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Utiliser le bois des haies pour se chauffer : une initiative inspirante au Pays de Herve qui rappelle leur utilité

© Getty Images

Elles jalonnent le bocage, les champs, les jardins et parfois les cours d’eau : les haies font partie du paysage et s’imposent à notre regard. Leur plantation présente de nombreux avantages agro-environnementaux comme la protection des cultures et des insectes. Mais le bois issu de leur entretien peut également permettre de se chauffer.

Dans la ferme Jennes à Herve, on valorise ces haies bocagères depuis maintenant 15 ans en transformant ce bois en plaquette pour le chauffage. Et le bilan est plus que positif, malgré l’investissement conséquent au départ. " Oui, c’est positif, surtout avec la situation actuelle et les prix de l’énergie, on a fait de réelles économies. Et pour l’environnement aussi, on émet beaucoup moins de CO2 ", explique Sébastien Jennes, agriculteur, au micro de Vedia.

Sensibilisation et valorisation

En 2016, les GAL Pays de Herve, Entre Vesdre et Gueule et 100 villages, 1 avenir, ont mis en place le projet Biodival. Les territoires de ces groupes d’action locale ont un point commun : leur bocage. Cela signifie que le milieu agricole est caractérisé par les haies, les alignements d’arbres, les vergers…

Les trois ASBL veulent donc sensibiliser à l’importance des haies et lutter contre leur disparition. Dans cette optique, l’initiative de la ferme Jennes leur permet de mettre en avant les avantages de leur valorisation.

" Les haies auront énormément d’externalités positives que ce soit pour le paysage et pour la gestion de l’eau en tant que couloir écologique… ", précise Florent Mornard, chargé de mission au GAL Pays de Herve. " L’idée ici, c’est de donner une valeur supplémentaire à ces haies en plus des subsides mis en place pour les conserver. On aimerait donner un nouvel incitant pour que les gestionnaires soient intéressés de les conserver et de les valoriser. "

D’autant que ce bois de haie peut également être transformé en litière agricole et en paillage horticole.

>> Le reportage complet de Vedia : " On avait tout ce qu’il fallait "

Se chauffer avec son bois de haies à Xhendelesse

Les GAL demandent de l'aide

Selon une étude commanditée par Biodival, 100 mètres de haies peuvent apporter entre 12 et 15 m3 de plaquettes tous les dix ans (période moyenne pour que les haies produisent des sections de bois assez grandes pour être coupées et broyées). Par exemple, le Parc Naturel Hautes Fagnes-Eifel a réalisé un inventaire des éléments bocagers sur les cinq communes germanophones du sud (présentes sur le territoire d’action des trois GAL) lorsqu’il a rejoint le projet en 2018. Résultat : près de 2000 km de linéaire de bocage traversent ces cinq communes.

Par la mise en avant de cette opportunité qu’offre le bocage hervien, les trois ASBL veulent sensibiliser les particuliers et surtout les pouvoirs publics qui ont un vrai coup à jouer, selon Florent Mornard. " Faire de la plaquette et faire tourner des chaufferies de biomasse avec des haies, c’est possible ", continue-t-il auprès de Vedia. " Il y a plusieurs exemples, notamment en France, qui fonctionnent bien. Mais les pouvoirs publics ont joué un rôle important, surtout au début pour lancer tous ces projets. C’est une nouvelle filière à mettre en place et il faut des incitants. "

« Yes We Plant »

Si la valorisation des haies fait son bout de chemin, l’apport de leur simple présence sur nos sols est déjà bien reconnu. D’ailleurs en 2019, quand l’accord de gouvernement wallon a été annoncé, une action bien concrète a été annoncée : " Yes We Plant " ou planter 4.000 kilomètres de haies et/ou d’un million d’arbres sur le territoire d’ici la fin de la législature en 2024.

