Vaccin conte le coronavirus : où en est GSK, le fleuron pharmaceutique wallon ?

GSK

© Belga

Par Eric Boever

C’est un peu comme si une usine Peugeot allait assembler des voitures Volkswagen ! Le géant pharmaceutique français a annoncé qu’il allait aider le duo Pfizer-BioNTech à fabriquer son vaccin Covid-19 pour répondre aux besoins de santé publique. On parle de 125 millions de doses produites dans l’usine Sanofi de Francfort pour cet été. Or, Sanofi était lui-même engagé dans la course aux vaccins aux côtés de son partenaire GSK. La société britannique devait lui fournir l’adjuvant nécessaire à son vaccin, un adjuvant mis au point et produit chez nous, dans le Brabant wallon. GSK y est bien implanté, il occupe plusieurs sites notamment à Rixensart et Wavre, il est même le plus important employeur privé de Wallonie. Ce fleuron de la filière biomédicale reste-t-il dans la course au vaccin avec Sanofi et avec quelles perspectives ? Va-t-il lui aussi collaborer avec Pfizer-BioNTech ? Nous avons cherché à le savoir.

GSK en Brabant wallon : un pôle dédié aux vaccins unique au monde

Commençons par planter le décor. GSK, c’est l’abréviation de GlaxoSmithKline, une multinationale britannique née en 2000 de la fusion entre deux géants, ce qui lui a permis de figurer dans le top 10 de l’industrie pharmaceutique mondiale. GSK emploie plus de 95.490 personnes dans 116 pays, dont la Belgique. C’est même en Brabant wallon que se trouve la division Vaccins de GSK, avec trois grands sites de production et plus de 9000 collaborateurs, un record en Wallonie. C’est le plus vaste réseau industriel de production de vaccins au monde. Il faut savoir que GSK détient 25% du marché mondial de vaccins. GSK n’a pourtant pas proposé de vaccins contre le covid-19 mais il est dans la course puisqu’il forme un duo avec le groupe français Sanofi.

GSK reste dans la course, mais en milieu de peloton

Le trio gagnant de la course aux vaccins est connu, c’est Pfizer-BioNTech, Moderna et AstraZeneca. Le couple Sanofi-GSK aurait bien voulu se mêler au sprint final mais il a subi une crevaison qui l’a renvoyé en queue de peloton. Un couple où les rôles sont bien établis : Sanofi produit le vaccin lui-même alors que GSK fournit l’adjuvant, cette préparation qui dope l’efficacité du vaccin.

La démarche est connue, c’est la même technologie de protéine recombinante que celle employée par Sanofi pour la fabrication de ses vaccins contre la grippe saisonnière, combinée à l’adjuvant à usage pandémique de GSK. Les résultats des tests ont permis d’observer une réponse immunitaire satisfaisante chez les adultes âgés de 18 à 49 ans, mais insuffisante chez les plus âgés, autrement dit le public le plus fragile.

"Le défaut a été identifié, explique Elisabeth Van Damme, du service communication de GSK, la concentration antigénique du vaccin était insuffisante, elle a été adaptée mais nous devons commencer une batterie de tests et cela prendra un certain temps, ce qui reporte la mise sur le marché de notre vaccin à la fin de l’année si tout va bien".


►►► Lire aussi : Sanofi va aider ses concurrents au conditionnement à partir de juillet


GSK n’a pas attendu pour entamer la fabrication d’adjuvants, le site de Wavre a commencé la production le 6 novembre 2020 pour Sanofi mais pas uniquement. "Nous travaillons aussi pour deux autres candidats au vaccin Covid-19, le canadien Medicago et le chinois Clover. Ils utilisent le même principe vaccin-adjuvant que Sanofi. Nous sommes en contact permanent avec ces partenaires et s’il le faut, nous nous adaptons à leurs demandes. "Combien de doses d’adjuvants GSK a-t-il déjà produites et stockées sur son site de Wavre, on ne le saura pas. On a beau parler santé publique, il reste des secrets d’ordre commercial !

GSK va-t-il aider ses concurrents ? Les portes ne sont pas fermées

On l’a compris, dans la lutte contre le Covid-19, GSK et ses adjuvants en sont réduits à attendre que leurs partenaires pharmaceutiques soient prêts pour rejoindre le club très fermé des producteurs de vaccins. Mais le géant britannique implanté sur les hauteurs de Wavre ne pourrait-il pas profiter de ce délai pour proposer ses services à ses concurrents comme vient de le faire Sanofi ? La réponse d’Elisabeth Van Damme est prudente : "Nous explorons toutes les formules pour contribuer à la lutte contre la pandémie, nous sommes prêts à aider d’autres entreprises mais encore faut-il savoir comment être utile. Outre le travail en laboratoire, nous avons à Wavre des lignes de production de matière première mais aussi de remplissage de flacons, il faudrait donc voir comment collaborer et avec qui, car il faut un demandeur. A ma connaissance, rien de concret n’est prévu pour l’instant mais les portes sont ouvertes."

Ce n’est donc pas demain que des flacons de vaccins Pfizer sortiront des usines brabançonnes de GSK pour soulager l’usine américaine de Puurs. Mais dans le monde du Coronavirus, il ne faut jamais jurer de rien, qui aurait cru il y a quelques mois encore que Sanofi viendrait en aide à son concurrent Pfizer-BioNTech ?

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