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Vaague : "J’ai toujours été jaloux de tous ces guitaristes qui se produisent en solo" + 3x2 tickets à gagner avec Jam. !

Antoine Pierre, Vaague.

© Alice Khol

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Par Renaud Verstraete

Après avoir joué les leaders au sein du sextet électrique Urbex, épaulé Tom Barman dans Taxi Wars et épousé les contours du trip-hop dans NextApe., Antoine Pierre poursuit ses explorations sonores pour la première fois en solo. Le batteur a profité du confinement pour plonger la tête la première dans la musique électronique et présente Vaague, qui avec ses 2 "a" sonne comme un hommage poétique au melting-pot linguistique de notre plat pays.

Une batterie, un musicien et un concentré de technologie. Avec Vaague, Antoine Pierre combine ses qualités de performer et de compositeur, en décuplant les possibilités que lui offre son instrument de prédilection. Il fusionne, en direct et avec une fluidité remarquable, la spontanéité de la batterie acoustique et les potentialités d’une musique électronique captivante. Ce premier EP éponyme, sorti sur son propre label Shapes no Frame, élargit à nouveau les horizons du batteur/compositeur, devenu incontournable sur la scène jazz et au-delà.

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Jam. a rencontré le batteur à quelques jours de la Release Party de Vaague au Botanique le 2 octobre. On vous promet une expérience percussive et hypnotique, portée visuellement par une scénographique numérique synchronisée en direct par l’artiste numérique Nils Houtteman. Une première à ne pas manquer ! Jam. vous offre d’ailleurs la possibilité de gagner 3x2 tickets en répondant à la question ci-dessous.

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Antoine Pierre.
Antoine Pierre. © Alice Khol

Hello Antoine ! Si tu devais expliquer Vaague en deux mots à quelqu’un qui n’a jamais entendu parler du projet, comment est-ce que tu t’y prendrais ?

Antoine : Vaague, c’est un batteur tout seul sur scène qui, grâce à une série de capteurs, arrive à faire en sorte que la batterie puisse déclencher des samples. Le but musical du projet, c’est de proposer un mélange organique d’électro et de groove lofi, le tout avec une marge d’improvisation sur scène.

C’était une envie de ta part d’avoir un projet solo en tant que batteur ?

Antoine : En fait, j’ai toujours été jaloux de tous ces pianistes et guitaristes qui peuvent se produire en solo. Un singer/songwriter seul avec sa guitare, c’est hyper simple et beau. Il y a un truc tellement honnête et tellement sincère d’être seul sur scène et de se dévoiler comme ça. J’avais vraiment envie de pouvoir faire quelque chose comme ça, moi aussi. J’adore composer et j’avais envie d’avoir un projet qui dépasse les limites de la batterie en tant qu’instrument solo. J’avais entendu parler de la technologie développée par Sunhouse et je me suis dit que c’était un outil avec un potentiel incroyable. Avec la pandémie, je me suis retrouvé avec du temps devant moi et je me suis consacré pleinement à la conception de ce nouveau projet électronique, Vaague.

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Cette fameuse technologie, en quoi ça consiste exactement ? Ça ouvre vraiment de nouvelles possibilités pour les batteurs ?

Antoine : Oui, ce que propose Sunhouse est vraiment révolutionnaire. En fait, ce sont des capteurs que l’on peut placer sur les différents fûts de la batterie, sur la caisse claire, la grosse caisse… Ces capteurs arrivent à déceler sur chaque fût une dizaine de zones : par exemple, le capteur reconnaît, le centre de la caisse claire, le cercle de la caisse claire, la manière dont on frappe le fût avec le corps ou l’olive de la baguette. La magie de cette technologique est que l’on peut assigner un ou plusieurs sons électroniques à chacune de ces zones. Et chaque son réagit de manière organique à la façon dont tu frappes l’instrument. ll y a tellement de paramètres utilisables sur chaque fût que ça donne des possibilités infinies. C’est vraiment impressionnant !