Le constat était alors que les haies avaient disparu des campagnes wallonnes afin de faciliter le passage des machines agricoles et favoriser les espaces agricoles sans obstacles. Mais leur présence propose pourtant de nombreux avantages. Le premier concerne la faune : les haies servent de nichoirs aux oiseaux mais aussi de garde-manger si l’on plante des haies " gourmandes " d’arbres fruitiers.

Agriculteur dans le village de Thuillies, sur la commune de Thuin, Jean-Denis Losseau avait à l’époque planté 700 mètres de haie en bordure de ses terres. Il a, par exemple, constaté le retour de plusieurs espèces animales, notamment des oiseaux comme le verdier d’Europe, le pinson, la linotte et le bruant jaune.

Les haies permettent également le retour d’insectes qui se nourrissent des ravageurs de cultures comme les pucerons et elles constituent un environnement favorable pour les insectes pollinisateurs.

Une protection en cas d’inondations

La crainte de revivre des inondations comme celles de l’été 2021 est encore bien présente dans certaines communes wallonnes. Un des outils pour lutter contre les ruissellements et les coulées de boues, ce sont les haies.

Dans le cadre du plan " Yes We Plant ", plusieurs jardiniers ont par exemple installé 370 mètres de haie à la station d’épuration d’Hamme-Mille située sur le territoire de Grez-Doiceau au début de l’année.

" Elles vont retenir les coulées de boue qui proviennent des prairies et des champs ", explique Isabelle Verheyden, responsable de la gestion des espaces verts pour in BW, à TV Com. " Elles vont aussi éviter l’érosion des sols qui peut être causée par de fortes rafales de vent et finalement, cela apportera aussi une touche de couleur sur les sites d’épuration ".

>> Le reportage complet de TV Com : " C’est pour la biodiversité "

370 mètres de haies plantés à la station d’épuration d’Hamme-Mille pour améliorer la biodiversité

4.000 kilomètres : un objectif qui se rapproche

Trois ans plus tard, le nombre de haies plantées continue d’augmenter et le chiffre symbolique des 4.000 kilomètres se rapproche. " L’objectif en termes d’arbres est dépassé et nous en sommes à plus de 2.400 kilomètres de haies ", a constaté la ministre de l’Environnement Céline Tellier début décembre.

Un résultat obtenu notamment grâce au travail des GAL sur le terrain, comme le Gal Jesuishesbignon qui accompagne les agriculteurs qui s’investissent dans la plantation de haie en Hesbaye liégeoise. La ferme de Goreux du Whiskey Belgian Owl à Fexhe-le-Haut-Clocher s’est d’ailleurs inscrite dans cette démarche en faveur de la biodiversité et trois kilomètres de haie viennent d’y être plantés.

" Nous avons choisi et commandé auprès de pépiniéristes 8 essences qui conviennent parfaitement à la Hesbaye liégeoise. Ici, c’est un vaste chantier qui est mené en collaboration avec d’autres agriculteurs de la région ", précise Thomas Breuskin du Gal jesuishesbignon, au micro de RTC Liège.

Dans la région, les agriculteurs s’investissent de plus en plus dans ce projet " Yes We Plant ". Ils ont notamment développé cet outil agricole qui permet de planter une double ligne de haie plus rapidement.

" Il s’agit d’une machine que nous avons fait fabriquer. Elle est beaucoup plus rapide qu’en manuel et cela permet de couvrir de plus longues distances. Elle s’adapte sur tous les tracteurs ", commente Louis Demanet, entrepreneur.

Le travail des acteurs locaux participe donc grandement à la (re-) valorisation des haies sur le territoire wallon, que ce soit d’un point de vue énergétique, écologique ou environnemental.

>> Le reportage complet de RTC Liège : " Créer des zones refuges pour la petite faune "

Fexhe-le-Haut-Clocher : 3 km de double haie à la ferme de Goreux

Notre carte interactive sur les solutions énergie

Petit tour de ces initiatives locales pour limiter les prix de l'énergie grâce à notre carte interactive.

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