" Ce qui se passe à Portland devrait inquiéter tout le monde aux Etats unis ".
Voilà l’avertissement de Jann Carson, responsables de la puissante organisation des droits civiques ACLU. D’après des médias locaux, des agents de police fédéraux circulent depuis le 14 juillet dans des véhicules banalisés, et arrêtent de force des manifestants, sans motif. " Cela s’appelle des enlèvement " dénonce la militante des droits humains.
Le maire de Portland , le démocrate Ted Wheeler, réclame à corps et à cris le départ des forces de l'ordre fédérales déployées dans cette ville du nord-ouest des Etats-Unis. Il affirme qu'elles attisent les violences qui secouent la ville depuis près de deux mois.
"Nous avons des dizaines, si ce n'est des centaines d'agents fédéraux déployés dans notre ville" et ils contribuent à "gravement détériorer la situation", a-t-il déclaré sur CNN.
"Leur présence cause plus de violences et plus de vandalisme, cela n'aide pas du tout à calmer la situation. Ils ne sont pas les bienvenus et nous voulons qu'ils partent", a expliqué le maire démocrate.
Des agents fédéraux ont été envoyés pour mettre un terme aux manifestations organisées devant le tribunal de la ville pour protester contre les brutalités policières et le racisme. Les rassemblements, émaillés d'échauffourées avec la police, sont régulièrement dispersés à coups de gaz lacrymogène.
Le feu au commissariat
Les protestataires ont également tenté de mettre le feu au siège de l'Association de la police de la ville dans la nuit de samedi à dimanche.
Le président Donald Trump a défendu sur Twitter dimanche ce déploiement de troupes. "Nous devons protéger les bâtiments fédéraux et notre population", a-t-il écrit, fustigeant des dirigeants locaux "portés disparus" qui ont "perdu le contrôle sur des anarchistes et des agitateurs depuis des mois".
Les manifestations ont débuté après la mort fin mai de George Floyd, cet Afro-Américain asphyxié sous le genou d'un policier blanc à Minneapolis. Depuis, les habitants descendant chaque jour dans les rues de Portland. La colère a redoublé après une série d'arrestations de protestataires dans les rues de la ville par des policiers, sans fournir de motif.
Des habitants " enlevés par la police dans des véhicules banalisés "
"Les gens sont littéralement enlevés dans des véhicules de location banalisés", a dénoncé le maire Ted Wheeler. "Ils ne savent pas qui les mettent dans les véhicules, les policiers ne s'identifient pas. Selon moi, c'est anticonstitutionnel".
Des militants des droits humains et des élus américains ont vivement dénoncé ces arrestations et la procureure de l'Etat de l’Oregon, Ellen Rosenblum, a indiqué qu'elle porterait plainte contre les "tactiques de la peur" des forces fédérales. Elle accuse le gouvernement fédéral d’avoir violé le droit constitutionnel de réunion, mais aussi d’avoir saisi et détenu illégalement des personnes sans mandat ni justification. Le ministre de la Sécurité intérieure, Ken Cuccinelli, a reconnu ces arrestations, expliquant qu'elles étaient menées dans les rues pour protéger les agents fédéraux et emmener les manifestants soupçonnés de violences "dans un lieu sûr pour être interrogés".
Police secrète
Les démocrates de la Chambre des représentants ont demandé une enquête interne au sein de la Justice et de la Sécurité intérieure. Les députés démocrates parlent de " police secrète " chargée d’intimider des citoyens considérés non comme des individus mais des adversaires politiques. " Ces tactiques prolifèrent dans tout le pays " écrivent-ils, inquiets des dérives de l’Etat américain. La semaine dernière, des agents fédéraux ont été filmés en train de circuler dans des vans non immatriculés. Ils portaient des treillis kakis sans pouvoir être clairement identifiés.
La gouverneure démocrate de l’Oregon , Kate Brown, a accusé Donald Trump d’opération de communication, dénonçant un " véritable petit théâtre politique qui n’a rien à voir avec la sécurité publique ".
Une Athena nue en position du lotus
Les manifestations contre les violences policières prennent parfois une tournure étonnante, voire mystique. Dans la soirée du vendredi 17 juillet, une jeune femme nue a gracieusement marché, de manière déterminée vers les policiers, avant de s’installer, en position du lotus, face aux forces de l’ordre. La jeune femme a été filmée et photographiée pendant cette insolite séance de yoga, et surnommée " l’Athena nue ".
Les policiers, peu impressionnés par la beauté de la jeune yogi, ont balancé des gaz lacrymogènes à ses pieds. Au bout d’une dizaine de minutes, ils ont craqué et quitté les lieux, tout comme la manifestante vulnérable, dont l’identité n’a pas été révélée.