Le Japon est un pays connu pour ses rythmes de travail effroyables et la dureté de sa culture d’entreprise. Les Japonais ne bénéficient par exemple d’aucun droit à la déconnexion : ils sont corvéables à merci, priés d’être joignables constamment par leur employeur, y compris en dehors de leurs heures de bureau… et cela vaut aussi pendant leurs congés. Au point qu’un concept se répand de plus en plus dans le pays : les vacances à temps partiel.
Ca me permet de prendre congé sans trop culpabiliser
Bon gré mal gré, de plus en plus de Japonais télé-travaillent en effet à temps partiel pendant leurs vacances. On appelle cela les "workation", contraction des termes anglais "work" et "vacation". Les "vacances-travail", autrement dit.
"Tous les matins, je télé-travaille pendant quatre ou cinq heures. Ensuite, je suis en vacances. Et là, je revis ! Je profite du grand air, de la nature. Je me détends", explique un Tokyoïte qui a délocalisé pendant quelques jours son bureau à la campagne, dans un gîte rural non loin de Nagasaki.
" Je rencontre les gens du coin, qui sont charmants car ils sont ravis que des jeunes urbains viennent faire du "workation" ici", continue-t-il. "Ces vacances à temps partiel, c’est vraiment un plan gagnant-gagnant. Cela vient en aide à l’industrie touristique, qui a été très impactée par la crise sanitaire.
Et, moi, ça me permet de prendre congé sans trop culpabiliser ni me faire trop mal voir par mon employeur".
58% des salariés culpabilisent quand ils prennent congé
La culpabilité par rapport aux vacances a toujours été un gros sujet au Japon. Pourtant, les salariés y ont assez peu de congés payés : deux semaines par an en moyenne, trois au grand maximum. Il n’empêche, chaque année, la plupart d’entre eux font cadeau de la moitié de leurs vacances à leur employeur.
Les études montrent en effet qu’ils ne prennent que 50,2% de leurs congés. Cela fait environ une dizaine de jours de vacances par an.
Les Japonais bénéficient en plus de quelques jours fériés. Mais ces jours-là, comme le samedi ou le dimanche, on croise toujours autant d’employés en costume-cravate dans les trains ou les métros. Car c’est assez mal vu au Japon de prendre tous les jours de congé auxquels on a droit. En tout cas dans les petites et moyennes entreprises. Or, elles emploient sept salariés sur dix.