américain a poursuivi presque en criant : "Pendant longtemps nous nous sommes dit que la démocratie américaine est garantie. Mais ce n’est pas le cas. Nous devons la défendre. La protéger. Chacun d’entre nous."

La semaine dernière, Joe Biden a assimilé ce qu’il a appelé les républicains "extrêmes" à un "semi-fascisme".

Une charge d’une violence jamais vue contre les supporters de Trump

Le président Biden dramatise la campagne car traditionnellement les midterms sont défavorables à la Maison blanche même si les derniers sondages qui donnaient il y a quelques mois les républicains vainqueurs lui laissent entrevoir une légère avance. Des mesures comme l’effacement de la dette des étudiants, l’amélioration des infrastructures, les mesures climat, pour les vétérans… ont permis à Joe Biden de remonter dans les sondages. Et deux sièges républicains devenus vacants viennent de revenir en une semaine aux démocrates lors d’élections partielles, dont celui de l’Alaska qui échappe à une revenante de la droite radicale, Sarah Palin. La majorité présidentielle croit de nouveau à ses chances.

Mais passer de catastrophique à simplement mauvais ne suffit pas pour Biden. Il fallait donc consolider l’avantage.

Le lieu et la scénographie étaient bien choisis : la Pennsylvanie est un Etat clé pour remporter les midterms et Joe Biden a parlé au pied de l'"Independence Hall" de Philadelphie, où furent adoptées la Déclaration d’indépendance et la Constitution américaine. Derrière lui, sur un mur en partie éclairé de rouge sang, se détachaient les silhouettes immobiles de deux militaires en grande tenue.

Les mots choisis sont forts : "extrémisme", "menace pour la démocratie", "peur et obscurité", "chaos", "mensonges"…

En visant Donald Trump, Joe Biden cherche à déplacer le débat politique : il cherche à faire du scrutin de novembre plus un référendum sur Donald Trump et ses idées que sur ses propres actions à mi-mandat.

Pour cela, il braque les projecteurs sur les menaces qui pèsent sur la démocratie américaine, incarnée à ses yeux par Donald Trump. Joe Biden ne prend plus de précautions et désigne pour la première fois en public son ennemi : Donald Trump. Il le charge en particulier pour son refus de reconnaître les résultats des élections.

Profitant du choc causé dans l’opinion américaine par la fin du droit à l’avortement, le président fait passer un message aux électeurs : allez voter. Le moment est bien choisi, mais il reste encore deux mois avant les élections, une éternité en politique.

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