Quelle a été ta démarche au moment de composer ce premier EP ? As-tu composé directement sur la batterie ou as-tu réfléchi de manière théorique avant de traduire ces idées sur l’instrument ?

Antoine : C’est une question intéressante parce qu’en fait, je n’avais pas un modus operandi vraiment défini, c’était assez expérimental. J’ai commencé par apprendre le programme pendant 3 semaines, 3 heures par jour. Il fallait tout intégrer, comprendre comment les capteurs fonctionnaient, ce qui n’était déjà pas une mince affaire (rires). Je me suis ensuite constitué une banque de samples de dingue. J’ai été sampler des trucs dans des disques que j’ai triturés. J’ai aussi pris tous les claviers et la basse que j’avais à la maison et j’ai samplé chaque note dans chaque tessiture pour chaque son différent. J’ai ensuite fait pareil avec les accords. Après, j’ai commencé à glisser des sons sur la batterie en utilisant les capteurs et j’ai commencé à improviser sur des mélodies. Petit à petit, des morceaux ont commencé à se dessiner. Ce qui est marrant, c’est que quand j’ai commencé à faire écouter les démos aux gens autour de moi, ils m’ont dit qu’on reconnaissait vraiment ma patte de compositeur !

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Tu es seul sur scène, entouré par toute cette technologie. Comment parviens-tu à garder un côté organique et musical ?

Antoine : C’est un peu étrange de se retrouver seul sur scène d’un coup. Il y a un peu ce côté vertigineux où tu ne peux te reposer sur personne. Il y a vraiment juste toi et l’ordinateur. Je me suis rendu compte que, comme n’importe quel groupe, il fallait que je répète. Il me fallait des heures de vol, pour que ça devienne comme une seconde nature. J’ai travaillé au Volta en me filmant pour voir ce que cela rendait visuellement. Je me rappelle qu’au début quand j’essayais de jouer le truc, j’avais vraiment l’air d’avoir le cerveau en surchauffe constamment (rires). Je me suis dit que je devais vraiment travailler à rendre le truc instinctif.

Moi, je ne joue pas au click, je n’ai pas de séquences Ableton, pas de loop. J’essaie vraiment que les morceaux ne soient pas figés dans une interprétation. Je pourrais très bien jouer un morceau avec un BPM un soir et le jouer le lendemain avec un tempo complètement différent. Vu qu’il y a des contrôleurs de vélocité qui peuvent par exemple changer la tonalité, je pourrais certains soirs jouer un morceau moins fort pour que ce soit dans une tonalité différente. Ça me donne beaucoup de contrôle et une liberté d’improvisation.

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La musique de Vaague est accompagnée d’extraits de discours. Quel sens donnes-tu aux passages choisis ? Pourquoi ne pas avoir fait le choix de proposer une musique purement instrumentale ?

Antoine : Je trouve qu’en tant qu’artiste, on a un rôle à jouer dans la société qui est non seulement de permettre aux gens de s’évader mais aussi de les amener à réfléchir à la sortie d’un show. Personnellement, quand je vais voir un concert, une pièce de théâtre, une expo ou un film, j’aime sortir de là en me disant que non seulement j’ai vu un truc super beau mais qui, en même temps, me fait aussi réfléchir. Au-delà de l’instrumental, j’avais envie de pouvoir avoir une prise plus directe sur ce que j’avais envie de transmettre.

Pour moi, c’était important que les textes fassent partie intégrante du projet. Par exemple, dans "Shaades", c’est un extrait d’un discours de Toni Morrison sur la problématique du Black Lives Matter. Pour faire court, ce sont des sujets qui me posent question personnellement et dont j’ai envie de faire part au public. Mon idée, ce n’est pas de véhiculer une idée que tout le monde doit penser. Je veux juste qu’il s’agisse d’une proposition : "Ça, c’est moi, ce qui je suis. J’espère que ce prisme peut vous aider à non seulement vous évader le temps du concert, mais en plus à peut-être penser à quelque chose qui vous représente vous."

Vaague est sorti le 17/09 sur le label Shapes no Frame en collaboration avec [PIAS] Belgium.

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