La proposition de loi, qui prévoit une peine maximale de 30 ans d'emprisonnement, fait du lynchage un "crime de haine" pour les autorités fédérales, une catégorie d'infractions pénales à part où les victimes ont en commun d'avoir été ciblées en raison de leur appartenance, réelle ou supposée, à un groupe racial ou à une religion, ou encore en raison de leur identité sexuelle ou de leur handicap.
Emmett Till, un adolescent de Chicago âgé de 14 ans, avait été enlevé et tué en août 1955 alors qu'il était venu rendre visite à des membres de sa famille dans le Mississipi ségrégationniste. Une femme blanche, Carolyn Bryant, avait assuré qu'il l'avait sifflée et avait tenté de la peloter. Le cadavre de l'adolescent avait été retrouvé dans une rivière 72 heures après son enlèvement.
La mère d'Emmett Till avait exigé que son cercueil reste ouvert à ses obsèques, afin que le monde se rende compte des sévices qu'il avait endurés. Les photos du corps mutilé étaient entrées dans l'Histoire.
Arrêtés pour le meurtre, Roy Bryant, le mari de Carolyn Bryant et J.W. Milam, son demi-frère, avaient été acquittés par un jury intégralement blanc. Protégés par ce verdict, les deux hommes blancs avaient ensuite relaté à un magazine comment ils avaient tué l'adolescent. Ils sont décédés respectivement en 1994 et 1981. Le ministère de la Justice avait rouvert l'enquête en 2004, sans pouvoir intenter de poursuites en raison des délais de prescription.
En 2017, l'auteur d'un livre sur l'affaire avait assuré que Carolyn Bryant lui avait avoué ne jamais avoir été agressée par le garçon.
Le ministère de la Justice avait alors rouvert le dossier mais a annoncé en décembre dernier avoir refermé l'enquête faute "de preuves suffisantes".
Le sénateur démocrate Cory Booker, à l'origine avec deux autres sénateurs d'une proposition similaire votée en 2018 par le Sénat, a estimé lundi dans un communiqué que "cette loi est une étape nécessaire pour l'Amérique afin de guérir de la violence racialisée qui imprègne son histoire".
Selon le texte de la proposition de 2018, 4.472 personnes, principalement noires, ont été victimes de lynchage entre 1882 et 1968.